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Nada Youssef, présente une solution aux fréquentes coupures d’électricité en Egypte

Manar Attiya, Lundi, 10 juin 2013

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Son projet dans le domaine de la lumière et de l’énergie, présenté à l’INTEL-ISEF (la Foire internationale de la science et de l’ingénierie), a remporté le premier prix régional et le second à l’échelle internationale. La compétition récompense chaque année les meilleures inventions de lycéens à travers le monde ; elle s’est déroulée à Phoenix (Arizona), aux Etats-Unis.

500 projets ont été primés sur les 1 500 présentés par des jeunes de 70 pays dont celui de Nada Youssef, une lycéenne de 16 ans. Elle a reçu un certificat de mérite, une médaille d’or et 1 500 dollars. Une belle réussite pour une jeune fille de son âge.

L’idée de ce projet lui est venue l’été dernier, lorsque Nada, sa famille et beaucoup d’Egyptiens ont commencé à souffrir des coupures d’électricité, devenues de plus en plus fréquentes ces derniers temps. Comme tout le monde, Nada a compris que ce problème était grave. « L’année dernière surtout en été, le réseau électrique a subi de fortes perturbations. Les coupures d’électricité avaient lieu plusieurs fois par jour et tout cela en pleine période de fortes chaleurs. Métro immobilisé, maisons et rues plongées dans le noir, Bourse perturbée … Avec une utilisation accrue de la climatisation et de l’éclairage, il y avait un besoin urgent de rationaliser l’électricité. Le système d’approvisionnement du réseau électrique s’étant avéré inefficace, il fallait réfléchir à d’autres alternatives pour régler le problème », dit la jeune fille.

Le projet de Nada est basé sur l’idée d’utiliser l’énergie solaire par le biais de panneaux solaires, un dispositif destiné à récupérer le rayonnement solaire pour le convertir en énergie électrique utilisée par l’homme. « Mon projet a prouvé que le rendement des panneaux solaires en courant électrique peut passer de 17 % à 33 %, et ce, par le biais d’une couche constituée de matières chimiques que l’on va ajouter aux cellules solaires. Ce qui réduit la perte d’énergie et multiplie le rendement de la cellule solaire », explique la jeune chercheuse. Pour la première fois, en juin 2012, Nada a participé à une exposition au Caire, ce qui lui a donné l’opportunité de participer à d’autres.

Nada n’était pas une jeune fille comme les autres. « Dès son plus jeune âge, elle était une passionnée de lecture et pouvait passer des heures et des heures à lire au lieu de jouer à la poupée ou à cache-cache. En révisant ses cours de sciences, elle se livrait à de petites expériences avec son père et aimait regarder les films scientifiques à la télé », relate sa mère, enseignante d’arabe qui l’a toujours encouragée, tout autant que son père, professeur de physique.

Originaire de la ville d’Assiout en Haute-Egypte, elle dénonce le faible niveau d’enseignement dans les écoles publiques de sa ville. « On n’a pas le droit de faire des expériences en laboratoire. Il y a peu d’écoles pour les filles, et celles qui veulent poursuivre des études sont obligées de partager les périodes de cours avec d’autres. C’est grâce à mon père si j’ai pu persévérer », confie-t-elle.

Son père l’a accompagnée durant son séjour aux Etats-Unis. « Le jury américain l’a surnommée le génie égyptien. A notre retour en Egypte, une délégation du ministère de l’Education nous a accueillis à l’aéroport », dit fièrement son père.

Néanmoins, la jeune lauréate n’est pas très satisfaite. Elle aurait aimé soumettre son projet à plus d’expérimentation pour démontrer son efficacité et le mettre en application. « Je n’ai pas pu le faire car en Egypte, le seul endroit où l’on peut mener ce type d’expériences c’est à l’Université égypto-japonaise à Alexandrie qui est trop loin de ma ville. De plus, il est difficile de trouver quelqu’un pour vous encourager et vous donner l’opportunité de mener de telles expériences », dit-elle avec déception.

Aujourd’hui, Nada désire voir son projet s’étendre dans toutes les villes d’Egypte. Ce jour-là, elle sentira que son travail a porté ses fruits .

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