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Al-Azhar se mouille dans le débat

Karem Yéhia, Mercredi, 23 août 2017

Les déclarations d’Abbas Chouman, adjoint du grand imam d’Al-Azhar, dénonçant l’appel à l’égalité successorale entre les hommes et les femmes et l’autorisation à la femme musulmane de se marier avec un non-musulman, ont suscité de nombreuses réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux en Tunisie. Al- Azhar s’est ainsi exposé à des accusations dont notamment « l’ingérence dans les affaires tunisiennes ». « Il est normal qu’Al-Azhar, ou toute autre institution islamique, affiche sa position dans ce genre de questions considérées comme des sujets religieux généraux. Cela ne devrait pas être perçu comme une attaque, d’autant moins qu’il n’y a pas eu d’accusations contre les institutions religieuses tunisiennes », affirme Hichem Grissa, recteur de l’Université Ez-zitouna. « Il n’y a pas de susceptibilité entre les oulémas, mais plutôt une complémentarité harmonieuse », estime pour sa part Hamda Said, ancien mufti de la République de Tunisie. « Contrairement aux réactions négatives de certains Tunisiens, je me suis réjouis de la réaction de l’adjoint du Grand Imam, j’y ai vu un soutien et une motivation à l’intention des Tunisiens. D’un point de vue islamique toute personne a le droit de me prêcher et de me faire revenir à la raison », affirme-t-il.

Le secrétaire général du syndicat des Imams, Abdessalem Atoui, reconnaît, lui aussi, le droit des oulémas d’Al-Azhar de se prononcer sur ce genre de questions « tant qu’il n’y a pas d’ingérence dans les affaires intérieures d’un autre pays ». De son côté, Mohamed Cheteoui, directeur de l’Institut de théologie de Tunis, fait remarquer qu’Al-Azhar n’a affiché aucune position officielle. « L’adjoint du grand imam a donné son avis relativement à un sujet qui préoccupe les musulmans, cela ne justifie pas ce tollé. En tout cas, la question est débattue entre Tunisiens et il serait préférable que les avis provenant de l’étranger tardent un peu », ajoute-t-il. « Dans un monde ouvert, tout le monde a le droit de donner son avis, or, nous ne sommes pas concernés par les avis provenant de l’étranger. Nous considérons que c’est une affaire tunisienne et un débat intérieur entre les institutions de l’Etat. Nous avons Ez-zitouna comme référence, ainsi que l’avis de nos prédicateurs et oulémas. Nous réglerons cette question à l’intérieur de la Tunisie, avec la présidence et les institutions de l’Etat », affirme, quant à lui, l’ancien ministre des Affaires religieuses, Noureddine Khademi.

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