Vendredi, 29 mars 2024
Al-Ahram Hebdo > Monde Arabe >

La Syrie : Daech joue ses dernières cartes

Maha Salem avec agences, Lundi, 11 juin 2018

Les forces de Damas ont réussi à chasser les djihadistes de Daech qui avaient lancé une nouvelle offensive contre la ville de Boukamal.

La Syrie  : Daech joue ses dernières cartes
Des soldats de l’armée syrienne lors des combats, vendredi à Boukamal. (Photo : AP)

D’intenses combats ont éclaté cette semaine dans le nord de la Syrie. Les forces pro-régime ont pu repousser une offensive du groupe djihadiste Daech. Ainsi, ce dernier a dû reculer aux limites de la ville de Boukamal où les combats se poursuivent. Auparavant, les djihadistes avaient repris une partie de cette ville-clé du nord du pays, en lançant une série d’attaques meurtrières, l’offensive la plus importante menée depuis des mois par l’organisation djihadiste.

« Les djihadistes ont reculé jusqu’aux limites ouest et nord de la ville, après de violents combats avec les forces pro-régime qui ont repoussé l’offensive avec l’arrivée des renforts ces dernières heures », a indiqué Rami Abdel-Rahmane, directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH). Les combats ont fait 30 morts parmi les forces du régime et leurs alliés, combattants du Hezbollah libanais et iraniens, a précisé l’ONG qui s’appuie sur un vaste réseau de sources à travers le pays. Si les forces du régime ont pu repousser Daech, il n’en demeure pas moins que cette offensive témoigne que le groupe terroriste n’a pas été complètement anéanti. « C’est un examen difficile pour les forces du régime et leur allié russe.

En lançant cette nouvelle offensive contre la ville de Boukamal, les djihadistes de Daech adressent un message clair qu’ils possèdent encore une certaine force, et qu’ils sont toujours soutenus. Par ailleurs, ils veulent montrer que les forces du régime ne sont pas si fortes que cela, une façon de les discréditer auprès de la communauté internationale », explique le politologue Ahmad Youssef, directeur du Centre des recherches et des études arabes et africaines. Cela dit, explique l’expert, « le fait que les djihadistes ont pu être chassés rapidement prouve que ce n’est que leur dernier souffle, après leur éviction par les forces loyalistes de leur dernier bastion près de Damas, le 22 mai. Daech veut prouver qu’il existe toujours et qu’il est capable de mener des attaques meurtrières et nuisibles. Ils profitent de la situation actuelle, les forces du régime étant occupées par les combats avec les rebelles dans la ville de Deir Ez-Zor ». Et selon l’analyste, l’objectif de Daech, qui sait pertinemment qu’il sera chassé par les forces gouvernementales, c’est d’inquiéter le régime syrien et la communauté internationale. « Le régime syrien doit changer sa stratégie et trouver un moyen de protéger les villes qu’il reprend des mains des rebelles ou des djihadistes », explique Dr Youssef.

Derniers retranchements

Daech avait perdu en novembre 2017 Boukamal, le dernier centre urbain qu’il contrôlait dans le pays après de multiples défaites infligées par le régime et ses alliés, d’une part, et les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis, de l’autre. Boukamal est située dans la province orientale de Deir Ez-Zor, à l’ouest du fleuve Euphrate, près de la frontière avec l’Iraq. Le régime vient de contrôler la ville de Deir Ez-Zor, chef-lieu de la province du même nom, mais aussi quasiment toute la rive ouest de l’Euphrate. Les FDS sont, pour leur part, stationnées sur la rive orientale du fleuve et cherchent toujours à chasser les djihadistes de leurs derniers retranchements dans la province.

Depuis son éviction en mai de son dernier bastion dans la capitale Damas, place forte du pouvoir, Daech a multiplié ses attaques contre les forces loyalistes. L’organisation terroriste, présente encore dans quelques poches dans le désert qui s’étend de l’est de Damas jusqu’à Boukamal, détient moins de 3% du territoire syrien selon l’OSDH, contre près de 50% fin 2016, à l’époque de son « califat » autoproclamé, après des offensives distinctes des forces pro-régime et des combattants anti-djihadistes soutenus par la coalition internationale menée par les Etats-Unis.

Le groupe djihadiste est depuis plus de deux semaines la cible de deux offensives concomitantes et distinctes dans la région à cheval entre les provinces de Raqqa et Deir Ez-Zor. Il a lancé la semaine dernière une offensive contre des villages tenus par le régime et ses alliés dans la vallée de l’Euphrate et a pris le contrôle de quatre localités situées sur l’axe routier reliant la ville de Boukamal à celle de Deir Ez-Zor. Mais cette fois, les forces du régime ont mené l’offensive sans l’aide de leur allié russe. En effet, grâce à l’intervention militaire dans les airs et au sol de son allié russe dans le conflit depuis septembre 2015, le régime du président Bachar Al-Assad a réussi à engranger des victoires face aux rebelles et aux djihadistes et a repris plus de 60% du territoire.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique