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Pressions occidentales, opiniâtreté syrienne

Abir Taleb avec agences, Mardi, 06 mars 2018

La Syrie poursuit son offensive contre la Ghouta orientale. Moscou est appelé à faire davantage de pression sur Damas.

709 civils morts depuis le début de l’offensive du régime contre la Ghouta orientale, le 18 février, selon le directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel-Rahmane. Soit 200 de plus depuis la résolution onusienne — adoptée le 24 février— appelant à un cessez-le-feu, et la trêve quotidienne de plusieurs heures censée permettre l’évacuation des civils ainsi que l’entrée d’aides humanitaires.

Ce n’est que lundi 5 mars que le premier convoi, comprenant une quarantaine de camions chargés d’aide médicale et de nourriture pour quelque 27500 personnes, est entré dans la Ghouta, « enfer sur terre », a estimé le chef de l’Onu. Mais le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Onu (Ocha) a toutefois précisé n’avoir « pas été autorisé à charger de nombreuses aides médicales vitales ».

Aucune aide ne peut entrer dans la Ghouta orientale sans le feu vert du régime et les dernières à être parvenues aux habitants remontent à la mi-février. Au total, l’Onu a reçu les autorisations nécessaires pour distribuer des aides pour « 70000 personnes», et un second convoi est prévu jeudi 8 mars.

Ces aides interviennent alors qu’une trêve quotidienne de cinq heures a été décrétée par Moscou, il y a une semaine, dans la Ghouta. L’initiative, qui n’est que partiellement respectée, n’avait pas permis jusque-là l’évacuation de blessés et de civils, ou l’entrée de convois humanitaires. Malgré cette trêve, le régime poursuit ses raids aériens et tirs d’artillerie. Dans une tentative de justifier la poursuite des raids, le président syrien, Bachar Al-Assad, a déclaré, dimanche 4 mars: « Il n’y a aucune contradiction entre la trêve et les combats ». Assad a aussi prévenu que l’offensive « doit se poursuivre ».

Le régime a fait le même jour sa première annonce officielle concernant cette opération au sol. L’armée syrienne a « progressé sur plusieurs fronts », a dit une source militaire citée par l’agence officielle Sana, alors que depuis plusieurs jours déjà les combats sur le terrain s’étaient intensifiés. Les forces du régime ont ainsi capturé des secteurs dans l’est et le sud-est de l’enclave, jusqu’à prendre le contrôle de « plus du tiers » du fief rebelle, selon l’OSDH. Les forces de Damas seraient, toujours selon l’OSDH, à 2 km seulement de Douma, la grande ville de la Ghouta, cible de raids aériens, et ont pris pied dans le centre de l’enclave.

Le Drian à Téhéran

Damas est donc déterminé à reconquérir la Ghouta, mais aussi l’intégralité du pays. Le pouvoir contrôle désormais plus de la moitié du territoire. Et si le régime s’obstine malgré les critiques occidentales, c’est qu’il s’appuie sur le soutien de Moscou, son grand allié. C’est pour cela que les capitales occidentales tentent de faire pression sur Moscou afin que ce dernier fasse à son tour pression sur Damas. C’est dans ce cadre notamment que s’inscrit la visite, lundi 5 mars à Téhéran, du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.

A la veille de cette visite, le président français, Emmanuel Macron, a appelé son homologue iranien, Hassan Rohani, et lui a demandé « d’exercer les pressions nécessaires » sur le régime syrien pour faire cesser les attaques contre la population civile. Lors de cet entretien téléphonique, les deux dirigeants ont aussi « marqué leur accord pour travailler ensemble de manière opérationnelle dans les prochains jours afin d’obtenir avec l’Onu, en lien avec le régime de Damas et les principaux pays engagés en Syrie, des résultats sur le terrain, livrer l’aide nécessaire aux civils et rendre effectif le cessez-le-feu », selon l’Elysée.

La Maison Blanche a, de son côté, été plus virulente. Dans un communiqué officiel, celle-ci a déclaré sans équivoque: « Les Etats-Unis condamnent l’offensive que le régime d’Assad, soutenu par la Russie et l’Iran, mène contre la population de la Ghouta orientale ». La Maison Blanche a aussi accusé la Russie d’ignorer la résolution du Conseil de sécurité de l’Onu votée le 24 février et affirma que la Russie tue « des civils innocents sous le faux prétexte d’opérations contre-terroristes ». « La Russie et le régime syrien ont utilisé la même combinaison de mensonges et d’usage non discriminé de la force pour isoler et détruire Alep en 2016, où des milliers de civils avaient été tués », accuse-t-elle, appelant les forces pro-régime à « cesser immédiatement de cibler les infrastructures médicales et les civils dans cette campagne brutale dans la Goutha orientale ». Quant à la première ministre britannique, Theresa May, elle estime que le régime syrien et la Russie ont « la responsabilité écrasante de la souffrance humaine déchirante » dans la Ghouta orientale, a indiqué Londres dans un communiqué.

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