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Coup de pouce au vert

Amira Samir , Mercredi, 10 août 2022

Dans le cadre des préparatifs de la COP27, l’Egypte a lancé l’initiative de tenir cinq forums pour mobiliser les investissements climatiques dans les pays en développement, notamment en Afrique.

Coup de pouce au vert

Alors que l’Afrique subit de plein fouet les répercussions des changements climatiques, la nécessité d’accroître les investissements en faveur de la transition verte devient de plus en plus urgente. C’est dans ce contexte que la présidence égyptienne de la 27e Conférence des Parties de la Convention-Cadre des Nations-Unies (COP27), prévue à Charm Al-Cheikh en novembre prochain, vient de lancer cinq grands forums régionaux pour encourager les investissements climatiques. «  L’Afrique est un marché énorme qui offre des possibilités incroyables. C’est pourquoi ces forums visent à réunir autour de la même table des investisseurs, des entreprises et des entités financières internationales et africaines afin de discuter des opportunités d’investissement dans des domaines de fort potentiel tels que l’énergie, l’agriculture et les infrastructures. Et ce, afin de réaliser les objectifs climatiques et d’offrir des opportunités d’emploi dans les pays des cinq régions » où se tiennent les forums, a déclaré Mahmoud Mohieddine, champion de haut niveau de l’Onu pour la COP27.

L’initiative égyptienne comprend la tenue de cinq grands forums. Le premier a eu lieu du 2 au 4 août à Addis-Abeba, où siège la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique. Six tables rondes y ont été tenues durant les trois jours du forum. Le second forum aura lieu le 25 août, à Bangkok, capitale de la Thaïlande et siège du Comité économique régional des Nations-Unies pour l’Asie-Pacifique. Santiago, capitale du Chili, où siège le Comité économique régional des Nations-Unies pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (ALC), accueillera le troisième forum les 1er et 2 septembre, alors que le quatrième se tiendra le 15 septembre, à Beyrouth, capitale du Liban, siège de la Commission économique et sociale des Nations-Unies pour l’Asie de l’Ouest (ESCWA). A Genève, en Suisse, siège du Comité économique régional des Nations-Unies pour l’Europe, le cinquième forum ouvrira ses portes le 20 septembre. Les cinq forums régionaux doivent déboucher sur des projets distingués qui seront présentés lors de la Conférence de Charm Al-Cheikh.

« L’Egypte considère la 27e Conférence de l’Onu sur le changement climatique comme une étape décisive et appelle à la solidarité mondiale puisqu’aucun pays n’est à l’abri des effets négatifs des changements climatiques », explique Amal Abdel-Latif, chercheuse en économie régionale à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire. Et d’ajouter que « l’objectif principal de l’Egypte est d’obliger les pays développés à assumer leurs responsabilités de soutenir les pays pauvres et en développement sur le plan financier et technique pour faire face aux changements climatiques ».

Opportunités d’investissement

Le changement climatique a négativement impacté l’économie africaine puisque la plupart des économies du continent dépendent des ressources naturelles tels les minéraux, l’agriculture et la faune. Selon l’Onu, le PIB du continent devrait baisser de 2,25%. « La mobilisation des investissements joue un rôle central dans l’avancement de l’action climatique, tout en veillant à ne pas peser sur les pays africains un fardeau des dettes encore plus lourd et orienter les financements vers des projets prioritaires », a déclaré Mohieddine, en soulignant l’importance d’un certain nombre de projets qui contribueraient à faire face à la crise climatique, comme ceux lancés par l’Alliance africaine de l’hydrogène vert qui regroupe 6 pays : l’Egypte, le Maroc, la Mauritanie, la Namibie, le Kenya et l’Afrique du Sud.

La crise énergétique actuelle engendrée par la guerre en Ukraine montre qu’il est urgent d’accélérer les investissements dans une énergie moins chère et plus propre en Afrique. Le continent a des atouts pour y aller de l’avant: des ressources abondantes d’énergie solaire, éolienne, hydroélectrique et géothermique. Selon les estimations de la Banque Africaine de Développement (BAD), « la transition énergétique de l’Afrique présente des opportunités d’investissement de 100 milliards de dollars par an, alors que les infrastructures résilientes au climat offrent un potentiel d’investissement compris entre 130 et 170 milliards de dollars ». De même, selon l’Agence internationale de l’énergie, « l’Afrique abrite 60 % des meilleures ressources solaires au monde, mais seulement 1% de la capacité solaire photovoltaïque installée, et l’énergie solaire photovoltaïque y est déjà la source d’énergie la moins chère dans de nombreuses régions ».

Ainsi, sous le thème de « la voie vers la COP27 », le premier forum de cette initiative, qui a eu lieu à Addis-Abeba avec une participation virtuelle officielle de haut niveau, a mis l’accent sur l’importance du rôle de chaque protagoniste de l’action climatique, tels que les gouvernements, le secteur privé, les banques de développement, le secteur de l’assurance et les divers bailleurs de fonds, dans la création d’un environnement propice qui permettrait aux organes exécutifs de mettre en oeuvre des projets sur le terrain. « Le premier grand forum régional africain a réussi à présenter les projets climatiques aux différents bailleurs de fonds », a souligné Mohieddine, avant de conclure que « les projets présentés lors des séances du forum reflètent la capacité de l’Afrique de présenter au monde de nouvelles solutions et mécanismes lors de la Conférence de Charm Al-Cheikh pour augmenter le volume des investissements dans les projets climatiques ».

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