Le premier Forum pour la paix et le développement durables, qui s’est tenu dans la ville d’Assouan les 11 et 12 décembre, constitue un nouveau mécanisme qui vient de s’ajouter à une série d’autres initiatives initiées par l’Egypte afin de garantir le caractère durable de la sécurité et du maintien de la paix dans le continent africain. Ces divers mécanismes s’inscrivent dans la vision égyptienne préconisant «
des solutions africaines aux problèmes africains ». A cet égard, l’Egypte a adopté plusieurs initiatives, dont l’une des plus importantes était les quatre éditions du Forum de l’investissement en Afrique, organisé chaque année depuis 2016. Le Forum d’Assouan sera aussi une plateforme annuelle pour la discussion des questions africaines de paix et de sécurité. De même, figurent les activités du Forum des jeunes arabo-africains organisé annuellement à Assouan.
Dans son discours sur la tribune du Forum d’Assouan pour la paix, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a fait allusion aux cinq principales menaces sur la sécurité et la paix du continent, à savoir le terrorisme, le trafic d’armes, le crime organisé, la migration illégale et les changements climatiques. Pour faire face à ces maux, la vision égyptienne préconise que les initiatives en vue d’instaurer la paix et le développement durables dans le continent se fassent en parallèle. Et ce, surtout à l’heure où le continent s’apprête à lancer l’initiative de « Faire taire les armes » qui constitue l’un des piliers de la mise en oeuvre de l’agenda 2063 de l’Union Africaine (UA).
Cinq mécanismes
En effet, les mécanismes égyptiens pour instaurer la paix et la sécurité en Afrique sont nombreux. Historiquement, la politique égyptienne a accordé à ces deux thèmes un intérêt particulier, et ce, à travers plusieurs niveaux allant d’initiatives officielles aux contributions internationales. Dans ce contexte, on peut énumérer plusieurs mécanismes et contributions égyptiens. Le premier s’inscrit au niveau des missions du maintien de la paix en Afrique : A ce niveau, l’Egypte a participé à 8 missions sur un total de 9 de maintien de paix dans différents pays comme la Côte d’Ivoire, la Centrafrique, la République démocratique du Congo, le Liberia, le Soudan du Sud, la région du Darfour au Soudan et le Mali. Selon le Centre des Nations-Unies pour les médias, l’Egypte contribue avec 3 000 soldats sous le drapeau des Nations-Unies dans un nombre de missions de par le monde. Ainsi, l’Egypte est le 7e pays mondial et le 1er pays arabe ayant contribué aux opérations de maintien de la sécurité internationale.
Le deuxième mécanisme se manifeste par l’adhésion de l’Egypte au « Conseil de paix et de sécurité » de l’Union africaine. En janvier 2016, l’Egypte a été élue membre du Conseil de paix et de sécurité de l’UA pour trois années, pour la région Afrique du Nord, après avoir obtenu 47 voix sur les 54 pays membres que compte l’UA. L’élection de l’Egypte au Conseil de paix et de sécurité de l’UA, qui a coïncidé avec celle comme membre non permanent du Conseil de sécurité, a permis à l’Egypte de jouer un rôle important dans la coordination entre les agendas de l’UA et des Nations-Unies dans le domaine de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Tout au long des deux années (2016 et 2017) au cours desquelles elle était membre non permanent du Conseil de sécurité 2016 et 2017, l’Egypte a organisé 30 événements dont certains ont eu lieu au Caire. Elle a accueilli des ateliers de travail et des stages de formation en coopération avec le Centre du Caire pour la résolution des conflits et maintien de la paix en Afrique (CCCPA) qui ont ciblé principalement les pays africains.
Le troisième mécanisme est justement incarné par ce centre qui dépend du ministère des Affaires étrangères. Parmi ses objectifs principaux, on peut citer : faciliter et soutenir les efforts diplomatiques préventifs et la résolution des conflits.
Faire face au terrorisme au Sahel
Le Centre régional pour la lutte contre le terrorisme dans les pays du rassemblement du Sahel et du Sahara constitue le quatrième mécanisme initié par l’Egypte pour soutenir la paix en Afrique. L’Egypte a déclaré le 24 juin 2018 l’achèvement de l’établissement du Centre régional pour la lutte contre le terrorisme dans les pays du rassemblement du Sahel et du Sahara qui est intervenu dans le cadre du renforcement de la coopération et du partenariat pour la lutte antiterroriste dans la région. Le centre s’étend sur une superficie de 14 300 m2 et il a été équipé de tous les appareils audiovisuels et des systèmes informatiques les plus sophistiqués afin de faciliter la coopération entre les Etats membres. Le centre a débuté ses activités le 8 décembre 2018 en accueillant les activités de la formation conjointe dans le domaine de la lutte antiterroriste entre les membres du rassemblement du Sahel et du Sahara à la base militaire de Mohamad Naguib. Et ce, en coopération avec des éléments des forces spéciales de l’Egypte, du Soudan, du Nigeria et du Burkina Faso.
Finalement, le cinquième se manifeste dans le Centre de la Reconstruction et du Développement post-Conflit (CRDPC) de l’UA. En marge du Forum d’Assouan, l’Egypte et l’UA ont signé un accord pour accueillir le Centre de l’UA pour la Reconstruction et le développement post-conflit (CRDPC) au Caire. L’idée de la création du centre avait été présentée par l’Egypte devant les réunions du conseil exécutif de l’UA tenu en Mauritanie le 30 juin 2018. L’ouverture du centre émane de la conscience de l’Egypte que le maintien de la paix et de la sécurité régionales ne se limite pas au volet sécuritaire consistant à préserver la paix, mais s’étend à la diplomatie préventive qui empêche le déclenchement des conflits. Enfin, vient la construction de la paix après l’aboutissement d’un accord de règlement global.
*Expert des affaires africaines
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