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Face aux coups d’Etat, la Cédéao maintient la pression

Sabah Sabet , (avec Agences) , Jeudi, 31 mars 2022

La Cédéao a décidé de maintenir ses lourdes sanctions contre le Mali et a menacé la Guinée et le Burkina Faso de nouvelles mesures punitives.

Face aux coups d’Etat, la Cédéao maintient la pression

Le Mali n’est pas au bout de ses peines. La Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réunie en sommet vendredi 25 mars à Accra, au Ghana, a décidé de maintenir ses sanctions imposées au Mali depuis le 9 janvier dernier, lorsque la junte a annoncé que les élections ne seraient pas organisées fin février comme prévu initialement, et que la transition se prolongerait cinq ans.

La réunion d’Accra intervient une semaine après l’échec d’un accord avec la junte malienne sur un calendrier de retour des civils au pouvoir. Au cours de la visite de M. Jonathan dans la capitale malienne, du 18 au 20 mars, la junte avait indiqué avoir ramené de quatre à deux ans la durée jugée nécessaire par la junte pour diriger le pays avant de rendre le pouvoir aux civils. Mais dans son communiqué final, la Cédéao exige à nouveau que les autorités de la transition s’engagent « à s’inscrire dans une période complémentaire de 12 à 16 mois ».

Depuis deux mois et demi, toutes les relations commerciales et financières du Mali avec les pays de la Cédéao sont interdites, les échanges, autres que des produits de première nécessité, sont suspendus. Des punitions lourdes, qui ont entraîné de considérables défauts de paiement de l’Etat sur les marchés financiers et une importante hausse des prix dans le pays. Les sanctions maintenues vont certainement aggraver la crise économique au pays, notamment avec l’approche du mois du Ramadan, une période de consommation accrue.

La décision de la Cédéao a été prise alors qu’une ordonnance a été rendue jeudi 24 mars par la Cour de justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uméoa), exigeant la suspension des sanctions. Dénonçant sans cesse les sanctions économiques et financières et les trouvant « illégales » et « inhumaines », les autorités maliennes de transition avaient levé, le 15 février dernier, à travers un collectif d’avocats, deux recours contre la décision du 9 janvier prise par les dirigeants de la sous-région. Le premier recours demandait l’abrogation des sanctions, le second la suspension de leur application en raison de leur impact sur la population.

Ultimatum au Burkina et à la Guinée

Outre le Mali, l’organisation ouest-africaine a décidé aussi de sanctionner la Guinée si elle ne présentait pas de « calendrier acceptable pour la transition » avant fin avril 2022, et le Burkina Faso s’il ne libérait pas l’ancien président, Roch Marc Christian Kaboré, d’ici le 31 mars 2022, selon le communiqué final. L’organisation précise qu’en cas de non-respect de ses demandes, elle imposera des sanctions contre les membres du gouvernement et du Conseil National de Transition (CNT). Les autorités de transition du Burkina écoperont elles aussi de « sanctions individuelles » si elles n’obtempèrent pas.

Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, pays en proie à des crises politiques mais aussi sécuritaires pour les deux premiers, ont tous trois été le théâtre de coups d’Etat militaires depuis août 2020. Le Mali a même vécu deux putschs. La Cédéao a suspendu les trois pays de ses instances.

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