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Une variole beaucoup moins grave que la variole

Chérif Albert, Mercredi, 25 mai 2022

Plusieurs dizaines de cas de variole du singe détectées en Europe et en Amérique du Nord font craindre un début de propagation de cette maladie.

Une variole beaucoup moins grave que la variole
Des éruptions cutanées peuvent survenir et se répandre dans d’autres parties du corps. (Photo : Reuters)

Les cas de variole du singe pourraient s’accélérer en Europe, a estimé, vendredi, un responsable régional de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), tandis qu’au moins huit pays européens ont recensé des malades. « Alors que nous entrons dans la saison estivale avec des rassemblements, des festivals et des soirées, je crains que la transmission ne s’accélère », a affirmé le directeur de l’OMS pour l’Europe, Hans Kluge.

Depuis début mai, des cas de ce virus endémique en Afrique de l’Ouest ont été également enregistrés aux Etats-Unis et au Canada.

La variole du singe (orthopoxvirose simienne) est une maladie connue depuis 1970. Proche de la variole, elle est toutefois à ce jour considérée comme beaucoup moins grave et moins contagieuse.

Considérée depuis comme rare, la maladie est due à un pathogène qui peut être transmis de l’animal à l’humain et inversement. Quand le virus gagne l’être humain, c’est principalement à partir de divers animaux sauvages, rongeurs ou primates. L’incubation peut en général aller de 5 à 21 jours.

Les symptômes ressemblent, en moins grave, à ceux que l’on observait dans le passé chez les sujets atteints de variole : fièvre, mal de tête, douleurs musculaires, mal de dos, ganglions lymphatiques enflés, frissons et fatigue. Des éruptions cutanées peuvent survenir, souvent sur le visage, et se répandre à d’autres parties du corps, dont les parties génitales, avant de passer par différentes phases, de former une croûte et de tomber.

Transmission « atypique »

La variole du singe a été identifiée pour la première fois chez l’homme en 1970 en République démocratique du Congo (ex-Zaïre). En l’état actuel des connaissances de la variole du singe telle que connue depuis 1970, l’infection des cas initiaux résulte d’un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d’animaux infectés. La transmission secondaire, c’est-à-dire interhumaine, peut résulter de contacts étroits avec des sécrétions infectées des voies respiratoires, des lésions cutanées d’un sujet infecté ou d’objets récemment contaminés par des liquides biologiques ou des matières provenant des lésions d’un patient.

Mais cette fois, l’étendue de la transmission est « atypique », a estimé M. Kluge, soulignant que « tous les cas récents sauf un n’avaient pas voyagé dans des zones où la variole du singe est endémique ».

La multiplication des foyers apparents inquiète néanmoins, et l’OMS a indiqué s’intéresser de près au fait que certains des cas au Royaume-Uni semblent avoir été transmis au sein de la communauté homosexuelle. « Si le contact physique rapproché est un facteur de risque bien connu, on ne sait pas à cette heure si la variole du singe peut être transmise spécifiquement par voie sexuelle », a écrit l’OMS, le 19 mai 2022, ajoutant que « des études sont actuellement en cours pour mieux comprendre l’épidémiologie, les sources d’infection et les schémas de transmission ». Ceci dit, « n’importe qui, quelle que soit son orientation sexuelle, peut propager la variole du singe », ont souligné aux Etats-Unis les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence sanitaire fédérale du pays.

Taux de létalité autour de 3 à 6 %

La variole du singe guérit en général spontanément et les symptômes durent de 14 à 21 jours. Les cas graves se produisent plus fréquemment chez les enfants et sont liés à l’ampleur de l’exposition au virus, à l’état de santé du patient et à la gravité des complications.

Selon les épidémies, le taux de létalité (nombre de décès par rapport au nombre de personnes infectées) a pu varier énormément, mais il est resté inférieur à 10% dans tous les cas documentés, principalement chez les jeunes enfants. L’OMS précise que le taux de létalité a « historiquement oscillé entre 0 et 11% en population générale ». Plus récemment, le taux s’est situé autour de 3 à 6%, dit aussi l’organisation.

Dans les pays où la maladie a été repérée récemment, les autorités se veulent globalement rassurantes, soulignant ainsi par exemple en Espagne, au Portugal ou au Royaume-Uni que la maladie est peu contagieuse entre humains. Et à cette même date, « à ce stade, les cas rapportés sont majoritairement bénins, et il n’y a pas de décès signalé », souligne le ministère français de la Santé.

Réduire le risque de transmission

Il n’existe pas de traitement pour la variole du singe, cette infection virale se guérit d’elle-même. Mais on peut endiguer les flambées, explique encore l’OMS. Il a été prouvé dans le passé que la vaccination antivariolique avait une efficacité de 85 % pour la prévention de cette maladie, mais le vaccin n’est plus disponible pour le grand public après l’arrêt de sa fabrication suite à l’éradication mondiale de la variole en 1979.

Il existe des médicaments antiviraux contre la variole qui pourraient également être utilisés pour traiter la variole du singe dans certaines circonstances, a déclaré un porte-parole du département américain de la santé. Pour réduire le risque de transmission interhumaine, il faut éviter tout contact physique rapproché avec des sujets infectés ou des matières contaminées. Il faut porter des gants et un équipement de protection pour soigner des malades et se laver régulièrement les mains après s’être occupés d’eux ou leur avoir rendu visite. L’OMS recommande l’isolement des patients soit à leur domicile, soit dans un établissement de santé.

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