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Peu d’espoir pour une trêve

Maha Salem avec agences, Mardi, 23 octobre 2012

Malgré les efforts du médiateur international pour la conclusion d’un cessez-le-feu à l’occasion de la fête musulmane de l’Aïd Al-Adha en fin de semaine, la probabilité qu’elle se réalise est jugée mince.

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Les Syriens veulent une trêve. (Photo: AP)

Lors d’un entretien à Damas avec le président Bachar Al-Assad, l’émissaire de l’Onu et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi a appelé les belligérants à cesser « unilatéralement » le feu pour la fête musulmane d’Al-Adha célébrée du 26 au 29 octobre. Il a souligné qu’il s’agissait d’une « initiative personnelle », et non d’un plan détaillé de paix, pour arrêter le bain de sang dans lequel ont péri selon une ONG 34000 personnes depuis le début il y a 19 mois du conflit déclenché par la répression brutale d’un mouvement de contestation populaire. Malgré l’approbation des deux côtés, rien ne montre une volonté d’arrêter les combats sur le terrain. Un avis partagé par le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmad bin Hilli, qui a estimé lundi que malheureusement, l’espoir d’instaurer une trêve en Syrie pour la fête est faible jusqu’à présent. « Les signes sur le terrain et la réaction du gouvernement syrien ne témoignent pas d’une volonté réelle de répondre positivement à cette initiative », a affirmé bin Hilli.

Essayant d’exercer une forte pression, L’émissaire onusien a indiqué avoir contacté des dirigeants de l’opposition civile en Syrie et en exil, et les groupes armés à l’intérieur du pays, et il a affirmé qu’il a reçu un accueil très favorable. « Nous retournerons en Syrie après l’Aïd et si le calme s’installe réellement pendant cette fête, nous continuerons à travailler sur un cessez-le-feu durable », a expliqué Lakhdar Brahimi.

Ainsi, l’opposition a affirmé qu’elle accepterait de cesser le feu à condition que le régime arrête le premier. En outre, Brahimi a reçu à Damas des membres de l’opposition tolérée par le régime, dont Hassan Abdel-Azim, porte-parole du Comité de Coordination pour le Changement National et Démocratique (CCCND). Ce dernier a affirmé que le CCCND, qui regroupe des partis nationalistes arabes, kurdes et socialistes, accueillait favorablement la trêve de Brahimi qui pourrait se prolonger pour ouvrir la voie à un processus politique. « La violence a atteint un niveau dangereux qui menace la souveraineté et l’indépendance de ce pays », a ajouté l’opposant, tout en exprimant l’espoir qu’un processus politique conduise ce pays vers un Etat civil et démocratique voulu par les Syriens. « Cette proposition de trêve durant la fête pourrait se prolonger, des aides médicales pourraient être prodiguées (à la population) et des prisonniers libérés », a exprimé Abdel-Azim qui a affirmé que des pays arabes, régionaux et internationaux adhèrent à l’initiative de Brahimi qui pourrait aboutir à des résultats.

D’ailleurs, Assad a répété que toute initiative politique devait se fonder sur l’arrêt du terrorisme avec l’engagement de certains pays impliqués, de cesser d’héberger, de soutenir et d’armer les terroristes en Syrie. « L’arrêt des livraisons d’armes aux rebelles constituait la clé d’un règlement politique du conflit », a déclaré Bachar Al-Assad. Damas qualifie de terroristes opposants et rebelles depuis le début d’une révolte réprimée par ses troupes, et accuse le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie de leur apporter un soutien militaire. Le régime syrien a, à maintes reprises, souligné sa détermination à en finir coûte que coûte avec les rebelles.

La voie à un dialogue

Le médiateur, qui effectuait sa deuxième mission en Syrie depuis sa prise de fonction le 1er septembre, a indiqué qu’il retournerait en Syrie après l’Aïd pour trouver une issue surtout après les déclarations du régime syrien. Ce dernier a affirmé au médiateur international Lakhdar Brahimi que seul un dialogue national sans ingérence étrangère pouvait régler le conflit en Syrie où les violents combats continuent de faucher la vie de dizaines de personnes.

Ces déclarations ont été bien accueillies par la communauté internationale. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a appelé les deux camps à observer une trêve de trois ou quatre jours, qui peut ouvrir la voie à un dialogue entre le régime, l’opposition et les rebelles. Une position partagée par l’Iran, proche du régime syrien, qui a toutefois dénoncé les ingérences étrangères.

Les appels à une cessation des combats se font de plus en plus pressants à mesure que le conflit sort du cadre strictement syrien pour gagner les pays voisins, dont la Turquie. Une précédente trêve, obtenue en avril, n’avait tenue que quelques jours, chaque camp accusant l’autre de l’avoir rompue. Face à cet échec, le médiateur de l’époque, l’ancien secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, avait démissionné de ses fonctions quelques mois plus tard. Après sa nomination, M. Brahimi avait jugé sa mission « difficile », d’autant que la communauté internationale restait divisée entre Occidentaux et Arabes d’un côté et Russes, Chinois et Iraniens de l’autre sur les moyens de régler le conflit. Brahimi a mis en garde contre un débordement du conflit syrien si une issue n’était pas rapidement trouvée.

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