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« Il faut se concentrer uniquement sur les questions économiques »

Sabah Sabet, Dimanche, 13 octobre 2013

Jacques Mukwende, directeur des partenariats arabo-africains à l’Union africaine et Hamad Soliman, directeur de la section Afrique à la Ligue arabe, souhaitent concentrer les échanges arabo-africains sur l’économie et le développement. Le but est d’éviter les sujets politiques qui mènent toujours à de nombreuses divergences entre les deux régions.

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(Photo: Reuters)

Al-Ahram Hebdo : Quel est l’objectif de votre visite au Caire ? Et quels ont été les sujets abordés lors des réunions tenues cette semaine à la Ligue arabe ?

Jacques Mukwende : Il s’agissait de préparer le sommet arabo-africain qui sera tenu au Koweït en novembre prochain. Les réunions arabo-africaines avaient pour objectif de préparer le document de travail, les projets de résolution et de déclaration, ainsi que l’adoption de certains rapports qui seront discutés lors du sommet.

Hamad Soliman : Il faut préciser que les préparatifs du sommet ont commencé il y a un an et demi entre Le Caire, Addis-Abeba, Koweït City et New York. La réunion au Koweït le 14 novembre n’est que le début d’une série de réunions qui précéderont le sommet les 19 et 20 novembre.

— Justement, quels seront les principaux sujets qui seront abordés lors du sommet au Koweït ? Ce sommet sera-t-il véritablement différent des précédents ?

Mukwende : L’investissement sera le thème principal de ce sommet. Les mécanismes et les moyens pour aboutir à un vrai investissement arabo-africain seront certainement discutés. Ce qu’il y a de nouveau, c’est qu’on va se concentrer uniquement sur les sujets économiques. Ce sont là les véritables problèmes de la plupart des Etats africains et arabes. Quant aux questions politiques, elles sont à l’origine de divergences, elles ne seront pas abordées.

Soliman : On cherche à mettre d’accord tout le monde sur un mécanisme de travail commun dans les domaines du commerce, de l’agriculture et de l’élevage notamment. Les projets d’infrastructures et de routes sont deux facteurs essentiels nécessaires à tout développement. Cette année il y aura une intervention du secteur privé, ce qui représente un pas positif pour accroître les projets d’investissement.

— Pourquoi la coopération arabo-africaine, notamment économique, est-elle en deçà des espérances depuis des décennies ?

Mukwende : La coopération arabo-africaine ne se limite pas aux questions économiques. Les Africains et les Arabes ont la même vision à propos de plusieurs sujets comme la question de Palestine ou de la crise économique mondiale. Le début du partenariat arabo-africain a commencé en 1977 avec la première réunion, mais la relation arabo-africaine est beaucoup plus ancienne. Les pays arabes ont soutenu l’Afrique dans sa lutte contre la colonisation.

Quant à la coopération économique, c’est vrai que les échanges commerciaux entre les deux régions ne sont pas très importants si on les compare par exemple avec la Chine. Mais on cherche à développer ces échanges. Les projets économiques communs sont en progression ces dernières années. Il existe désormais des rencontres réunissant vendeurs, acheteurs et investisseurs : le prochain événement sera tenu à Casablanca en avril 2014. Par ailleurs, la Banque arabo-africaine du développement (BADA) finance des projets d’infrastructure et d’investissement direct. Enfin, le Fonds koweïtien pour le développement joue un rôle important dans le financement des projets de partenariats. Toutes ces actions visent à encourager le commerce entre ces deux régions.

Entretienafriue

— Quels sont les obstacles à un développement de la coopération ?

Mukwende : Les obstacles sont à la fois exogènes et endogènes. Nous affrontons des changements climatiques, des inondations, des sécheresses ... Nous sentons tous aussi les effets de la crise financière. Quant aux obstacles endogènes, on le sent bien au sein de notre partenariat : il existe des conflits entre les pays.

C’est pour cela que les questions de politique ne seront pas abordées ?

Soliman : Dans les sommets précédents, on a discuté des questions politiques. Mais ces sujets suscitent des divergences et l’on n’arrive pas à trouver de solutions qui conviennent à tout le monde. Par contre, l’économie, le développement et l’investissement sont des sujets qui rassemblent. Le sommet au Koweït sera le début d’une coopération arabo-africaine.

— Comment percevez-vous l’avenir de ce partenariat ?

Mukwende : Nous avons besoin d’insister sur 3 points pour avoir de bons résultats : posséder une vision, travailler ensemble et travailler dur. J’ai de l’espoir dans l’avenir car les dirigeants des régions arabes et africaines oeuvrent pour un véritable développement qui s’accroît année après année.

— Quels sont les événements qui seront organisés en marge de ce partenariat ?

Soliman : A l’issue du sommet, il y a aura des activités culturelles et artistiques. Des expositions seront organisées, des soirées culturelles présenteront des groupes folkloriques de différents pays ... Et plus 300 journalistes couvriront le sommet.

— Qu’en est-il des relations entre l’Egypte et l’Union africaine, après le coup de froid qu’elles ont connu ?

Mukwende : Mon domaine est technique et je ne peux pas répondre à cette question.

— Et à propos de la crise du bassin du Nil ...

Mukwende : Les médias ont exagéré leur traitement du sujet. Personne n’a demandé l’intervention de l’Union africaine, mais celle-ci est prête à aider si on le lui demande. Le Nil est un don du ciel et il n’appartient à personne.

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