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Le Nil, un fleuve chargé de sens

Dalia Chams , Mercredi, 23 mars 2022

Un court documentaire de Salah El-Tohami, récemment restauré, nous plonge d’emblée dans l’Egypte des années 1960.

Le Nil, un fleuve chargé de sens
Quatre jours glorieux.

Un hommage spécial a été rendu au documentariste défunt Salah El-Tohami, pour le centenaire de sa naissance. Les responsables du festival ont prévu la projection de l’un de ses 30 films sur le Haut-Barrage d’Assouan, lequel a été récemment restauré et qui est en la possession de l’Organisme général de l’information. Celuici dispose d’un trésor enfoui renfermant des milliers de documents similaires, racontant l’histoire du pays en images. Il est d’ailleurs en train de les digitaliser pour mieux préserver ce qui en reste.

Le court métrage projeté pour l’occasion est intitulé Arbaat Ayam Maguida (quatre jours glorieux) ; il a été primé au Festival de Leipzig, à sa sortie, et traite de la dérivation du Nil réalisée en 1964, pour permettre les travaux du barrage. Après deux ans de travaux titanesques, le 15 mai 1964, l’ancien cours du fleuve a été fermé, annonçant le début d’une nouvelle ère et l’inondation définitive de terres ancestrales. Les images en couleurs de Salah El-Tohami ont essayé d’enregistrer les événements de ces quatre jours mémorables, avec la présence de Nasser à Assouan, entouré d’une population en lisse.

Journaliste et traducteur de plusieurs ouvrages de référence sur le cinéma, Salah El-Tohami, né en 1922, s’est vite converti à la réalisation de documentaires, reflétant assez fidèlement l’idéologie, les slogans et les grands projets de l’époque nassérienne. Il en était convaincu, ainsi que son équipe de travail regroupant de jeunes gens talentueux.

Après avoir obtenu un master en journalisme en 1949 à l’Université du Caire, il s’est rendu plus tard à Londres pour étudier l’art du documentaire. De retour, il a réalisé une centaine d’oeuvres dont entre autres une série de métrages sur l’énorme usine d’aluminium à Nagaa Hammadi en Haute-Egypte. Il a également séjourné en Syrie et y a tourné plusieurs films sur Damas, son musée, l’industrie textile, les stations balnéaires, etc.

Les pères du documentaire

El-Tohami, avec Saad Nadim et Abdel- Qader El-Telmissany ont vivifié l’art du documentaire, même si l’Egypte a connu le premier film du genre en 1924, avec un court métrage de 8 minutes réalisé par Mohamad Bayoumi, un pionnier du cinéma égyptien, qui a accompagné l’inauguration du tombeau de Toutankhamon.

Un air de nostalgie gagne la salle. Les images et la narration classique en voix off nous transposent dans les années 1960, celles des nationalisations, des lois socialistes, de la création de l’Organisme général du cinéma qui dépend du secteur public, des aides à la production et de la première promotion de l’Institut des études cinématographiques du Caire. Les critiques et spécialistes présents dans la salle déplorent l’état des lieux actuel, ainsi que le manque de circuits financiers qui permettent de développer l’art du documentaire, étant le parent pauvre du cinéma.

Alors qu’on s’interroge tous sur l’avenir hydrique de l’Egypte, les images du film rappellent que grâce au barrage, il a été possible jusqu’ici d’effectuer une péréquation entre années excédentaires et années déficitaires. Nous plongeons, tant bien que mal, en l’année 1964, lorsque le pays comptait 30 millions d’habitants.

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