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De nouvelles opportunités d’exportation gazière

Gilane Magdi , Mercredi, 22 juin 2022

L’Egypte, Israël et l’Union européenne ont signé un accord pour l’exportation du gaz naturel israélien vers l’Europe après sa liquéfaction en Egypte.

De nouvelles opportunités d’exportation gazière
Le ministre égyptien du Pétrole, Tarek El-Molla, pendant la conférence de presse.

« L’investissement dans les projets d’infrastructure liés à la production et à l’exportation de gaz naturel, ainsi que la production d’hydrogène verte pour assurer la sécurité des approvisionnements énergétiques dans l’avenir ». Ce sont les mots-clés des discussions engagées lors de la 8e réunion ministérielle du Forum du gaz de la Méditerranée orientale (EMGF) tenue les 15 et 16 juin au Caire.

Le forum, dont le siège est au Caire, réunit huit pays: l’Egypte, la Jordanie, la Palestine, la Grèce, Chypre, Israël, la France et l’Italie, ainsi que des observateurs de l’Union Européenne (UE), des Etats-Unis et de la Banque Mondiale (BM). « L’Egypte est le seul pays parmi les membres du Forum à posséder une infrastructure de liquéfaction de gaz naturel. Pour installer une telle infrastructure, il faudrait des investissements de 12 à 15 milliards de dollars sur une période de 5 à 7 ans », a noté l’ancien ministre du Pétrole, Ossama Kamal.

Pour profiter des capacités de liquéfaction en Egypte et réaliser l’objectif de l’UE de réduire sa dépendance sur le gaz russe, un mémorandum a été signé le 15 juin, lors de la réunion ministérielle du Forum, par le ministre égyptien du Pétrole et des Ressources minérales, Tarek El-Molla, la commissaire européenne de l’énergie, Kadri Simson, et la ministre israélienne de l’Energie, Karine Elharrar. Selon l’accord-cadre, Israël va exporter du gaz vers l’Egypte qui procèdera à sa liquéfaction dans les deux sites de production de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) situés à Damiette et Edkou pour, ensuite, le réexporter vers l’Europe. « Par la signature de cet accord, nous travaillerons sur la livraison stable de gaz naturel à l’UE depuis la région de la Méditerranée orientale. Cela contribuera ainsi à la sécurité énergétique de l’UE. Et nous construisons des infrastructures adaptées aux énergies renouvelables, l’énergie du futur », a annoncé Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, après avoir assisté à la cérémonie de signature. « C’est un grand pas en avant dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe, mais aussi pour que l’Egypte devienne un centre énergétique régional », a-t-elle assuré.

Encourager les investissements gaziers

Le ministre égyptien du Pétrole a annoncé, après la signature du mémorandum, que les trois parties, l’Egypte, Israël et l’UE, n’ont pas discuté ensemble des quantités de gaz qui seront exportées vers l’Europe. « Ce mémorandum n’est qu’une ombrelle sous laquelle les entreprises en Egypte et en Israël peuvent conclure des accords d’exploration, de production et d’exportation de gaz au continent européen. L’objectif est de faciliter les procédures nécessaires à installer ces investissements dans l’avenir », a-t-il expliqué, en ajoutant que le mémorandum contribuera aussi à encourager les entreprises internationales à accélérer le développement et la production des ressources gazières de la Méditerranée orientale, pour aboutir enfin à la sécurité énergétique. Selon l’agence Reuters, le mémorandum durera trois ans, avec une prolongation automatique de deux ans.

El-Molla a souligné, au terme de la réunion ministérielle, l’importance de l’investissement dans les infrastructures gazières, qu’il s’agisse de pipelines ou de stations de liquéfaction. « Les travaux sont en cours sur ce sujet sous l’égide du Forum, et le mémorandum est un modèle pour ouvrir la voie à conclure davantage d’accords au cours de la période à venir », a-t-il indiqué, soulignant l’importance de la coordination entre pays producteurs et consommateurs, comme c’est le cas entre l’Egypte, Chypre et Israël d’un côté, et l’UE de l’autre.

L’ancien ministre du Pétrole, Ossama Kamal, a noté que la production annuelle de l’Egypte en gaz naturel est de 7 milliards de m3 en moyenne et la consommation est de 6 milliards de m3. Les capacités d’exportation de l’Egypte en gaz naturel ne se limitent pas à ses propres ressources, mais elle exporte aussi le gaz importé d’autres pays (voir encadré). Selon l’agence Reuters, L’Egypte a exporté 8,9 milliards de m3 de GNL en 2021 et 4,7 milliards de m3 au cours des cinq premiers mois de cette année.

La signature de ce mémorandum et la tenue de cette réunion ministérielle interviennent à un moment très crucial pour l’Europe qui souffre de la chute des approvisionnements de gaz russe et cherche à répondre à ses besoins par d’autres fournisseurs. « La tenue de cette réunion intervient au moment de la déclaration russe de baisser ses approvisionnements de gaz naturel vers l’Europe de 40% en raison des travaux de maintenance dans les pipelines qui vont commencer en juillet pour deux mois », explique Ossama Kamal, en ajoutant que 40% des besoins de l’Europe en gaz naturel, soit l’équivalent de 100 milliards de m3 annuellement, proviennent de la Russie.

Cette baisse prévue des approvisionnements a incité les responsables européens à chercher avec l’Egypte et les autres dirigeants les opportunités d’investissements dans le domaine d’hydrogène vert. « L’Egypte a le potentiel pour devenir un leader dans la production et l’exportation d’énergie renouvelable », a déclaré Von der Leyen, ajoutant que l’UE souhaitait explorer les moyens de mettre en place l’infrastructure et la technologie pour développer le secteur des énergies renouvelables. Les deux parties se préparent à lancer un partenariat régional sur l’hydrogène et à signer des accords sur la production d’hydrogène vert et d’ammoniac lors du sommet de la COP27 qui se tiendra en novembre prochain à Charm Al-Cheikh.

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