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Et après la Constitution ?

Lundi, 16 décembre 2013

Le comité des 50 chargé de l’amendement de la Constitution a terminé son dur labeur pour enta­mer une nouvelle ère sur la voie de l’instauration d’un avenir meilleur. Il se peut que je ne sois pas tout à fait d’accord avec les amendements ou l’annulation de certains textes essentiels pour satisfaire certains courants. Cependant, je suis parfai­tement consciente que l’évaluation de la Constitution ou de tout autre document ne peut se faire que dans le cadre de plusieurs facteurs : les aspects positifs et négatifs, la conjoncture et les capacités dispo­nibles tout en considérant qu’il est impossible de satisfaire tous les courants et tendances politiques. L’essentiel est que l’Egypte jouisse d’une Constitution qui comprenne le plus grand nombre de principes essentiels qui s’accordent avec les objectifs nationaux pour lesquels se sont déclenchées les révolutions dans cette phase critique de notre histoire.

La différence de moyens est tout à fait acceptable. Mais il s’agit tout d’abord de déterminer les objectifs, d’assimiler les alternatives et de réaliser parfaitement qu’il existe une contre-mobilisation et que les opposants peuvent utiliser des pro­cédés légitimes et illégitimes pour ramener l’Egypte en arrière en exploitant la pauvreté, l’ignorance et l’analphabétisme politique. La prudence est indispensable surtout que certains partisans ont eux aussi leurs propres agendas. Ceux-ci comme ceux-là représentent un grand danger pour l’Egypte. Le projet de Constitution comprend de nombreux points positifs et de nou­veaux textes requis. A titre d’exemple : l’équilibre entre les pouvoirs, le respect de la dignité humaine, le principe de la liberté de conviction, le respect des droits de la femme et du taux de représenta­tion aux conseils locaux, la crimi­nalisation de la torture, la préserva­tion de l’identité égyptienne, la demande de comptes au président de la République et la limitation de ses pré­rogatives, la détermi­nation des cas de jugement des civils devant les tribunaux militaires, la protec­tion du Nil, la création d’un haut commissa­riat pour la prohibi­tion de la discrimina­tion et autres.

La Constitution est la principale source de législation. Ses textes posent les principes élémentaires puis vient la loi pour déterminer les objectifs, les mécanismes d’appli­cation, etc. Le projet de Constitution actuel soumet au législateur de nombreuses questions fondamen­tales. Il devient ainsi la principale source de législation, donnant au législateur la responsabilité de tra­duire ses principes en lois appli­cables. L’essentiel donc est d’émettre ces lois.

Tout texte constitutionnel ou légal demeure lettre morte jusqu’à sa traduction en réalités à travers l’application équitable et l’exécu­tion précise pour un organisme administratif jouissant d’un haut niveau de compétence et de culture s’accordant avec les objectifs des textes. C’est pourquoi il est indis­pensable d’accorder une impor­tance primordiale à ce sujet.

Il est désormais indispensable d’aller de l’avant. Nous nous sommes trop longtemps préoccu­pés de la Constitution alors que d’autres se préparent déjà aux élections. La discussion du projet de Constitution a soulevé en moi de nombreuses exclamations. Tout d’abord, j’ai été fort étonnée que certains membres de l’élite intel­lectuelle d’Egypte lancent une attaque acharnée contre la Constitution n’y voyant que les aspects négatifs et ignorant totalement les aspects positifs. Certains étaient membres de l’assem­blée constituante. Ils avaient l’occasion de présenter leurs points de vue, dont certains sont tout à fait logiques. Si la majorité de l’assemblée n’a pas approuvé ces points de vue, ils se devaient d’accepter la décision de la majorité et de ne pas attaquer le projet de Constitution dans les médias pour ne pas accroître la confusion du public et servir les objectifs contraires.

Ensuite la polémique soulevée autour du caractère civil de l’Etat est basée sur l’ignorance de la signification même du terme ou sur le refus de sa teneur. Le terme civil porte trois significations : linguistiquement, le terme signifie poli, bien élevé c’est ainsi qu’on dit qu’un peuple est civilisé. Politiquement, le terme signifie un régime où le peuple est la source des pouvoirs, où la Constitution est la principale référence du pou­voir basé sur les principes humains et constitutionnels auxquels sont parvenues la pensée et les sciences au fil des années comme l’égalité, la citoyenneté, le respect de la dignité de l’homme et la justice sociale. C’est ainsi que l’Etat civil est le contraire de l’Etat militaire ou de l’Etat religieux. La troi­sième signification que certains diffusent est tout à fait erronée. En effet, certains hommes de religion et partisans du caractère militaire ont prétendu que l’Etat civil signi­fiait l’Etat hostile aux religieux afin de préserver leurs pouvoirs et leurs prérogatives. Ceux qui refu­sent l’Etat civil doivent en expli­quer la raison. Préfèrent-ils un Etat militaire ou bien un Etat reli­gieux ?

A la lumière de ces considéra­tions et malgré quelques opposi­tions, je pense qu’il est préférable d’accepter le projet de Constitution. J’invite tous les citoyens patrio­tiques à accepter la Constitution afin de pouvoir aller de l’avant et de poursuivre la voie du développe­ment. En effet, la voie est encore longue et nous devons poursuivre la construction de l’Etat et la promul­gation des lois requises par la Constitution après l’organisation de l’élection présidentielle puis des élections législatives à l’ombre d’une présidentielle non transitoire et d’un gouvernement stable. Les questions qui s’imposent donc sont les suivantes : Quelles sont les lois qu’il faut promulguer ? Quelles sont les priorités auxquelles il faut accorder le plus grand intérêt ? Comment s’épauler tous pour obte­nir un Conseil de députés digne de ce pays, de son histoire et de son avenir ? .

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