
Les mésaventures d’un couple, avec Hind Sabri et Magued Al-Kidwani.
Rien ne laissait prévoir que la comédie Fadl wa Neama de Rami Imam, avec Hind Sabri et Magued Al-Kidwani, allait marquer des recettes de 17 millions de L.E. à sa projection au Caire. Celle-ci a duré plusieurs mois, pour clôturer l’année 2022 en dessinant des sourires sur les lèvres. Cet aboutissement heureux était tout à fait inattendu.
L’histoire est bien simple. Neama — campée par Hind Sabri — est cuistot talentueuse qui possède avec son mari, Fadl — interprété par Magued Al-Kidwani — homme sage et perfectionniste, un restaurant ambulant. Ceci n’est pas sans déplaire à leur fille Laila, plongée dans le monde virtuel des réseaux sociaux, et à leur fils Ali, assez embarrassé par la situation, notamment devant ses amis à l’école.
Un jour, le couple décide de participer à un concours de cuisine mais, comme le hasard ne fait pas toujours bien les choses, une série d’aventures commence, et ils se retrouvent pourchassés par un gang ! Ils essaient de tenir le coup devant les vilains, en espérant rendre leurs enfants fiers d’eux.
Une petite histoire donc, qui aurait pu être riche sur le plan dramatique, mais qui s’avère malheureusement sans saveur. Dès les premières scènes, on se rend compte que ce n’est pas la comédie tant annoncée, avec un Magued Al-Kidwani qui est normalement un comédien qui sait faire rire, sans chercher à pousser les gens au rire. Dans ses films précédents, il s’est montré capable de faire rire les spectateurs tout en gardant le pouvoir dramatique de les faire pleurer. On dit que les bons chevaliers achoppent parfois, mais les recettes viennent révéler tout le contraire. Le film dans son ensemble a plu aux spectateurs, malgré un déjà-vu assez piquant.
La trame signée par le scénariste Ayman Wattar tourne en rond, pour devenir un simple enchaînement de facéties et d’effets verbaux qui cherchent à faire glousser les gens en salle. Bref, une série excessive de gags visant à masquer les profondes déficiences du scénario.
Du burlesque ou presque
Les personnages sont caricaturaux et les dialogues assez pesants. Il y est souvent question de séquences drôles sans enchaînement et de clichés, qui se doublent sans véritable utilité dramatique. Tout au long de ses 105 minutes, le film condense de la facétie banale, du suspense feint et des aventures les unes plus ridicules et plus plates que les autres. On a du mal à saisir où l’oeuvre veut nous emmener avec cette histoire sans intérêt et débordante de clichés. Cependant, certains ont trouvé l’oeuvre amusante, de quoi mériter une réflexion sociologique !
Le réalisateur Rami Imam, qui s’est fait une place dans le monde des fictions comiques à succès, est tombé dans le piège de la lenteur et du bavardage visuel. Il n’a pas pu maintenir la cadence nécessaire pour une bonne comédie. Pourtant, on s’attendait à une oeuvre plus intense et plus plaisante par un réalisateur doué.

Alors que les acteurs principaux ont déjà fait mille fois leurs preuves, on a le sentiment qu’il leur manque un bon script et une meilleure guidance pour présenter quelque chose à la hauteur de leur talent. Le tandem Hind Sabri et Magued Al- Kidwani s’annonçait certes fort prometteur, et on avait raison de l’attendre. Toutefois, Al-Kidwani sous-joue, comme s’il ne croyait absolument pas à ce qu’il faisait, tout en gardant les ingrédients de ses anciens films. Et Hind Sabri, contrairement à lui, est allée jusqu’à sur-jouer, dans le but d’arracher les rires du public. Rien d’insupportable n’en soit, mais — au total —, on s’attendait à mieux. Ils restent les grands perdants de cette aventure comique déroutée, puisqu’ils n’ont même pas réussi à garder leur charisme habituel, notamment aux yeux des critiques. Fort heureusement, un petit groupe d’acteurs de seconds rôles a pu offrir quelque chose de différent, à savoir Chérif Al-Dessouqi, Mahmoud Hafez et Bayoumi Fouad. Ces derniers ont constitué un trio amusant, tandis que Mohamad Radwan a parfaitement tenu son rôle. Bref, malgré la pléiade de stars, Fadl wa Neama reste une comédie de qualité très moyenne, surtout de par son scénario trop prévisible et son côté sur-joué. Elle aurait pu être sympa pour une soirée « télé », mais apparemment, les attentes du public ont changé sous l’effet des plateformes de streaming, d’où sa réussite en salle.
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