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Le Mali se reconstruit petit à petit

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 26 novembre 2013

Malgré les craintes de violence, les élections législatives au Mali se sont tenues cette semaine dans le calme.

Le Mali se reconstruit petit à petit
Faible participation aux législatives.

3 mois après la présidentielle, le Mali a organisé, dimanche 22 novembre, le premier tour des élec­tions législatives. Quelque 6,5 millions d’électeurs étaient appelés à voter pour ces législatives censées parachever le retour à l’ordre constitutionnel, inter­rompu par le coup d’Etat de mars 2012. Ce coup avait précipité la chute du nord aux mains de groupes armés liés à Al-Qaëda.

Cette fois-ci, le défi était dans l’or­ganisation même du scrutin, notam­ment dans les grandes villes du nord. Dans les trois régions et grandes villes du nord : Gao, Tombouctou et Kidal, « des mesures de sécurité néces­saires » ont été prises pour « éviter toute surprise », selon le ministère malien de la Sécurité. Dans la région de Kidal, à l’extrême nord-est du Mali, fief des Touaregs et de leur rébellion où deux journalistes français ont été tués le 2 novembre, « dans certains bureaux de vote, il y a même plus d’agents électoraux que d’électeurs », selon Oumar Touré, responsable local de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Pourtant, les mesures sécuritaires n’ont pas empêché certains incidents provoqués par des indépendantistes touaregs. A Talataye, à l’est de Gao, la plus grande ville du nord du Mali, des habitants, indépendantistes touaregs, ont manifesté et saisi le matériel élec­toral pour empêcher le déroulement du vote, ce qu’ils ont réussi à faire.

Des incidents, également provoqués par des indépendantistes touaregs, ont aussi eu lieu à Kidal (nord-est) où des vitres de voitures ont été brisées, les éclats ont blessé une femme, selon une source militaire ouest-africaine dans la ville. Près de Goundam, au sud de Tombouctou, des hommes armés non identifiés ont dérobé une urne utilisée dans un bureau de vote. Par ailleurs, les élections se sont déroulées dans le calme, mais sans susciter la même ferveur que la présidentielle de juillet-août, où il avait tourné autour de 50 %.

« La nature des élections présiden­tielles et législatives est différente », a estimé dimanche à Bamako Louis Michel, chef des observateurs de l’Union européenne. « Quel que soit le taux de participation, on ne peut pas utiliser cet argument pour disqualifier ces élections », a-t-il ajouté.

Des journalistes de l’AFP ont constaté une faible affluence tout au long de la journée à Bamako et des témoins contactés dans le nord, où sévissent les djihadistes, ont confirmé cette tendance. « Il n’y a pas de monde, les candidats n’ont pas mobi­lisé », a noté Oumou Sawadogo, élec­trice d’un bureau installé dans un lycée de la capitale.

En allant déposer son bulletin dans l’urne à Bamako, le chef d’Etat a fait part de sa « joie » de pouvoir voter et a estimé que ces législatives prou­vaient que « le Mali est debout et avance ».

En fait et selon des analystes, le déroulement des législatifs dans le calme présente une réussite pour le gouvernement comme pour la France qui a pris l’initiative d’une interven­tion armée internationale en janvier 2013 pour traquer les groupes extré­mistes liés à Al-Qaëda et qui domi­naient le nord du pays. En revanche, et loin des législatifs, ces groupes conti­nuent d’y mener attaques et attentats. Depuis fin septembre, ils ont tué une dizaine de soldats maliens et tchadiens ainsi que des civils.

Vendredi à Bamako, un gendarme français a été légèrement blessé par un tireur embusqué aux motivations encore floues, première action de ce type dans la capitale malienne depuis le début de l’intervention française. La veille, des roquettes, tirées par des islamistes, étaient tombées dans la périphérie de Gao, sans faire de vic­time.

En outre, la présidentielle avait été largement remportée au second tour, le 11 août, par Ibrahim Boubacar Keïta face à Soumaïla Cissé, qui avait recon­nu sa défaite avant même les résultats officiels. L’objectif du parti présiden­tiel, le Rassemblement pour le Mali, est de donner au chef d’Etat une majo­rité confortable parmi les 147 députés de l’Assemblée nationale, mais il sera sans doute obligé de nouer des alliances.

Soumaïla Cissé, originaire de la région de Tombouctou, où il est le candidat de son parti, l’Union pour la République et la démocratie, ambi­tionne de devenir le chef de l’opposi­tion parlementaire. Mais le scrutin, qui n’a visiblement que peu mobilisé les électeurs maliens, pourra se contredire avec les ambitions de tout le monde.

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