Vendredi, 29 mars 2024
Al-Ahram Hebdo > Monde >

Washington entend renforcer son influence en Afrique

Sabah Sabet , (avec Agences) , Jeudi, 23 mars 2023

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, était cette semaine en tournée africaine. La vice-présidente américaine, Kamala Harris, se rendra également en Afrique à la fin du mois.

Washington entend renforcer son influence en Afrique

Quelques mois à peine après sa visite en République Démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda, en août 2022, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a effectué une nouvelle tournée africaine, du 15 au 17 mars, cette fois en Ethiopie et au Niger. Des déplacements visant à nouer les relations avec le continent à un moment où les grandes puissances renforcent leur engagement en Afrique, ce dernier prenant de plus en plus un rôle considérable dans l’équation d’une nouvelle guerre froide mondiale.

En Ethiopie, le haut responsable est venu aider à consolider le fragile accord de paix entre les autorités éthiopiennes et les rebelles tigréens, ainsi que renforcer des liens distendus entre les Etats-Unis et l’Ethiopie par deux ans de brutal conflit au Tigré. Dans ce cadre, le secrétaire d’Etat américain, qui a rencontré le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a annoncé une aide humanitaire de 331 millions de dollars à l’Ethiopie. « Ces fonds vont fournir un soutien vital à ceux touchés et déplacés par le conflit, la sécheresse et l’insécurité alimentaire en Ethiopie », a indiqué Blinken. Ce dernier est le plus haut responsable américain à visiter le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique depuis novembre 2020, date du début de la guerre entre le gouvernement fédéral et les autorités rebelles tigréennes. Abiy Ahmed est, depuis le conflit au Tigré, passé aux yeux de Washington de symbole d’une nouvelle génération de dirigeants africains modernes à quasi paria.

Pour ce qui est de son escale au Niger, il s’agissait de la première d’un secrétaire d’Etat américain. Blinken a participé avec le président nigérien à des discussions sur la coopération sécuritaire dans la région du Sahel, tout en proposant une nouvelle aide au pays en proie à l’insécurité. « L’attention que nous portons, que le Niger porte, que d’autres pays portent à l’insécurité ici est parce qu’elle peut se propager bien au-delà de la région », a-t-il expliqué. Depuis quelques années, Niamey est un allié stratégique de Washington au Sahel, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Les Etats-Unis disposent d’ailleurs d’une base de drone à Agadez, dans le nord du pays, en plus des forces spéciales américaines qui assurent la formation de plusieurs unités d’élites des Forces Armées Nigériennes (FAN) dans la lutte contre les groupes armés terroristes, surtout dans la zone des trois frontières.

Contrer Wagner et Moscou

Aussi, Blinken n’a pas manqué de critiquer le rôle de la Russie, notamment de Wagner, en Afrique. « Là où Wagner a été présent, de mauvaises choses ont inévitablement suivi. Il n’est pas prouvé qu’il y ait une réponse efficace à l’insécurité et, en même temps, nous avons vu des pays s’affaiblir, s’appauvrir, devenir plus incertains et moins indépendants à la suite d’une association avec Wagner », a indiqué Blinken. En effet, Washington ne veut pas voir se reproduire chez son allié nigérien le scénario du Mali et du Burkina Faso, deux pays qui se sont rapprochés de la Russie notamment après le départ des Français et où Wagner est fortement présent.

Après Blinken, la vice-présidente américaine, Kamala Harris, entamera une tournée en Afrique à la fin du mois, comprenant le Ghana, la Tanzanie et la Zambie, a annoncé la Maison Blanche. Mme Harris doit rencontrer les présidents des trois pays pour notamment « discuter des priorités régionales et mondiales, surtout l’engagement partagé en faveur de la démocratie, d’une croissance inclusive et durable, de la sécurité alimentaire » et de la guerre en Ukraine. « Le voyage renforcera les partenariats des Etats-Unis dans toute l’Afrique et fera progresser nos efforts communs en matière de sécurité et de prospérité économique », a déclaré Kirsten Allen, porte-parole de la vice-présidente américaine.

Autant de déplacements qui interviennent alors trois mois après la tenue d’un sommet entre les Etats-Unis et les dirigeants du continent africain, sur fond d’efforts du président Joe Biden pour contrer les influences croissantes des grandes puissances sur le continent.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique