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Edito : La Constitution et l’identité de l’Egypte

Al-Ahram Hebdo, Mardi, 08 octobre 2013

Le comité des 50 chargé d’amender la Constitution de 2012, adoptée sous le régime des Frères musulmans, s’achemine vers la rédaction d’une nouvelle loi fondamentale, débarrassée de toutes les références religieuses introduites par les islamistes qui dominaient l’ancien Parlement et élargissant la sphère des libertés fondamentales.

Ce constat confirme la dimension fondamentale qui agite les débats sur la Constitution entre les libéraux, qui dominent largement le comité des 50, et les islamistes, en forte minorité dans cette même instance, représentés par le seul parti salafiste ultraconservateur Al-Nour, après le refus du Parti Liberté et justice, bras politique de la confrérie, de participer à ses travaux, en protestation à la destitution de l’ex-président Mohamad Morsi.

L’essence du débat qui sous-tend les travaux du comité et qui conduit à la rédaction d’un nouveau texte tourne autour de l’identité de l’Etat et de son rôle dans la société. S’agit-il d’un Etat à forte composante religieuse, que certains appellent clairement religieux, dont les dirigeants imposeraient leur vision sur les rapports entre islam et citoyens ? Ou d’un Etat civil qui observerait une plus grande neutralité dans la vie religieuse des Egyptiens ?

Ce sont deux visions qui s’affrontent sur l’identité de l’Egypte : un courant religieux, Frères musulmans et salafistes (qui ne sont toutefois pas constamment sur la même longueur d’onde), qui avance que l’islam est une religion à même de gérer l’ensemble des activités de la société et que le rôle de l’Etat est d’intervenir pour veiller au respect d’un certain code moral ; et un courant séculier qui estime dépasser la volonté d’appliquer un mode de gouvernement que les premiers musulmans mettaient en oeuvre dans la péninsule arabique il y a 14 siècles et qui affirme que l’Etat en Egypte doit être en phase avec le progrès humain dans les divers domaines, dont le mode de gouvernement. Ce même courant juge inacceptable l’usage de la religion en politique, car il désavantage les partis libéraux, dans une société profondément religieuse et où 30 % sont analphabètes, tirant l’essentiel de leur culture des mosquées. Le produit final de ce débat, qui prend parfois l’allure de disputes insolubles entre libéraux et salafistes, déterminera finalement le visage politique, économique et social futur de l’Egypte.

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