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L'envol attendu de l'Afrique

Page réalisée par Sabah Sabet, Mardi, 28 mai 2013

En dépit d'un bilan mitigé, les dirigeants africains ont célébré samedi le cinquantenaire de l’OUA (ancêtre de l'UA), misant désormais sur un essor économique.

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Les dirigeants africains doivent accélérer le processus d'intégration économique du continent. (Photo: AP)

Avec la coquette somme d’1,27 million de dollars comme budget et environ 10 000 invités, l’Afrique a fêté les 50 ans de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, (OUA) aujourd’hui l’Union Africaine (UA) lors d’un sommet tenu samedi dernier dans la capitale éthiopienne, siège historique de l’organisation. De nombreuses personnalités internationales étaient présentes à ces festivités, dont le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon, le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, le vice-premier ministre chinois, Wang Yang, le président français, François Hollande, seul chef d’Etat européen présent, ainsi que le secrétaire d’Etat américain John Kerry.

« Les pères fondateurs (de l’unité africaine) s’étaient donné rendez-vous pour constituer l’Organisation de l’unité africaine, à l’aube des indépendances il y a cinquante ans, et il est opportun que nous nous retrouvions aujourd’hui au moment où l’Afrique se redresse », a déclaré le premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, hôte du sommet. En effet, si à sa création le 25 mai 1963, cette première institution panafricaine se voulait un rassemblement de ces jeunes Etats fraîchement indépendants (ou sur le point de l’être), sa vocation a dû changer avec le temps. Et, depuis la création de l’UA en 2002, l’organisation a voulu se doter d’institutions plus ambitieuses.

Mais force est de constater que les aspirations des Africains sont souvent restées sans lendemain, et après cinq décennies, le bilan de l’organisation reste très mitigé, s’attirant de vives critiques de la part des observateurs et surtout des citoyens africains, dont les attentes restent déçues. « L’autosuffisance et l’indépendance économique que nos fondateurs évoquaient demeurent encore quelque peu hors de portée, et les inégalités sociales persistent », a reconnu la présidente de la Commission de l’UA, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma.

Un continent miné

Guerres civiles, rébellion, sous-développement, pauvreté, famine. Le continent noir détient malheureusement de tristes records. Dernièrement, la liste des crises qui perdurent depuis des décennies s’est allongée avec la crise au Mali. Le manque d’une forte « présence » ou d’une implication africaine plus vigoureuse au Mali a été beaucoup critiqué, au moment où la France prenait l’initiative avec son intervention militaire contre les groupes armés qui contrôlaient le nord du pays.

Qui plus, les espoirs de développement se heurtent aujourd’hui à une nouvelle donne qui vient s’ajouter aux nombreuses difficultés déjà existantes : la menace posée par les mouvements insurgés au Sahel, au Nigeria ou en Somalie. « Le terrorisme est désormais une menace sérieuse pour l’Afrique », a indiqué le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Teodros Adhanom.

« L’UA s’est montrée incapable ces dernières années de gérer les problèmes du continent. La crise post-électorale en Côte d’Ivoire et la crise malienne attestent avec éloquence de cette incapacité », estime Moussa Camara, éditorialiste du journal du mali.com. Pour faire face à ces crises, Hollande a pour sa part invité les chefs d’Etat africains à participer fin 2013 à Paris — a priori les 6 et 7 décembre — à un sommet consacré « à la paix et à la sécurité, et donc, d’une certaine façon aussi, à la lutte contre le terrorisme », a-t-il déclaré à la presse. En outre, si le nombre de guerres est globalement en baisse en Afrique, la situation socioéconomique, également en progrès, reste inégale. Au cours des 50 dernières années, les indicateurs de développement en Afrique — santé, éducation, mortalité infantile, croissance économique, gouvernance — se sont sérieusement améliorés, selon le Fonds Monétaire International (FMI). Certains de ses pays connaissent des croissances économiques parmi les plus rapides au monde. Mais, selon l’Indice de Développement Humain (IDH) des Nations-Unies, les douze pays les moins développés du monde sont en Afrique, et au sein des 26 pays de la queue du classement, un seul n’est pas africain : l’Afghanistan. Aujourd’hui, l’Afrique réfléchit à une vision de développement pour les cinquante années à venir. Un défi parmi de nombreux autres. L’Union africaine est, en effet, invitée à redoubler d’effort, et ce dans plusieurs sens : lutter contre le terrorisme, mettre fin aux conflits et accélérer le processus d’intégration économique du continent.

Au Caire, une autre célébration

« 50 ans d’unité africaine », tel est le thème de la conférence tenue le 22 et le 23 mai à l’Institut des études et recherches africaines à l’Université du Caire afin de célébrer l’anniversaire de l’UA. Plusieurs représentants des ambassades africaines au Caire, ainsi que l’ambassadeur de Zimbabwe au Caire, doyen de la diplomatie africaine, Eron Nekobi, ont assisté à cette conférence. La déléguée du bureau de l’Union africaine au Caire a lancé un mot sur le rôle de l’Union africaine pendant les 50 ans passés surtout en ce qui concerne sa lutte contre la colonisation. Elle a aussi rendu hommage aux fondateurs de l’organisation.

Des sujets importants ont été discutés lors de cette conférence, citant comme exemple l’urbanisation en Afrique. Les problèmes d’immigration et de réfugiés, les conflits régionaux, les problèmes de réformes politiques ont pris une grande part de ces discussions. « Cette conférence est une occasion de rassembler les experts et analystes afin de discuter des grands problèmes qu’affronte le continent et de proposer des solutions », a affirmé El-Sayed Gaber, président de la conférence et doyen de l’institut. Le Soudan et le Soudan du Sud, le rôle de l’Union africaine dans la résolution du problème au Darfour, les effets négatifs de la rupture avec le Soudan étaient les sujets les plus discutés le premier jour.

En outre, les moyens de développement et les possibilités d’intégration industrielle entre les pays africains ont occupé une part des sessions de discussion et plusieurs experts ont présenté leurs idées et leurs propositions pour l’envol économique de l’Afrique. « Le continent est plein de richesses et de ressources naturelles, on doit bien réfléchir, travailler et s’unir pour exporter ses trésors et fournir un vrai développement », a conclu le doyen de la diplomatie africaine au Caire.

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