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Libertés : une marge qui ne cesse de diminuer

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 21 janvier 2014

« Pain, liberté, justice sociale ». Des mots qui retentissaient sur la place Tahrir en janvier 2011. Trois ans après la révolution, c’est le même slogan et toujours rien. Etat des lieux.

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(Photo : Reuters)

C’était pour la liberté que des milliers de citoyens étaient sortis manifester, le 25 janvier 2011, contre le régime de Moubarak. Pourtant, aujourd’hui, ceux qui avaient manifesté ce jour-là se sentent visés. Ils sentent que l’un des plus importants acquis de la révolution est en passe d’être détruit. « Nous vivons des moments de répression jamais vus depuis le déclenchement de la révolution du 25 janvier. Les activistes ont perdu le peu de liberté qu’ils avaient acquis. Même le droit de manifester qu’on a arraché en 2011, on nous le reprend, sauf en cas de permission », constate avec amertume Hicham Fouad, membre du mouvement des communistes révolutionnaires.

Le gouvernement intérimaire a, en effet, approuvé en novembre dernier une loi régissant le droit de manifester. La loi stipule que les organisateurs d’une manifestation doivent alerter le ministère de l’Intérieur 24 heures à l’avance en déterminant le motif, le lieu, l’itinéraire, la date et la durée du regroupement. Le ministère de l’Intérieur peut refuser l’organisation d’une manifestation s’il y voit une atteinte à l’ordre public.

Mohamad Zare, membre de l’Organisation égyptienne des droits de l’homme, estime que « cette loi, qui est censée organiser les manifestations, resserre l’étau autour de l’ensemble de l’opposition. Après avoir exclu les Frères musulmans de la scène politique, les révolutionnaires sont à leur tour privés du droit à manifester ».

Cette loi est aussi critiquée par Amnesty International qui, dans un rapport publié le 25 novembre dernier, indique qu’elle « impose de vastes restrictions aux manifestations et constitue un sérieux revers qui menace gravement la liberté de réunion et donne carte blanche aux forces de sécurité, pour faire usage d’une force excessive, y compris létale, contre les manifestants ».

Les activistes sont emprisonnés

Par ailleurs, les activistes sont visés par une large campagne d’arrestation. Quelques mois après l’investiture de Morsi, une campagne d’arrestation avait visé les activistes critiquant ses politiques. Mais cette répression n’a pas pris fin avec la destitution de Morsi. « Que des activistes comme Alaa Abdel-Fattah et Ahmad Maher, figures de proue de la révolution du 25 janvier, soient derrière les barreaux, montre que toutes les voix s’opposant à une gouvernance militaire sont menacées du même sort », s’exclame Hicham Fouad, membre du mouvement des communistes révolutionnaires.

Trois des plus célèbres militants de la révolution ont été condamnés à trois ans de prison, pour avoir participé à une manifestation sans permission. Depuis le 30 juin, les médias publics et privés suivent une seule ligne : pro-régime et pro-Sissi, marquant ainsi un retour au statut des médias sous Moubarak.

Sur le petit écran, on assiste à une campagne farouche contre tous les opposants au régime actuel, qu’ils soient partisans ou non des Frères musulmans. Une large campagne a aussi précédé le référendum sur la nouvelle Constitution appelant ouvertement les Egyptiens à voter « Oui », pour soi-disant terminer avec les Frères musulmans.

Conscient de cet état de choses, et craignant la colère des jeunes à l’approche de l’anniversaire de la révolution, surtout après le faible taux de participa­tion des jeunes au référendum, le gouvernement a invité un groupe de jeunes, dimanche, à une réunion pour discuter de leurs problèmes et leurs demandes. Cependant, seuls les mouvements pro-gouverne­mentaux, comme les jeunes de Tamarrod, les jeunes du Wafd ou encore ceux du Parti des Egyptiens libres ont assisté, tandis que le mouvement du 6 Avril ou encore les socialistes révolutionnaires ont refusé cette invitation. Cherchant à apaiser les craintes des jeunes, le gouvernement a promis de répondre à leurs attentes. Faut-il le croire ?

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