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Pénurie d’eau, et si la solution tombait du ciel

Racha Darwich, Mardi, 03 mars 2020

Récupérer les eaux de pluie semble être l'une des solutions à la crise hydrique que connaît l’Egypte. Car les quantités de précipitations sur le pays seraient quasi égales à sa part des eaux du Nil. Des projets sont déjà menés dans les gouvernorats du Sinaï et de la mer Rouge.

Pénurie d’eau, et si la solution tombait du ciel
L’Egypte n’exploite que 1,3 milliard de m3 des eaux de pluie. (Photo : Hussien Fathi)

L’Egypte a connu une seconde vague de pluies torrentielles la semaine dernière sur l’ensemble du pays, notamment sur Le Caire, dont le trafic a été fortement perturbé. Cependant, ces pluies pourraient se transformer en un outil important pour affronter la crise hydrique que connaît l’Egypte.

Selon un rapport de la FAO (Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture), 51 milliards de m3 d’eau se déversent chaque année sur le pays. Un chiffre proche de la part de l’Egypte dans les eaux du Nil, fixée à 55 milliards de m3 depuis la signature de l’accord de 1959. L’organisation onusienne a mis l’accent sur la nécessité d’exploiter ses pluies, vu que les quantités qui se déversent sur la Côte-Nord suffisent pour cultiver 2 millions de feddans, et les pluies de la région de Ras Ghaleb 100 millions de feddans tout comme celles de Gabal Olba. « Malheureusement, l’Egypte n’exploite que 1,3 milliard de m3 des eaux de pluie. Ce sont celles qui tombent sur le delta. Par contre, dans les régions désertiques, nous n’avons pas de cours de rassemblement des pluies. Ce qui mène à la perte de ces eaux », explique Dr Nader Noureddine, professeur de ressources hydriques à l’Université du Caire, qui a recommandé la nécessité de créer des cours d’eau artificiels, afin de collecter les eaux de pluies dans les régions désertiques, et alimenter des réservoirs. Eau qui pourrait être ensuite utilisée pour l’agriculture ou pour la consommation.

Des réservoirs en mer Rouge et dans le Sinaï

Dans ce contexte, le ministère des Ressources hydriques et de l’Irrigation a lancé un plan ambitieux pour la collecte des eaux de pluie dans les gouvernorats du Nord-Sinaï et du Sud-Sinaï ainsi qu’en mer Rouge. C’est ainsi que 59 barrages et 15 lacs artificiels ont été construits dans le Sud-Sinaï et 8 barrages et 15 réservoirs dans le Nord-Sinaï. « Grâce à ces barrages, les pluies qui se sont déversées pendant plus de 12 heures en octobre dernier sur le Sud-Sinaï et qui ont atteint près de 5 milliards de m3 d’eau ont été orientées vers ces réservoirs artificiels et se sont transformées en un don au lieu d’être une malédiction », confirme le porte-parole du ministère des Ressources hydriques et de l’Irrigation, Mohamed Al-Sébaï. En effet, en 2016, les pluies torrentielles qui avaient frappé le gouvernorat de la mer Rouge avaient créé une véritable catastrophe, détruisant des habitations et des installations touristiques. Raison pour laquelle le gouvernorat de la mer Rouge a lancé en 2018 la construction de 16 barrages, 12 lacs artificiels ainsi que 11 murs de sable et des canaux artificiels. « Nous vivons une pénurie d’eau que nous devons surmonter en assurant d’autres ressources. Loin des eaux souterraines dont l’Egypte ne peut exploiter que 5,5 milliards de m3 au maximum pour ne pas affecter le sol qui est atteint de salinisation après un certain temps, il est impératif de profiter des eaux des pluies et de les emmagasiner dans des réservoirs pour en profiter par la suite », conclut Dr Nader Noureddine.

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