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Rosette s’embellit

Nasma Réda, Mardi, 22 août 2017

Considérée comme la ville la plus riche en monuments islamiques après Le Caire, Rachid fait l'objet d'un plan de réhabilitation visant à la transformer en musée à ciel ouvert. Les travaux sont déjà en cours.

Rosette s’embellit
La rue de Dahliz.

La ville de Rosette, la perle du nord, la petite rose nommée en arabe Rachid, se prépare à une réhabilitation complète. Cette ville célèbre grâce à la pierre de Rosette, découverte en 1799 et déchiffrée par Champollion, doit également sa notoriété à un patrimoine architec­tural qui la place au deuxième rang après Le Caire en ce qui a trait au nombre de monuments islamiques. Elle est également la quatrième au niveau mondial. « La ville était l’une des principales attractions tou­ristiques égyptiennes non seulement grâce à ses monuments islamiques hérités, surtout de la période otto­mane entre les XVIe et XIXe siècles, mais aussi en raison de son empla­cement unique entre le bras occi­dental du Nil et la Méditerranée », explique Mohamad Abdel-Latif, assistant du ministre des Antiquités.

En fait, un immense projet de réa­ménagement de la ville de Rachid a été lancé sur proposition du prési­dent de la République. C’était lors de la dernière conférence des jeunes, en juin dernier. Le but est de mettre la ville sur la carte touristique. « Les sites historiques et archéologiques de Rachid souffrent depuis long­temps du réseau de drainage de la ville, ainsi que des empiétements sur les alentours des bâtiments histo­riques. L’extension des bâtiments modernes a brisé la symétrie des maisons ottomanes à deux ou trois étages avec des façades en brique rose et noire, et des fenêtres à mou­charabiehs », souligne Abdel-Latif. Selon le directeur général des anti­quités de Rachid, Mohamad Al-Tohami, cette ville a un charme médiéval très remarquable avec ses 39 monuments qui varient entre mai­sons, mosquées, bains, citadelle et complexes.

Le projet de réhabilitation de Rachid comprend la restauration des bâtiments antiques et des édi­fices historiques, l’aménagement des rues, le développement du musée national de la ville et la restauration de la Citadelle de Qaïtbay. Il consiste aussi à aména­ger les 10 kilomètres qui s’éten­dent le long de la corniche du Nil et celle de la Méditerranée en for­mant des quais et des ports de plaisance et de pêche. Objectif : transformer la ville en un musée à ciel ouvert.

En fait, ce n’est pas la première fois que la ville de Rachid voit un tel projet de réhabilitation. Plusieurs tentatives de restauration ont eu lieu au cours des vingt der­nières années, mais elles n’ont pas permis d’obtenir les résultats vou­lus. « Certaines maisons anciennes ont été détruites en raison du déve­loppement non planifié de la ville », dit Tohami, qui est ravi de voir revivre le projet des années 1980.

C’est en 1985 qu’un plan de réa­ménagement avait été lancé pour restaurer quelques mosquées et demeures historiques. En 2008, un autre grand projet de restauration a débuté avec la restauration de nombreux édifices, ainsi que l’an­cien moulin et les bains de Azouz. Quelques travaux ont pris fin en 2009, mais sans aboutir à l’objectif espéré, celui de réhabiliter la ville.

Sept secteurs

Le plan actuel de réaménagement divise Rachid en sept secteurs.Le principal secteur est celui de la rue Dahliz Al-Moulk, où se trouvent de nombreuses mosquées et maisons anciennes comme la maison de Ramadan, de Moharrem, d’Abou­hom, d’Al-Gamal, de Orabi et de Elwan (voir encadré). Tandis que la rue Qandil, qui est au centre de la ville ottomane, abrite les mosquées de Cheikh Qandil, Galal Thabet, Al-Tourkatli, Zaghloul et d’autres. Les ruelles renferment aussi des demeures splendides comme la mai­son de Abdel-Rahmane Al-Mayzouni, bâtie en 1704, grand-père de Zobeida, femme du troi­sième général de l’Expédition fran­çaise d’Egypte, Jacques-François de Menou, et où elle a vécu avant son mariage avec son père qui était un grand marchand.

Selon Mohamad Al-Tohami, le complexe d’Al-Boussili, du nom d’un soldat de l’armée ottomane, est aussi un monument important puisqu’il comprend sa maison de trois étages qui abritait des armoires incrustées d’ivoire et de pierres pré­cieuses. Cette maison est liée à celle de Hassiba Ghazal, qui était réservée aux servants ainsi qu’au moulin d’Abou-Chahine et à une écurie. Le centre de la ville, qui abrite la mai­son de Arab Killi, aujourd’hui musée national de Rachid, forme un secteur à part (voir encadré).

Un autre secteur du projet de réa­ménagement situé au nord de la ville comprend la Citadelle de Qaïtbay et le port. Cette forteresse défensive côtière fondée vers le XVe siècle, par le sultan mamelouk Al-Achraf Qaïtbay, souffrait de négligence depuis des années.

Un travail collectif

Le ministère des Antiquités se charge de la restauration des monuments historiques, tandis que le gouvernorat, en coopération avec différents ministères, s’oc­cupe du réaménagement urbain. Il s’agit de transférer le marché de poissons loin de la rue Dahliz Al-Moulk, d’installer un nouveau réseau de drainage et un système d’éclairage. « Le ministère des Antiquités étudiera les moyens d’utiliser le Nil pour organiser des croisières fluviales afin de faciliter la visite des sites. De même, nous voulons transformer certaines rues en zones piétonnes », suggère Abdel-Latif. « Se balader dans les rues de Rosette est un véritable voyage dans le temps », ajoute-t-il.

En fait, les façades des maisons et des magasins dans les régions patrimoniales seront rénovées en fonction de leur valeur historique et archéologique. Des jardins seront cultivés et les routes menant aux sites archéologiques seront pavées. Des aires de repos seront construites, ainsi que des quais pour les felouques. La corniche de la Citadelle de Qaïtbay sera égale­ment réaménagée.

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