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Le Nil ne sera plus une décharge

Dalia Abdel-Salam, Mardi, 06 août 2013

Le ministère de l'Environnement et l'Entreprise nationale du transport fluvial viennent de lancer une initiative visant à empêcher le déversement, par les bateaux de croisière, de déchets dans le Nil.

Le Nil

Pendant des années, les bateaux de croisière sur le Nil ont déversé, sans le moindre scrupule, leurs déchets dans le fleuve. Une pratique qui n’est plus acceptable aujourd’hui, alors que le ministère de l’Environnement travaille depuis des années sur ce dossier. « Nous voulons arrêter la pollution du Nil occasionnée par quelque 283 bateaux de croisière. C’est pourquoi nous avons dernièrement demandé à un professeur émérite de la faculté d’ingénierie à l’Université d’Alexandrie, le Dr Shaher Sabet, de préparer une étude pour encore mieux évaluer les dimensions du problème et y remédier », commence Ikhlas Gamaleddine, chef du secteur de la qualité de l’Environnement au sein de l’Agence égyptienne pour les affaires de l’environnement.

Le problème de ces déchets déversés par les bateaux est apparu en 1982, après la promulgation de la loi 48/1982 sur la protection du Nil. « Quand cette législation a été promulguée, les bateaux de croisière étaient au nombre de 30, dont 20 grands et 10 petits », se rappelle-t-il.

Pour éviter la pollution du Nil, le ministère de la Santé a exigé l’installation d’un équipement spécial pour le traitement des déchets, fonctionnant 6 heures successives par jour dans les cales des bateaux. « De telles conditions étaient impossibles à tenir, et donc les traitements des déchets liquides n’étaient pas efficaces, ce qui m’a poussé, à l’époque, à envoyer des lettres aux ministres du Tourisme, de l’Irrigation et du Transport. Mais personne n’a réagi ! », souligne Dr Sabet.

Les inspections du ministère de l’Environnement ont toujours révélé que les équipements n’étaient ni utilisés, ni en panne, et les échantillons prélevés sur les déchets liquides n’ont jamais été conformes aux normes. « Ces inspections coûtaient à l’Etat 1 000 L.E. par visite, et le Nil de nos jours compte quelque 300 bateaux de croisière. Les échantillons prélevés à Louqsor ou à Assouan sont analysés au Caire, ce qui donne l’occasion aux bactéries de se multiplier dans l’eau durant le trajet. Les analyses ont toujours prouvé que les échantillons n’était pas conformes aux normes désignées par la loi, et les croisières en question payent des amendes allant jusqu’à 5 000 L.E. Il faut avouer que cela a encouragé les propriétaires de bateaux à verser des pots-de-vin aux inspecteurs pour éviter les sanctions. Alors, la situation a empiré », avoue Dr Sabet.

Meilleure solution au problème

Etant donné que le contrôle de la qualité de l’eau déversée dans le Nil est difficile, les experts ont conclu que la meilleure solution au problème était d’empêcher le déversement des eaux usées, traitées ou non, dans le Nil. Pour atteindre ce but, il fallait multiplier le nombre de quais pour recevoir les eaux usées des croisières. Selon Dr Ikhlas Gamaleddine, 6 quais seront prochainement créés : 3 à Louqsor, 2 à Edfou et un à Kom Ombo. Ils seront reliés au réseau de drainage sanitaire des villes et pourront gérer les déchets des croisières. « 6 quais est un nombre insuffisant. C’est pourquoi nous avons coopéré avec l’entreprise nationale Al-Nil pour le transport fluvial, (une entreprise dépendante des forces armées) pour préparer 7 barges qui aideront à se débarrasser des eaux usées, les ramèneront vers les quais, puis vers le réseau de drainage sanitaire », indique Dr Gamaleddine.

Pour s’assurer de l’efficacité de la solution, il était nécessaire de coopérer avec d’autres parties prenantes, telles que la Chambre des hôtels flottants et le gouvernorat de Louqsor. Cette coopération sera organisée par un protocole qui devrait être signé prochainement. « Les bateaux de croisière devraient donc disposer de réservoirs capables de contenir les quantités d’eaux usées produites et les conserver pendant 24 heures, soit la durée du trajet du Caire à Assouan », souligne Dr Shaher Sabet.

Ce problème de la pollution du Nil par les déchets des bateaux de croisière a beaucoup diminué après la révolution de 2011, puisque le taux d’occupation des bateaux était très faible — de 3 à 7 %, selon Dr Gamaleddine. Mais il faut se préparer aujourd’hui pour être capable de contrôler le problème demain, quand l’industrie touristique sera relancée. « Faire cesser le déversement des déchets dans le Nil est un pas important, mais il faut aussi et surtout que cela cesse dans les villages au bord du Nil. Car la quantité de déchets produits par les bateaux de croisière avec un taux d’occupation de 100 % reste inférieur à celle d’un seul village, où il n’y a pas de réseau d’égouts », conclut Dr Shaher Sabet.

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