La lèpre, appelée aussi maladie de Hansen, est une maladie infectieuse chronique provoquée par le bacille Mycobacterium leprae. Ces bactéries se développent très lentement, ce qui fait que la période d’incubation de la maladie est de 5 ans en moyenne, mais les symptômes peuvent parfois n’apparaître qu’au bout de 20 ans.
La maladie touche principalement la peau, les nerfs, les voies respiratoires supérieures, ainsi que les yeux et se propage, comme le Covid-19, au moyen de gouttelettes salivaires ou de contacts cutanés répétés et prolongés.
Les nerfs peuvent devenir enflés sous la peau. Cela peut entraîner la perte de la capacité des zones affectées à ressentir le toucher et la douleur, ce qui peut entraîner des blessures, des amputations et des brûlures. Eventuellement, le corps peut réabsorber les extrémités affectées au fil du temps, entraînant la perte apparente des orteils et des doigts. Si elles ne sont pas traitées, les lésions nerveuses peuvent entraîner une paralysie des mains et des pieds. Habituellement, la peau affectée change de couleur et devient plus claire, plus foncée, ou rougeâtre.
Des ulcères cornéens et la cécité peuvent également survenir si les nerfs faciaux sont touchés. Les signes de la maladie de Hansen peuvent inclure la perte des sourcils et une déformation du nez en selle résultant de lésions de la cloison nasale.
Une maladie en régression
Les malades ont, de tout temps, été rejetés par leur communauté et leur famille, mais depuis l’application dans les années 1980 d’un schéma thérapeutique, le nombre de malades a considérablement chuté. Ainsi, en 1981, un groupe d’étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a recommandé l’usage de la polychimiothérapie (PCT). Celle-ci comprend 2 ou 3 antibiotiques : la Dapsone et la Rifampicine pour tous les patients et la Clofazimine ajoutée pour les cas multibacillaires (plus de cinq lésions cutanées insensibles). Le traitement contre la lèpre dure en général entre six mois et un an. L’introduction de la polychimiothérapie s’est traduite par une nette réduction de la prévalence de la maladie : le nombre de cas de lèpre est passé de 5,4 millions au milieu des années 1980 à quelques centaines de milliers aujourd’hui.
Un diagnostic et un traitement précoces préviennent généralement les incapacités qui peuvent résulter de la lèpre, et les personnes atteintes de la maladie de Hansen peuvent continuer à travailler et à mener une vie active. Dès la première dose d’antibiotique, le malade n’est plus contagieux. En revanche, cette trithérapie ne l’empêche pas de développer des complications. C’est ici que les corticoïdes entrent en action et parfois ils parviennent à stopper l’inflammation des nerfs. Mais ce n’est pas toujours le cas. L’atteinte des nerfs et les paralysies qui s’ensuivent sont irréversibles. Le dépistage précoce de la maladie est donc un enjeu majeur.
L’élimination de la lèpre en tant que problème de santé publique (définie comme telle lorsque la prévalence enregistrée est inférieure à 1 cas pour 10 000 habitants) a été obtenue au niveau mondial en 2000. Plus de 16 millions de patients atteints de la lèpre ont reçu une PCT au cours des 20 dernières années.
3 millions de lépreux
D’après les chiffres officiels de 145 pays dans les 6 régions de l’OMS, environ 200 000 nouveaux cas de lèpre sont enregistrés chaque année à l’échelle mondiale, dont près de 20 % d’enfants de moins de 15 ans. Dans le monde, surtout parmi les plus pauvres, on compte encore près de 3 millions de lépreux avec des infirmités ou des mutilations. Il existe des zones fortement endémiques, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique latine, qui représentent à elles seules plus de la moitié des cas.
Plusieurs raisons expliquent cette situation, notamment la lenteur d’apparition des symptômes et la longueur du traitement. D’autres facteurs influent aussi sur la dissémination de la maladie, notamment le difficile accès à une consultation et aux soins dans les zones d’extrême pauvreté, et les risques d’exclusion sociale qu’encourent les malades une fois diagnostiqués.
Dans la région de la Méditerranée orientale de l’OMS, certains pays ont encore quelques zones qui n’ont pas atteint l’élimination de cette maladie, comme le Soudan, l’Egypte et le Yémen. Le Soudan du Sud est le seul pays de la région parmi les 17 pays du monde qui signale plus de 1 000 nouveaux cas par an. Le Soudan, l’Egypte, le Pakistan et le Yémen signalent entre 300 et 900 nouveaux cas par an, alors que le Maroc, l’Afghanistan, la République islamique d’Iran et la Somalie signalent moins de 100 nouveaux cas par an, et certains Etats membres du Conseil de coopération du Golfe signalent des cas de non-ressortissants.
(Sources : OMS, Dr Abdel Gawad Hachem, ancien chef du département de microbiologie à l’Université du Caire, Dr Mohamed Elazab, dermatologue et ancien directeur de l’hôpital de dermatologie et de lèpre de Mansoura).
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