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Patrimoine : Sauver ce qui reste à Alep

Racha Darwich, Samedi, 29 février 2020

Avec sa grande mosquée, sa citadelle, ses souks et ses nombreux bâtiments anciens, Alep était un véritable musée à ciel ouvert. Mais la guerre a laissé son empreinte. L’heure est aujourd’hui à la restauration, une tâche longue et difficile.

Patrimoine : Sauver ce qui reste à Alep

Les huit années de guerre qui ont déchiré la Syrie n’ont pas seulement laissé leurs empreintes sur les hommes, mais aussi sur la pierre. Les trésors de sa longue civilisation ont profondé­ment souffert de la guerre. Les monuments syriens dans les régions de conflit, comme à Alep, ont été les plus touchés. Alors que certains ont connu de grands dégâts, d’autres ont complète­ment été rasés par les explosions, les raids et les combats. De nombreux sites archéologiques ont été pillés et des musées ravagés.

La Grande mosquée d’Alep, l’une des plus vieilles de Syrie, fondée vers l’an 700 sous le règne de Solayman Abdel-Malek, a été fortement endommagée. Quant à son minaret carré, un chef-d’oeuvre de l’architecture islamique, dont la construction s’est achevée en 1090, il a été entièrement détruit en 2013. Les terroristes ont fait exploser le minaret, incendié la bibliothèque avec tous ses manuscrits et volé la tribune depuis laquelle le cheikh donne son prêche, et dont l’unique réplique avait été incendiée à Jérusalem.

Derrière la mosquée, sur une colline élevée, trône la citadelle d’Alep. Construit en 1230, ce palais royal qui domine la ville est aujourd’hui en partie éventré, suite à l’explosion en juillet 2015 d’un tunnel situé dans la vieille ville. Son énorme portail en bois a été partiellement détruit et les traces des incendies sont encore visibles sur ses parois.

Avant le début de la guerre, le souk d’Alep s’étendait sur 17 km, sous des voûtes construites en pierre, dont la majeure partie datait du XIVe siècle. Situé au coeur de l’ancienne ville, ce marché était classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1986. Plusieurs sections du bâtiment ont été détruites à la suite des combats.

L’appel aux dons

Quant à la place Al-Hatab, située dans le célèbre quartier monumental Al-Guédida, elle a été complètement anéantie comme tous les hôtels historiques qui l’entouraient. Le luxueux hôtel monumental du Carlton a lui aussi été entièrement détruit en mai 2014. Abritant 90 chambres, l’hôtel était composé d’un vieux bâtiment qui servait d’hôpital au XIXe siècle et d’un autre bâtiment moderne. Les terroristes auraient creusé des tunnels sous les bâtiments pour y déposer des explosifs.

Des travaux de restauration de la mosquée ont été entamés mi-2017, grâce à un don de la Tchétchénie de près de 7 milliards de lires syriennes. Alors qu’une première estimation prévoyait que les travaux devaient s’achever dans un délai de 3 ans, jusqu’à présent, les résultats restes minimes.

Quant à la restauration du souk, elle avance à un meilleur rythme avec l’espoir de voir les marchands reprendre leurs places et que la vie renaisse dans la ville. « Mais les travaux de restauration sont très coûteux », rappelle Mahmoud Hamoud, directeur général des antiquités et des musées en Syrie, qui a appelé le monde entier à apporter son aide pour restaurer les monuments détruits en Syrie. Celui-ci a également pointé du doigt la Turquie, l’accusant de saboter les monuments et les sites archéologiques à Alep et Idleb. En effet, en juillet dernier, le Commissariat général des antiquités et des musées en Syrie avait appelé « les organisations internationales, les personnali­tés morales et académiques internationales concernées par la culture et toutes les personnes soucieuses de la civilisation humaine » à intervenir pour protéger le patrimoine culturel syrien et mettre un terme à ce qu’il a appelé « les agressions injustes des forces turques » sur les sites archéologiques de la campagne d’Alep.

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