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Hussein Abou-Saddam : Il faut étudier chaque village à part et prendre en compte la particularité de chaque région

Amira Doss, Mardi, 09 février 2021

3 questions à Hussein Abou-Saddam, président du syndicat des Agriculteurs.

Hussein Abou-Saddam

Al-Ahram Hebdo : Comment, d’après vous, ce projet de développement rural pourra améliorer la vie des habitants de ces zones ?

Hussein Abou-Saddam : Cela fait des décennies que nous attendons la naissance de ce projet. C’était un rêve inaccessible. Chaque villageois aspirait à avoir droit aux mêmes services, infrastructures et loisirs existant dans la ville. Nos enfants doivent souvent parcourir des kilomètres pour arriver à leurs écoles, sans compter le chemin non pavé et les moyens de transport à haut risque. Le plus proche dispensaire ou hôpital public est souvent situé en dehors du village. De longues années de déception, d’exode rural forcé de la part des jeunes qui cherchent leur avenir ailleurs. Et ceux qui ont un haut niveau d’éducation ont quitté les villages pour s’inscrire dans des universités de renommée, toujours un privilège des grandes villes. Même en sport, la plupart des champions d’Egypte sont originaires des villages. Pourtant, les zones rurales ne disposent ni de clubs sportifs, ni de centres de loisirs. Nous avons payé le prix de ce parti pris urbain.

— Quels sont les critères qui pourront décider de la réussite de ce projet ?

— Il faut étudier chaque village à part et prendre en compte la particularité de chaque région. L’enseignement technique doit améliorer les compétences de cette tranche de la population. La faible scolarisation dans ces milieux ruraux est révélatrice, car la qualité de l’enseignement est inadaptée aux besoins des villages qui ont plutôt besoin de formation technique. Il faut donc cibler d’autres priorités, à savoir créer des entreprises artisanales, des usines qui embaucheront une main-d’oeuvre locale et apporter de l’aide aux petits agriculteurs. L’industrialisation doit englober en premier lieu la chaîne agroalimentaire et la commercialisation de produits agricoles. Par exemple, certains villages sont connus pour leur récolte en tomates. Il est donc évident de créer de petites usines exploitant ces ressources. En plus, l’absence de réseaux de stockage, de traitement de produits, de commercialisation ou de transports adaptés empêchent d’exploiter ce potentiel. Le développement des villages ne peut pas se construire uniquement autour de l’agriculture. Déterminer les ressources propres à chaque village qui lui permettent de se distinguer du village voisin.

— Quel rôle doivent jouer les habitants de ces milieux ruraux dans ce projet ?

— Le rôle des acteurs locaux est primordial dans ce processus de développement. Ils vont servir d’intermédiaires entre leur communauté et les preneurs de décision. Le rôle des jeunes et des femmes est très important : leur intégration dans la planification et la mise en oeuvre ainsi que dans les comités du suivi du projet. Ces personnes sont mieux placées pour exprimer les demandes spécifiques de leurs territoires. Elles peuvent proposer des idées pour de petits projets qui peuvent être applicables dans leurs villages tels que l’extraction de l’huile, la production de farine et d’autres produits locaux destinés à la vente. La participation des acteurs locaux nécessite une structure bien définie pour instaurer la confiance, promouvoir les idées et décider des priorités.

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