Taslim Ahali (méchanceté gratuite) est un film dédié à tous les fans de fantaisies sur fond de socio-comédie. Septième long film du jeune réalisateur Khaled Al-Halafawi, l’oeuvre retrace le parcours d’une famille à la recherche de sécurité et de paix sociale dans un pays qui accorde peu de valeur aux savants. Jeune médecin, Khalil Sedqi — joué par Hicham Magued — se prépare pour l’interview officielle à l’ambassade du Canada dans le but de partir vivre dans ce pays. Un but ultime pour lequel il peut renoncer à tout, même à sa fiancée Roumaïssä, femme médecin assez bizarre. Tout se passait calmement jusqu’au jour où il s’est retrouvé obligé d’accompagner son père Sedqi — interprété par Bayoumi Fouad — et son grand-père — joué par Abdallah Mechref — pour visiter tante Boussayna, interprétée par la comédienne feue Dalal Abdel-Aziz, afin que le père se propose de l’épouser. Celle-ci est une ancienne amie de la famille et une fonctionnaire-collègue du père à l’organisme gouvernemental où il travaille. Toutefois, la jeune Zahya, jouée par Donia Samir Ghanem, fille unique de Boussayna, croyait que la famille Sedqi est venue pour négocier son mariage avec le jeune et beau Khalil, ce qui fait naître certes un drôle de quiproquo qui ne dure pas longtemps. La trame subit un grand virage lorsque les deux parents-mariés conduisent leurs enfants à vivre une série d’aventures pleines de fantaisie, afin de récupérer les diamants de la famille, volés par la vilaine Kabaër, jouée par la comédienne Lucy.
Le film mélange la socio-comédie pittoresque à la fantaisie. Pavé de bonnes intentions, il échoue pourtant sur les deux plans. L’idée de départ, assez amusante (celle de deux collègues assez âgés travaillant dans un organisme gouvernemental, et qui utilisent le dossier d’un citoyen — joué par Mohamad Teëma— pour échanger les messages amoureux), se perd en cours de route avec un scénario totalement caricatural et des clichés en séries. Le début nous met donc dans le bain, avec une introduction promettant un film oscillant entre le réel et le sarcasme, mais sans vraie originalité.
Cocktail de styles
Basé sur le style dramatique du cinéaste, mêlant le social à l’humoristique, Taslim Ahali laisse les fans quelque peu dépités. Moins comique que ses anciens succès, dont La Taragoe wa la Esteslam (pas de résignation ni soumission) avec Ahmad Mekki ou Kheir wa Baraka (le bien et la bénédiction) avec Ali Rabie et Mohamad Abdel-Rahman, le film est néanmoins conçu comme une chorale où plusieurs personnages et histoires s’entremêlent. Est-ce que cette comédie fait mouche? Malheureusement, non. D’abord, à cause d’un scénario extrêmement balisé. Les tenants et les aboutissants du long métrage sont connus à l’avance. L’humour, que ce soit au niveau des répliques ou des gags, ne fait pas vraiment mouche sauf 2 ou 3 fois. Le troisième problème, c’est que les choix scénaristiques ne sont tout simplement pas bons, avec une finale trop classique et plate.
Tourner en rond
Tout le long de ces 50 minutes, le film condense le suspense feint et les aventures, les unes plus ridicules et plates que les autres. On a du mal à saisir où l’oeuvre veut nous emmener avec cette histoire sans intérêt et débordante de clichés. Côté forme: les plans sont intéressants dans leur ensemble, la réalisation travaillée, les décors mis en valeur... Par contre, au niveau du fond et du rythme, c’est une toute autre histoire. Le réalisateur Khaled Al-Halafawi, connu pour ses comédies réussies, arrive dans ce film sans beaucoup de ses éléments qui plaisent à ses fans. Sa réalisation est trop simpliste.
Grosso modo, les personnages sont grotesques; ils ne font rire que rarement. Les dialogues sont aussi désavantageux qu’ennuyeux. Il n’y a vraiment rien à sauver dans ce film. Donia Samir Ghanem, malgré son grand talent, ne cesse de tourner en rond dans un caractère qu’elle répète partout et sans innovation. Elle se lance dans l’exagération, ce qui rend son personnage candide et idiot.
Hicham Magued, lui, sans aucune originalité non plus, dose un peu mieux le ton en sachant trouver un juste milieu entre le personnage du jeune homme, élégant et beau, qu’il joue, et son propre caractère qui ne diffère que rarement des personnages qu’il choisit sur l’écran.

Le dernier rôle de Dalal Abdel-Aziz, devant sa fille Donia Samir Ghanem.
Une brochette de comédiens, sans éclat
Bien que les acteurs aient presque tous prouvé qu’ils pouvaient être meilleurs que ce que laisse à supposer le film, on a la sensation que tous se sont passés la réplique pour jouer plus mal les uns que les autres. Même les deux invités d’honneur du film, Nabil Al-Halafawi et Ahmad Fathi, n’apparaissent pas du tout dans leur forme habituelle, surtout avec des rôles secondaires qui ne servent à rien.
Tous nagent dans leurs mers préférées, sans aucune nouveauté dans la prestation, surtout avec des accessoires dignes d’un film d’animation pour enfants: des mèches grises et une barbe blanche pour le grand-père, un chapeau et une pipe pour le professeur et de longues robes en noir pour la vilaine (!!). Le tout sur un scénario qui ne réserve aucune surprise, du début à la fin. Pour conclure, Taslim Ahali reste une comédie très second degré qui fait le choix du burlesque en misant sur des situations et des personnages volontairement caricaturaux plutôt que sur la trame. Dommage, puisqu’il aurait pu être un film de grand succès, mais là, il est tout juste regardable, sans plus.
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