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Au coeur des bureaux de vote

Ola Hamdi, Mardi, 23 avril 2019

Le vote au référendum constitutionnel s'est déroulé sans incidents, souvent dans une ambiance festive. Reportage dans trois quartiers du Caire: le Vieux Caire, Hélouan et Maadi.

Photo: Yasser Al-Ghoul
Photo: Yasser Al-Ghoul

Dès les premières heures du scrutin, dans le vieux quartier du Vieux Caire, les électeurs se pressent aux urnes. Une ambiance festive règne dans les bureaux de vote de l’école secondaire d’Al-Fostat, bondée de monde, transformée en bureau de vote. L’entrée de l’école est décorée avec les couleurs du drapeau national: noir, blanc et rouge. Des chansons patriotiques et de sensibilisation appelant les Egyptiens à participer au vote se font entendre. Des policiers et des membres des forces armées sont présents en grand nombre devant les bureaux de vote afin de garantir la sécurité du processus électoral. Des jeunes volontaires portant des t-shirts sur lesquels est imprimé le slogan de la campagne de sensibilisation de participation au référendum, « Fais ce qui est juste », se chargent d’organiser les files. A 9 heures pile, les deux bureaux de vote ouvrent leurs portes pour accueillir les premiers électeurs qui peuvent consulter, en attendant leur tour, les panneaux accrochés sur les murs et indiquant les instructions sur comment voter correctement.

Samir, un comptable âgé de 45 ans, pense que voter en faveur des réformes est une nécessité pour assurer la stabilité et la sécurité du pays: « Je suis avec le prolongement du mandat du président afin qu’il puisse accomplir ses projets de réforme et éviter un gaspillage de temps et d’argent ». Pour Samira, une jeune femme au foyer de 30 ans, ce scrutin suscite beaucoup d’espoir. Elle assure que sa participation vise à apporter « un soutien » au président et espère que l’adoption de ces amendements mènera à « une amélioration de ses conditions de vie ». Outre les résidents du quartier, un grand nombre de non-Cairotes, originaires des gouvernorats, tels Béni-Soueif, Sohag et Fayoum, se rendent également en nombre aux urnes. En fait, la Commission électorale nationale a pris une mesure visant à faciliter la participation des provinciaux au référendum: le décret no 30 de l’année 2019 autorise aux électeurs qui ne se trouvent pas dans leurs gouvernorats à voter dans n’importe quel bureau de vote ou dans l’un des bureaux destinés aux non-résidents. Ce qui a épargné à de nombreuses personnes de rentrer dans leur ville ou village d’origine pour voter. Ceci s’est d’ailleurs traduit par une plus grande affluence. Le juge de ce bureau de vote estime que le taux de participation est élevé, 210 électeurs, selon lui, ont voté durant une heure et demie.

L’opération se déroule dans le calme. Un processus qui ne dépasse pas les 5 minutes pour chaque personne. Dans chaque bureau de vote, un juge et 4 assistants sont présents pour contrôler minutieusement le déroulement du processus. Selon les chiffres déclarés par l’Autorité nationale des élections, il existe au total 13919 bureaux de vote dans 27 gouvernorats supervisés par 15300 juges. 80 associations de la société civile, dont 22 étrangères, participent également à la supervision du référendum.

Discussions animées à Maadi

Photo: Reuters
Photo: Reuters

Il est midi. Dans le quartier chic de Maadi, cette banlieue située à une vingtaine de kilomètres au sud du centre-ville, le vote se poursuit mais dans une ambiance différente. Les discussions autour de l’importance des amendements constitutionnels animent les queues qui s’allongent devant l’école de Hadaëq Al-Maadi. Les lieux sont moins décorés. Et la majorité des électeurs est accompagnée par leurs familles, père, mère et enfants. Quant aux jeunes, ils viennent eux aussi en groupe pour participer au scrutin. Mohamad Mahmoud, un jeune de 30 ans employé à l’aéroport du Caire, pense que « les amendements de la Constitution sont équilibrés et renferment des points positifs, notamment ceux portant sur la représentation de la femme, des jeunes et des handicapés au parlement », dit-il. Ahmad et Ali, deux jeunes collègues travaillant dans une compagnie pétrolière, échangent leurs avis. « Parmi les articles amendés, je suis d’accord avec le retour du Sénat qui existe partout dans le monde pour enrichir la vie politique et accélérer la promulgation des lois. En outre, il constitue une bonne opportunité pour profiter des expertises des bons candidats qui n’ont pas pu gagner la bataille électorale du parlement », explique Ahmad. Pour Ali, l’article 104 est le plus important parmi les articles amendés: « Le prolongement de la durée du mandat présidentiel de 4 ans à 6 ans est le plus important pour moi. Il donnera au président l’occasion d’achever son plan de réforme qu’il a entamé il y a cinq ans ». Un autre jeune, en revanche, dit préférer l'alternance du pouvoir et affirme être inquiet quant aux articles relatifs aux instances judiciaires.

Forte affluence à Hélouan

Il est 15h. L’heure du repos sonne. Pourtant, les bureaux de vote de l’école du martyr Saber Abou-Nab qui se trouve juste à l’entrée de Hélouan, au sud du Caire, ne ferment pas leurs portes à cause de la forte influence des électeurs. Ici, c’est la fête. La rue est très agitée: des panneaux colorés envahissent les lieux, des minibus sillonnent les avenues avec des haut-parleurs pour appeler les citoyens au vote. Les jeunes du quartier qui dominent les queues représentent une force électorale non négligeable. Ahmad, âgé de 20 ans et étudiant en troisième année à la faculté de médecine, arrive avec ses collègues de la cité universitaire pour participer au référendum. « Nous participons aujourd’hui parce que c’est un devoir national. La voix des jeunes compte beaucoup aujourd’hui. Et nous, les jeunes, nous devons y participer pour un avenir meilleur de nos pays ». « Le plus important, c’est de participer, exprimer son avis, c’est un droit », renchérit l’un de ses camarades.

A quelques kilomètres, à l’école de Misr Al-Horra qui se trouve au centre de Hélouan, les femmes et les hommes âgés dominent la scène. Om Mohamad, mère de 5 garçons, révèle: « Je ne comprends pas grand-chose à la politique, mais je dis oui pour la sécurité. Dieu merci, le pays va dans la bonne direction ».

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