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Ossama Abdel-Khaleq : La priorité pour l’Egypte est d’instaurer la paix au Moyen-Orient

Sahar Zahran , Mercredi, 21 septembre 2022

A l’occasion de l’ouverture de la 77e session de l’Assemblée générale de l’Onu, l’ambassadeur Ossama Abdel-Khaleq, délégué permanent de l’Egypte auprès de l’organisation internationale, revient sur les grands dossiers de cette session et les priorités pour l’Egypte.

Ossama Abdel-Khaleq

New York,
De notre envoyée spéciale 

 

Al-Ahram Hebdo : Qu’attend l’Egypte de cette 77e session de l’Assemblée générale, qui se tient dans des circonstances extrêmement complexes ?

Ossama Abdel-Khaleq: L’Egypte espère que cette nouvelle session permettra de relever les défis actuels sur la scène internationale, que ce soit au niveau politique, économique ou stratégique, et de réaffirmer le rôle des Nations-Unies et les principes du droit international afin d’instaurer la paix et la sécurité dans les conditions difficiles que vit le monde à l’heure actuelle.

—  Qu’est-ce qui caractérise, selon vous, cette session. Quels seront les grands dossiers en discussion cette année ?

— L’ouverture de cette session intervient à un moment très important pour la communauté internationale. L’année 2022 a vu l’émergence de nouveaux défis économiques et sociaux qui sont venus s’ajouter aux séquelles de la pandémie de Covid-19. Il faut espérer que cette session rapprochera les points de vue sur les moyens de relever ces défis, notamment la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Il faut en outre faire progresser le développement durable, qui a connu un déclin ces deux dernières années. La crise ukrainienne a imposé à l’Onu et à la communauté internationale des défis politiques et économiques. Elle sera donc présente tout au long de l’Assemblée générale cette année afin d’y trouver une solution. Il sera également question de renforcer la coopération internationale autour de dossiers comme la lutte contre les changements climatiques. Dans ce contexte, l’Egypte accueille la COP27 en novembre prochain qui est une occasion importante pour passer du stade de l’engagement à celui de l’action dans le domaine climatique, en réduisant les émissions de carbone et en mettant en oeuvre des projets d’adaptation aux changements climatiques. L’Egypte mettra notamment l’accent sur l’importance d’un engagement des pays développés à fournir aux pays en développement les moyens nécessaires pour lutter contre ce phénomène, comme le financement concessionnel et le transfert de la technologie conformément à l’Accord de Paris sur le climat.

— La guerre en Ukraine a jeté son ombre sur le monde entier. Comment ce dossier brûlant sera-t-il abordé par l’Assemblée générale de l’Onu ?

— Certes, la crise en Ukraine a eu un impact sur le monde, à commencer par les pays en développement qui souffraient déjà des syndromes post-Covid. Le résultat est une crise alimentaire mondiale aigue et la hausse des prix de l’énergie. Ces crises nécessitent la conjugaison des efforts internationaux et l’engagement des organisations financières mondiales en faveur d’une aide aux pays les plus affectés par la crise. L’Egypte a mené, en coopération avec d’autres pays, des efforts visant à donner une impulsion à une action internationale à l’intérieur de l’Onu. Ces efforts ont abouti à une résolution sur la crise alimentaire mondiale lors de la 76e session de l’Assemblée générale. Cette résolution servira de base aux efforts ultérieurs pour régler la crise.

— Outre la crise ukrainienne, existe-t-il d’autres dossiers importants, par exemple dans les domaines de la jeunesse et de l’éducation ?

— Les questions relatives à la jeunesse sont d’une importance capitale pour la communauté internationale en général et pour l’Egypte en particulier, d’autant plus que 60 % de la population égyptienne ont moins de 30 ans. En Egypte, la direction politique a placé les jeunes au coeur de ses priorités afin de réaliser le développement durable. L’Egypte a été choisie pour faciliter les négociations intergouvernementales afin de créer un bureau des Nations-Unies pour la jeunesse. Cette décision est une preuve de l’estime apportée aux efforts de l’Egypte pour rapprocher les points de vue sur l’importance de faire avancer le programme des Nations-Unies pour la jeunesse.

Par ailleurs, en marge de la session actuelle se tiendra un sommet sur la transformation de l’éducation, proposé par le secrétaire général des Nations-Unies, dans le but de renforcer les efforts visant à fournir une éducation de haute qualité et d’atteindre le quatrième objectif des Nations-Unies pour le développement durable.

— Quelles sont les priorités pour l’Egypte au cours de cette nouvelle session de l’Assemblée générale ?

— La première priorité pour l’Egypte est l’instauration de la stabilité, de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient, qui souffre de plusieurs crises, fait qui affecte les opportunités de développement. Sans oublier l’importance de soutenir l’Etat-nation dans la région afin d’instaurer la stabilité et de réaliser les aspirations des peuples de la région.

Dans ce contexte, l’Egypte accorde un intérêt particulier aux efforts de consolidation de la paix et de règlement des conflits, notamment dans les pays frères comme la Libye, le Soudan et le Soudan du Sud, surtout qu’elle a présidé la Commission de consolidation de la paix des Nations-Unies. D’autres dossiers ont également été mis en avant, comme l’accueil par l’Egypte de la COP27 à Charm Al-Cheikh, les défis du changement climatique, les moyens de remédier à la crise mondiale actuelle, la consolidation des droits de l’homme et l’émancipation de la femme.

— Certaines grandes puissances ont dernièrement fait allusion à l’usage de l’arme nucléaire. Quelle est la position de l’Egypte à ce propos ?

— L’arène internationale a témoigné ces derniers mois d’une escalade de la tension et de menaces d’utiliser l’arme nucléaire. L’Egypte et plusieurs autres pays ont affirmé l’importance de contenir cette escalade et de travailler sur le règlement pacifique des litiges. Ceci outre l’application des engagements de démilitarisation conformément à l’article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

— A votre avis, pourquoi la 10e conférence de révision du TNP a-t-elle échoué le mois dernier ?

— Malheureusement, le fossé entre les Etats membres sur un nombre de sujets a entravé toute avancée. Nous attendons la prochaine conférence l’année prochaine afin de redonner une impulsion au TNP.

La délégation égyptienne qui a pris part à la conférence a réussi à insérer dans le document final un nombre de points importants, comme la mise en place d’une région exempte des armes nucléaires au Moyen-Orien.

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