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L’opposition syrienne perd du terrain

Maha Salem avec agences, Mardi, 11 juin 2013

Tandis que l'armée syrienne se prépare à lancer une offensive sur Alep, la deuxième ville du pays, les rebelles refusent toujours la tenue d'une conférence internationale pour régler le conflit.

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L'armée syrienne se dirige vers Alep après Qousseir.

Après avoir reconquis Qousseir, l’armée syrienne s’apprête à lancer une offensive sur Alep (nord) avec l’appui du Hezbollah chiite libanais. « Il est probable que la bataille d’Alep commence soit dans les heures, soit dans les jours qui viennent, et ce en vue de récupérer les villages et les villes occupés (par les rebelles) dans la province », a déclaré un responsable des services de sécurité syriens. « La victoire à Qousseir a donné une lueur d’espoir au régime pour mener des combats sur les régions contrôlées par les rebelles. Profitant du haut moral de l’armée, le régime multipliera ses efforts en lançant des offensives vers des autres régions », explique Dr Rabha Allam, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, au Caire. Selon le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir, l’armée a « commencé à se déployer à grande échelle dans la province d’Alep, en préparation à une bataille qui sera livrée à l’intérieur de la ville et dans sa périphérie ».

Les rebelles avaient lancé la bataille d’Alep il y a près d’un an et depuis, des combats et des bombardements quotidiens secouent la ville, ex-capitale économique de Syrie.

L’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), qui s’appuie sur un réseau de militants et de sources médicales, avait rapporté vendredi que l’armée massait des « milliers de soldats » dans la région d’Alep, et que le Hezbollah avait envoyé « des dizaines de ses cadres pour former des centaines de Syriens chiites au combat ».

« Difficile de venir négocier »

Cette victoire rend de plus en plus difficile l’organisation et le succès d’une conférence internationale de paix sur la Syrie, déjà retardée plusieurs fois. « Le régime va être probablement moins enclin à faire des concessions suffisantes au cours de ces négociations et il devient plus difficile de persuader l’opposition de venir négocier », explique le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague. Ce dernier a souligné que d’intenses discussions ont lieu actuellement avec la Russie, les Etats-Unis et l’Onu, « mais il a trouvé préoccupant et déprimant que cette conférence n’ait pas lieu dans les semaines à venir, comme initialement prévu ».

La conférence dite Genève-2, voulue par Washington et Moscou pour tenter d’ouvrir des négociations entre régime et opposition en Syrie, était initialement programmée pour le mois de juin.

Mais faute d’accord sur une liste de participants, elle ne se tiendra pas avant juillet. Une nouvelle réunion préparatoire doit avoir lieu le 25 juin.

Refusant ces réunions, l’opposition syrienne a réaffirmé dimanche que les développements en Syrie, dont la prise de Qousseir par le régime et son allié libanais Hezbollah, fermaient la porte aux initiatives politiques. « Ce qui se passe aujourd’hui en Syrie ferme totalement les portes à toute discussion sur des conférences internationales et initiatives politiques, car la guerre déclarée par le régime et ses alliés de la région a atteint un niveau qu’on ne peut ignorer », a déclaré le président par intérim de la Coalition nationale de l’opposition, George Sabra.

Sabra a estimé que le peuple syrien ne pensait qu’à une seule chose : « épargner la mort à nos enfants ». Déjà le 30 mai, Sabra avait assuré que l’opposition ne participerait pas à une conférence internationale tant que « l’Iran » et le mouvement chiite libanais du Hezbollah soutiendraient le régime de Damas sur le terrain.

« Aujourd’hui, les vies des Syriens sont beaucoup plus importantes que n’importe quelle solution politique ou conférence internationale », avait-il dit.

Partageant cet avis, le secrétaire général de la coalition, Moustapha Sabbagh, a réitéré l’appel aux pays soutenant les rebelles à leur envoyer des armes pour faire face à la puissance de feu du régime d’Assad. « Nous avons répondu à toutes les craintes des amis, mais ce que nous avons eu en échange n’est que des promesses dont peu ont été honorées face à la machine de guerre de l’Iran et du parti de Satan (Hezbollah, ndlr) et à la poursuite de l’envoi de l’armement russe au régime fini », a expliqué Sabbagh .

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