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RDC: dangereuse escalade dans l’est

Abir Taleb, Mardi, 29 octobre 2013

L'armée congolaise mène une large offensive contre les rebelles du M23 dans l'est de la RDC. Elle semble, depuis quelques jours, avoir pris l'avantage.

Rwanda
Les affrontements ont déjà provoqué la fuite de milliers de réfugiés, dont quelque 3 000 vers le Rwanda. (Photo: Reuters)

C’est avec l’appui de la Mission de l’Onu (Monusco) que les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont lancé, il y a quelques jours, une offensive militaire d’envergure contre les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23). Vendredi de violents combats, les plus vifs depuis fin août, avaient éclaté dans la région de Kibumba, à environ 25 km de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. Kibumba, postée sur un plateau à près de 1 800 m d’altitude, verrouille la zone contrôlée par la rébellion M23 plus au nord. Depuis, les FARDC ont affirmé avoir pris la localité de Rubar, à une dizaine de kilomètres de Rutshuru, chef-lieu du territoire du même nom, situé à 80 km au nord de Goma. Les FARDC ont aussi pris le contrôle de Kiwanja, une localité proche, où la Monusco dispose d’une importante base et où le M23 s’est livré à de nombreux pillages. Lors de cette opération, un casque bleu tanzanien a été tué.

Avec ces nouveaux combats, le processus de paix engagé entre le gouvernement de Kinshasa et les rebelles, déjà en difficulté, subit un coup dur. Le 10 septembre, après plusieurs mois d’arrêts, des pour­parlers de paix avaient repris à Kampala entre le gouvernement congolais et le M23, mais ils ont été suspendus dans la nuit du 20 au 21 octobre.

Climat de suspicion

La suspension de ces négociations avait fait craindre un nouvel embrasement au Nord-Kivu, riche province agricole et minière déchirée par la guerre depuis une vingtaine d’années. Le porte-parole de la branche politique du M23, Amani Kabasha, a accusé le gouvernement de Kinshasa de se livrer à un « véritable sabotage du processus de paix ». Dans un message à l’AFP, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a rétorqué : « Tout le monde sait qui sabote ces pourparlers [...] c’est le M23 au service d’un pays étranger qui compte sur la déstabilisation de la RDC pour faire main basse sur ses ressources ».

Dans un tel climat de suspicion, auquel viennent s’ajouter des affrontements sur le terrain, on ima­gine mal comment les pourparlers de paix pour­raient reprendre. En effet, suite au lancement de l’offensive de l’armée congolaise, la rébellion M23 a menacé dimanche de se retirer complètement des pourparlers de paix de Kampala. « Si la médiation du dialogue n’obtenait pas la cessation immédiate des hostilités en faveur de la reprise des pourpar­lers de Kampala, notre mouvement se verrait dans l’obligation de retirer ses délégués de Kampala et (d’)organiser une contre-offensive de grande enver­gure contre toutes les positions ennemies », écrit dans un communiqué Amani Kabasha, chef de la communication du M23. « Notre mouvement met en garde les forces gouvernementales et leurs alliés qu’il ne toléra pas une nouvelle entreprise militaire de leur part sur les positions détenues par nos sol­dats sur quelque endroit que ce soit », a-t-il insisté.

Risque de régionalisation

Si pour le moment, l’armée congolaise semble prendre le dessus, tout n’est pas encore joué. D’autant que le M23 n’est pas seul sur le terrain. Du moins, selon Kinshasa, qui depuis que le M23 est devenu actif au Nord-Kivu, en mai 2012, accuse régulièrement le Rwanda et l’Ougan­da — malgré leurs démentis — de soutenir ces rebelles. Des accusations également lancées par l’Onu.

Comme chaque fois, le risque d’une régionalisa­tion du conflit plane à nouveau. Durant les com­bats, 3 obus sont tombés au Rwanda, selon l’armée rwandaise, un officier de la Monusco ayant évoqué plus tôt la chute d’engins explosifs. Accusant les FARDC de « viser des civils », Kigali a menacé d’intervenir directement sur le sol congolais, comme l’armée rwandaise l’avait fait en août après des incidents similaires.

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