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Palestine : sauver ce qui reste du processus de paix

Abir Taleb avec agences, Mardi, 08 avril 2014

Le 29 avril prend fin le délai de 9 mois accordé lors de la reprise des négociations israélo-palestiniennes. Washington redouble ses efforts pour tenter de sauver le processus de paix, bloqué suite au revirement israélien et aux menaces de Tel-Aviv.

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Alors que les négociations piétinent sur le terrain, des heurts ont eu lieu entre Palestiniens et militaires israéliens. (Photo : Reuters)

« Nous souhaitons poursuivre les négociations mais pas à n’importe quel prix », c’est ce qu’a déclaré le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, au sujet du tout dernier blocage auquel fait face le processus de paix. Les Israéliens ne sont pas prêts à faire la moindre concession, voire à respecter les engagements déjà pris. Tout simplement, ils ne sont pas prêts à la paix.

C’est d’ailleurs à cause du refus d’Israël de libérer un dernier contingent de prisonniers palestiniens— le 29 mars dernier comme prévu en vertu de l’accord conclu en juillet dernier sous l’égide du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, pour relancer les négociations de paix— que cette nouvelle crise a éclaté, menaçant une fois de plus de faire capoter l’ensemble du processus de paix.

Dans une tentative de contenir cette crise qui tombe à trois semaines de la date butoir du 29 avril accordée aux deux parties, Israéliens et Palestiniens se sont retrouvés à plusieurs reprises cette semaine, sous les auspices de la médiation américaine. Des rencontres réunissant la ministre israélienne de la Justice, Tzipi Livni, chargée des négociations, et le négociateur en chef palestinien, Saëb Erakat, avec l’émissaire américain Martin Indyk, sans résultats tangibles pour le moment.

Tout a commencé lorsque Tel-Aviv a refusé de libérer, le 29 mars comme prévu, un quatrième et dernier contingent de prisonniers, réclamant des garanties sur la prolongation des négociations au-delà du 29 avril. Le président Mahmoud Abbas a réagi en signant le 1er avril les demandes d’adhésion de la Palestine à 15 conventions et traités internationaux, estimant que les nouvelles exigences posées par Israël pour ces libérations le déliaient de son engagement de s’abstenir de toute démarche auprès de la communauté internationale.

Selon l’entente conclue en juillet sous l’égide du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, Israël s’engageait à libérer en quatre phases 104 prisonniers incarcérés avant les accords d’Oslo de 1993. En contrepartie, la direction palestinienne avait consenti à suspendre toute démarche d’adhésion aux organisations internationales jusqu’à la fin des pourparlers.

S’ensuivirent des menaces israéliennes de prendre des « mesures unilatérales en réponse à toutes les mesures unilatérales qu’ils (les Palestiniens) prendront ». Depuis, le ton n’a fait que monter : les Palestiniens « ne parviendront à un Etat que par le biais de négociations directes et non par des déclarations vides et des initiatives unilatérales qui ne font qu’éloigner un peu plus la perspective de la paix », a dit M. Netanyahu, menaçant les Palestiniens de sanctions économiques: suspension de l’autorisation accordée à l’opérateur de téléphonie mobile palestinien Wataniya de développer son réseau dans la bande de Gaza et accroissement des restrictions aux activités des Palestiniens dans les 60% de Cisjordanie occupée et sous unique contrôle israélien.

Suite à la première réunion tripartite qui a eu lieu dimanche dernier, des responsables palestiniens sous couvert de l’anonymat ont déclaré à l’AFP que « la crise continue. Durant toute la réunion, les Israéliens ont menacé les Palestiniens et aucune solution n’a été trouvée à la crise ».

Revirement américain ?

Face à cette nouvelle impasse, les Etats-Unis semblent réfléchir à leur implication dans les négociations de paix directes entre Israéliens et Palestiniens après les initiatives contre-productives prises par les deux parties, a déclaré vendredi dernier John Kerry. S’exprimant lors d’une visite au Maroc, le secrétaire d’Etat américain a jugé que le moment est venu de « regarder la réalité ». Il a souligné que les Etats-Unis ne pouvaient pas indéfiniment rester impliqués dans le processus de paix si Israéliens et Palestiniens eux-mêmes ne souhaitaient pas prendre des mesures constructives.

« Ce n’est pas un effort sans fin, cela n’a jamais été le cas. C’est le moment de regarder la réalité et nous comptons examiner précisément quelles seront les prochaines étapes », a dit John Kerry qui a prévu de rentrer vendredi à Washington pour des consultations au sein de l’Administration Obama. « Il y a une limite au temps et aux efforts que les Etats-Unis peuvent consacrer si les deux parties ne veulent pas, elles-mêmes, prendre des initiatives constructives afin d’être en mesure d’aller de l’avant », a ajouté Kerry.

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