C’est une tentative d’un nouveau genre qu’a entreprise cette semaine l’Arabie saoudite pour mettre un terme à la crise syrienne. Une tentative faite auprès de Moscou : lâcher Bachar Al-Assad en échange d’un énorme contrat d’armement. Le prince Bandar ben Sultan, influent chef des services de renseignement saoudien, dont le pays est un appui de poids à la rébellion syrienne, a ainsi rencontré le président russe, Vladimir Poutine, pour lui expliquer que Riyad était prêt à aider Moscou à jouer un rôle plus important au Moyen-Orient, au moment où les Etats-Unis se désengagent de la région. Aussi, a-t-il proposé d’acheter pour 15 milliards de dollars des armes à Moscou et d’investir considérablement dans ce pays. Mais pour le moment, l’offre alléchante n’a pas encore séduit Moscou. « La Russie s’inquiète pour ses intérêts qui sont liés à la présence d’Al-Assad. Ce dernier avait refusé plusieurs fois de signer avec le Qatar un projet de gazoduc reliant le Golfe à l’Europe en passant par la Syrie, pour ménager les intérêts de son allié russe. La Russie est le premier fournisseur gazier de l’Europe. Elle craint pour ses intérêts si un autre régime s’installe au pouvoir en Syrie », explique Rabha Allam, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.
Ainsi, la question est avant tout une affaire d’intérêts. Pour priver Al-Assad de son soutien russe, il faut donc avant tout garantir à Moscou la préservation de ses intérêts, et c’est ce que Riyad a tenté de faire.
Parallèlement à l’initiative saoudienne, les efforts se poursuivent pour tenter d’organiser Genève-2. La Russie et les Etats-Unis ont à nouveau annoncé qu’ils étaient d’accord sur la nécessité d’organiser dès que possible une conférence de paix sur la Syrie, a assuré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, après une rencontre avec son homologue, John Kerry. « Nos opinions sont les mêmes : quoi qu’il arrive, nous devons convoquer la réunion Genève-2 dès que possible », a déclaré Lavrov. Ce dernier a précisé que des diplomates russes et américains se verraient à la fin du mois d’août pour discuter de l’organisation de cette conférence internationale sans cesse reportée depuis le mois de mai. Cette conférence doit reprendre les lignes d’un accord international signé à Genève le 30 juin 2012, mais jamais appliqué, dessinant les contours d’une transition politique en Syrie. Ce deuxième volet du « processus de Genève » devait initialement se tenir en juin, puis en juillet, mais souffre des désaccords majeurs sur son objectif et ses participants.
Lavrov était à Washington, accompagné par le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, pour une rencontre 2+2 avec le secrétaire d’Etat, John Kerry, et le secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, en pleine période de tensions diplomatiques entre les deux pays. « Sergueï et moi ne sommes pas toujours d’accord sur la Syrie », a expliqué Kerry, tout en ajoutant : «deux pays sont d’accord pour une solution politique négociée via Genève-2 ». Une solution toujours hypothétique .
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