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Mona Soliman : La classe politique libanaise a perdu la confiance de la communauté internationale

Maha Salem , Mercredi, 03 août 2022

3 questions à Mona Soliman, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire, sur la crise au Liban.

Mona Soliman

Al-Ahram Hebdo : Deux ans après la double explosion du port de Beyrouth en août 2020, la crise économique s’aggrave au Liban. Pourquoi ?

Mona Soliman: Après la double explosion de Beyrouth, on s’attendait à un bouleversement dans la crise libanaise. Plusieurs pays européens, surtout la France, ont appelé à un fort soutien à l’économie libanaise et à des aides financières, énergétiques et médicales, mais ces appels ne se sont pas concrétisés. En plus, on sent maintenant que le Liban est abandonné par la communauté internationale. Cette situation est due à plusieurs raisons. Tout d’abord, la crise causée par la pandémie de Covid-19, puis la guerre en Ukraine et son influence sur le monde entier, surtout les pays européens. Ces derniers cherchent actuellement à sauver leurs pays et à trouver des issues aux crises qui pèsent fortement sur leurs économies. Autre raison: les pays européens sont occupés davantage par la crise politique en Libye, car l’instabilité et l’insécurité dans ce pays menacent directement la sécurité des pays européens. Les Européens veulent un règlement rapide et une stabilité en Libye pour diminuer l’émigration clandestine vers l’Europe qui augmente à cause du chaos qui secoue la Libye.

— Est-ce pour cela que peu de pays ont envoyé des aides au Liban ?

— La classe politique libanaise a perdu la confiance de la communauté internationale. La France a promis d’envoyer des aides financières et logistiques, mais à cette époque, le premier ministre était Saad Hariri. Avec son départ, toutes ces promesses sont devenues lettre morte. La communauté internationale et les pays arabes craignent que les aides ne tombent entre les mains du Hezbollah et le camp chiite, alors ils ont préféré laisser le Liban et ses problèmes. La crise libanaise est due en premier lieu à la corruption et souvent les secteurs affectés touchent la vie quotidienne des Libanais. Le gouvernement libanais peut régler la crise dans certains secteurs comme les secteurs énergétique et médical. Pour la communauté internationale, la classe politique libanaise est toujours en conflit. Ces différends n’ont pas de vraies causes, mais chaque camp fait la sourde oreille et s’accroche à sa position. Alors la situation devient de plus en plus compliquée. L’intervention iranienne joue un rôle important dans la scène politique, ce qui empêche la communauté internationale d’aider le Liban.

— Pourquoi les analystes prévoient-ils une détérioration de la crise politique au mois d’août ?

— En août, le vide politique dominera de plus en plus la vie politique. Déjà, le premier ministre, Najib Mikati, n’arrive pas à former son gouvernement. Le mandat du président Michel Aoun expire en août. Alors, le Liban sera sans président et sans gouvernement. Il y a plusieurs candidats au poste de président, mais les partis chrétiens ne sont pas d’accord.

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