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Metaverse : Dr Abdel-Wahab Ghoneim : La réalité virtuelle est le langage de demain

Nada Al-Hagrassy, Lundi, 03 janvier 2022

Dr Abdel-Wahab Ghoneim, conseiller du président pour la transformation numérique et vice-président de l’Union arabe pour l’économie numérique, revient sur les aspects positifs et négatifs du Metaverse.

Dr Abdel-Wahab Ghoneim

Al-Ahram Hebdo : Quelle est la réalité de cette nouvelle technologie du monde virtuel baptisée Metaverse ?

Abdel-Wahab Ghoneim : La réalité virtuelle gagne du terrain. Le Metaverse est l’évolution naturelle de l’actuel Internet avec toutes ses applications. C’est le langage de demain. Loin de se limiter au simple divertissement, l’impact du monde virtuel s’étend à plusieurs domaines : politique, économique, social et culturel. Le monde virtuel devient plus concret et plus proche de la réalité. Le monde réel y est incorporé grâce aux nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle. C’est ainsi que l’individu devient partie intégrante de cette réalité virtuelle. Il lui suffit de porter des lunettes 3D pour se retrouver dans un monde virtuel où il peut visiter le Louvre ou assister à un match de foot en Angleterre. Il est entouré de visiteurs et de fans comme lui et peut interagir avec eux dans ce monde multidimensionnel sans quitter son domicile au Caire. Le Metaverse va créer de nouveaux espaces sur Internet permettant une interaction entre les individus en 3D, abstraction faite des distances qui les séparent dans la réalité. Ce monde rêvé par Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, sera réalisable d’ici cinq ans, comme il l’a annoncé.

— Quel impact aura cette technologie sur l’économie ?

— Nous vivons actuellement l’ère de l’économie numérique, devenue la locomotive du développement durable. Le monde compte de plus en plus sur la technologie à tel point que la valeur marchande des 5 géants de la technologie (Facebook, Google, Apple, Samsung et Amazon) est évaluée à 7,5 trillions de dollars, soit 8 % du PIB mondial et plus que le double du PIB des 22 pays arabes réunis. De même, le monde a dépensé plus de 5,1 trillions de dollars pour promouvoir l’infrastructure numérique. Ce budget est supérieur à celui destiné à l’enseignement. Ainsi, il va sans dire que les sociétés technologiques sont les nouveaux maîtres du monde. C’est pourquoi il est impératif que nos entreprises locales suivent de près les dernières évolutions technologiques et repensent leur stratégie, en créant de nouveaux modèles économiques. Cela implique une transformation approfondie structurelle et culturelle, tout en renforçant les investissements numériques, afin d’obtenir une meilleure rentabilité. Ainsi, on peut fonder une université virtuelle où professeurs et étudiants interagissent comme dans une université réelle sans quitter leur maison. Ce qui économise les dépenses destinées à la construction des bâtiments et des laboratoires et à leur maintenance. L’Egypte peut également profiter de cette technologie pour augmenter le volume de ses exportations de 32 milliards à 100 milliards de dollars, rien qu’en créant une gigantesque plateforme en 3D pour les produits textiles en coton qui attirera une énorme clientèle.

— La présence accrue de cette technologie virtuelle n’augmentera-t-elle pas le taux de chômage ?

— Non. Elle modifie les besoins du marché de travail. Cette nouvelle technologie aura besoin d’une main-d’oeuvre hautement qualifiée qui sait comment la gérer. Donc, elle n’augmente pas le chômage. Au contraire, elle crée de nouvelles opportunités de travail loin des emplois traditionnels. C’est ainsi que la société Facebook, rebaptisée Meta, a annoncé le recrutement de 10 000 personnes pour réaliser et gérer la nouvelle phase de son projet numérique. Il en est de même pour toutes les plateformes numériques géantes comme Amazon et Alibaba. Raison pour laquelle l’Egypte doit moderniser ses programmes scolaires pour être en mesure de répondre aux exigences du nouveau marché de travail.

— Comment l’Egypte profite-t-elle de cette évolution technologique ?

— Elle en profite énormément, surtout avec le lancement de l’initiative « L’Egypte numérique » en 2018 à laquelle j’ai eu l’honneur de prendre part. Le Conseil des ministres a voulu moderniser la base de données du pays pour la remettre à nos ambassades à l’étranger et aux différentes organisations internationales et régionales. Le but est de montrer à quel point l’Egypte a évolué et a développé son infrastructure en créant des réseaux routiers et des villes gérées par l’intelligence artificielle comme la Nouvelle Capitale administrative et la ville d’Al-Alamein. Il était important de joindre à cette base de données des images en 3D (futur Metaverse) pour montrer à ces organisations les énormes exploits réalisés par l’Egypte. Ces organisations disposaient d’anciennes bases de données qui pouvaient être falsifiées ou manipulées. Mais la situation est toute autre maintenant après le développement d’un nouveau système de préservation des données. Ce qui fait que toute tentative de manipulation est vite détectée et suivie. Il ne faut pas oublier non plus que l’Egypte a franchi d’importantes étapes dans la numérisation de ses services. Tous les services gouvernementaux sont offerts aux citoyens via Internet. Cette numérisation a porté un coup dur à la corruption et aide à réaliser le principe de l’inclusion financière. L’Egypte a également développé son infrastructure technologique pour pouvoir naviguer de concert avec toute évolution technologique. La vitesse d’Internet est passée de 5 à 40 mégabytes/seconde dans les anciennes villes alors que dans les nouvelles villes intelligentes, la vitesse d’Internet atteindra 100 à 200 mégabytes/seconde. C’est la vitesse standard dans le monde entier.

— Quel est l’impact négatif de cette nouvelle technologie virtuelle ?

— Elle augmente la tendance à l’isolement et la désintégration familiale. Si une personne de souche modeste vivant dans un pays sous-développé vit virtuellement une réalité contraire à sa vraie réalité, cela peut lui causer un choc et un refus de sa vraie réalité, ce qui peut engendrer des réactions violentes. C’est pourquoi il est impératif que les sociologues et les psychologues joignent leurs efforts pour étudier l’impact négatif que pourrait engendrer la réalité virtuelle sur la vie des gens, surtout ceux dont la vraie réalité est radicalement opposée à la réalité virtuelle.

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