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Le second passage d'obstacle

Mohamed Al-Said Idriss , Mardi, 15 octobre 2013

le second

La route vers la fondation d’un Etat moderne commence par la rédaction d’une nouvelle Constitution qui doit inclure les plus importants piliers et objectifs de cet Etat et les moyens de les construire. Et dans le cas de l’Egypte, nous avons besoin de nous inspirer de l’esprit du 6 Octobre pour accomplir cette mission de la rédaction de la nouvelle Constitution. Nous avons également besoin d’assimiler des conditions importantes. Premièrement, pour que la Constitution soit rédigée selon les ambitions du peuple, elle doit être fondée sur les principes des deux révolutions : Pain, liberté et égalité sociale ; indépendance et souveraineté nationale. Ensuite, il faut comprendre que le combat de la fondation de l’Etat ne sera pas moins difficile que celui du 6 Octobre 1973. Un combat qui doit se baser sur l’union du peuple et de l’armée, et sur la volonté de construire l’Etat comme la volonté de dépasser le 6 Octobre.

Nous pouvons ajouter une autre condition, qui est de garantir un arrière-plan arabe chargé de soutenir le combat de la construction de l’Egypte forte et capable de devenir l’Etat de la liberté et de l’honneur. Tout en restant conscient de la nécessité de garantir les capacités militaires et économiques aptes à protéger l’Etat qui est, sans aucun doute, exposé au danger. Il faut se rappeler que la défaite de 1967 n’avait pas seulement pour cause une faiblesse militaire, elle était surtout un complot américano-israélien visant à empêcher l’Egypte de devenir un Etat indépendant capable de guider les Arabes et de défier l’Etat sioniste. La preuve est l’expérience de la première renaissance entreprise par Mohamad Ali, pendant le XVIIIe siècle, et celle de la seconde renaissance dirigée par Nasser.

Donc, pour réaliser le second passage, le peuple doit maîtriser la décision du combat, dont l’une des parties principales serait l’armée, comme dans le cas du combat militaire. Tout ceci doit être inclus dans la nouvelle Constitution, mais différemment de ce qui a été mentionné dans l’ébauche du comité des 10 et qui a déçu les ambitions des Egyptiens en particulier, en ce qui concerne le chapitre des libertés et les articles relatifs aux appareils de contrôle.

Dans la rédaction de la Constitution, les droits du peuple doivent avoir le dessus. A savoir, les droits sociaux et économiques, en particulier le droit au remède et à l’enseignement gratuit, le droit au travail et au logement décent, en plus d’une égalité sociale réelle.

Dans la Constitution, le peuple doit obtenir le droit d’isoler le dirigeant en cas de nécessité à travers des mécanismes garantis, sans tomber dans le piège de la soumission à la démocratie de ceux qui possèdent le plus d’argent. L’expérience des deux révolutions égyptiennes donne au peuple ce droit.

De plus, la construction d’un nouvel Etat nécessite la fondation des appareils de sécurité réels et effectifs qui contrôlent le bien public et ne sont pas soumis à la volonté d’un dirigeant ou du Parlement. Le premier pas sur cette voie est d’améliorer la compétence de l’appareil central et de lui donner le droit d’arrestation sans aucune hégémonie ni de la présidence, ni du Parlement.

En plus, l’identité du système économique égyptien a besoin d’être déterminée, car le système capitaliste n’est plus capable de construire des Etats forts insoumis à la volonté étrangère. L’économie mixte peut être une solution à condition que le secteur public guide lui-même le développement. Il est également impératif de trancher la question de la relation entre l’armée et la politique, et la sauvegarde de l’indépendance de l’armée loin de l’hégémonie de tout parti tout en assurant le droit du peuple à contrôler l’armée. Et aussi, le Parlement doit avoir le droit de contrôler et de réclamer des comptes, de même que le droit d’être une partie prenante à la décision de déclarer la guerre.

L’Etat a besoin de fonder une nouvelle institution nationale chargée de formuler les grandes stratégies de l’Etat, les visions et les politiques dans tous les domaines par l’intermédiaire d’un conseil de sécurité national formé de 3 sous-conseils : le Haut conseil de la défense et de la sécurité, le Haut conseil de la politique étrangère et le Haut conseil de l’économie et du développement social durable. Malheureusement, ce genre de conseils est encore absent des institutions de l’Etat qui fonctionnent sans esprit capable de définir des visions, des politiques et des stratégies dans les divers domaines.

Et enfin, il est nécessaire de garantir que la Constitution ne soit pas victime de l’oubli des grandes causes stratégiques. Des causes qui constituent les piliers de la construction d’un Etat fort capable de réaliser la liberté et la dignité auxquelles aspirent les Egyptiens, sans craindre de revenir en arrière pour retomber dans le despotisme, la corruption et la soumission. Il faut octroyer à l’Etat les outils lui permettant de se défendre et de défendre ses réalisations contre toutes menaces de l’intérieur ou de l’extérieur, afin de réussir ce passage d’obstacle.

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