L’attentat manqué contre le premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, le 13 mars dans la bande de Gaza, montre une fois de plus les difficultés de la réconciliation interpalestinienne. Alors qu’il devait inaugurer une station de traitement des eaux usées au nord de l’enclave palestinienne, Rami Hamdallah a été la cible d’une explosion et de plusieurs coups de feu. Le chef du gouvernement palestinien a dû écourter sa visite dans l’enclave palestinienne, et rentrer rapidement en Cisjordanie.
Le Hamas s’est empressé de condamner l’attentat, qui n’a pas été revendiqué. Et une enquête a été également annoncée par le groupe islamiste.
L’attentat est hautement révélateur de la tension qui continue à sévir entre le Fatah et le Hamas. Car, au-delà de l’attentat, c’est bien évidemment la réconciliation interpalestinienne qui est visée. En dépit de l’accord de réconciliation, conclu au Caire le 12 octobre dernier et en vertu duquel le Hamas s’engage à remettre à l’Autorité palestinienne le pouvoir dans la bande de Gaza, les rivalités entre les deux mouvements palestiniens n’ont jamais cessé. Le transfert des compétences du Hamas à l’Autorité palestinienne, surtout en matière de sécurité et du contrôle des postes frontaliers, ne s’est pas déroulé sans accrocs. La non-renonciation du Hamas à sa force militaire fragilise l’accordde réconciliation. Et à Gaza, l’animosité reste grande envers le Fatah.
En juin 2007, le Hamas prenait le pouvoir dans la bande de Gaza et, après de violents affrontements, en chasse l’Autorité palestinienne, dominée par le Fatah. Le mouvement islamiste palestinien gouvernait alors sans partage l’enclave palestinienne. Mais Gaza est soumise à un sévère blocus israélien, et le Hamas fait face à de sérieuses difficultés, surtout après la chute du régime des Frères musulmans en Egypte dont il avait le soutien. Isolé sur la scène politique internationale, affaibli et recherchant de nouveaux appuis, le Hamas conclut l’accord de réconciliation avec son rival de toujours en 2017, avec l’espoir de se débarrasser du fardeau économique de Gaza. Il refuse toutefois de renoncer à sa force militaire et reste réticent en ce qui a trait à l’application de certains termes de l’accord. Le sort des Brigades Ezzeddine Al-Qassam, la branche armée du Hamas, reste l’une des principales pommes de discorde entre les deux mouvements palestiniens.
Tandis que l’Autorité palestinienne demande au Hamas d’autoriser le gouvernement de consensus national de Rami Hamdallah à exercer la pleine autorité à Gaza, le mouvement palestinien affirme que « cela est déjà fait » et demande à aborder d’autres questions comme la réforme de l’OLP et les élections. Le bras de fer entre les deux frères ennemis n’est pas près de prendre fin.
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