Al-ahram hebdo : Pourriez-vous décrire l’identité de NI Capital et préciser quel est son objectif ?
Achraf Ghazali : NI Capital est une société gouvernementale, créée et financée par la Banque d’investissement nationale et le ministère de la Planification depuis deux ans. Elle exerce trois activités principales : la gestion des actifs, l’activité de promotion et de souscription en Bourse et la gestion stratégique des projets. Nous avons travaillé sur 10 projets au cours des deux dernières années en termes d’étude et de commercialisation. Notre objectif est de diriger les actifs publics avec la mentalité du secteur privé. Bien que nous soyons financés par le gouvernement, nous avons sélectionné nos cadres parmi les dirigeants les plus distingués du secteur privé qui ont une grande expérience et sont en contact avec les grandes banques d’investissement internationales.
— D’où est venue l’idée de créer ce type de sociétés ?
— L’idée est née de la volonté de créer une banque d’investissement gouvernementale qui s’occupe des projets locaux en vue de maximiser ses rendements économiques et de rétablir l’équilibre, pour l’instant inexistant, entre les secteurs public et privé. Le module de gestion que nous suivons a réussi partout dans le monde, et en particulier en Pologne à la fin des années 1990.
— Le gouvernement a annoncé un programme d’introduction en Bourse (IPO) d’une dizaine de sociétés gouvernementales. Quel est donc le rôle de votre société dans cette opération ?
— Notre mission est d’étudier et de sélectionner les sociétés gouvernementales qualifiées pour les soumettre au processus d’émission en Bourse. Dans ce but, le ministère de l’Investissement a décidé de considérer NI Capital en juillet 2016 comme son conseiller gouvernemental. Depuis, nous avons passé au crible entre 580 à 600 entreprises parmi lesquelles nous avons sélectionné une cinquantaine pour la première phase. Nos critères d’évaluation étaient : la viabilité, la gestion des actifs, le degré de maturité de la gestion administrative de l’entreprise et ses potentiels projets d’expansion. Personnellement, je n’étais pas optimiste, mais une fois le processus d’évaluation entamé, j’ai été heureux de voir qu’il y avait un bon nombre de sociétés qui répondaient rigoureusement à nos critères, parmi lesquelles les 10 que nous avons sélectionnées pour la première phase de l’émission en Bourse. Parmi elles se trouve par exemple le géant pétrolier Enppi, qui est en tête de liste. Les ministères de l’Investissement et de l’Economie ont approuvé nos choix après avoir consulté les grandes banques internationales. Quant aux autres entreprises, elles ont encore besoin d’une restructuration administrative ou financière partielle avant de passer au stade de l’IPO.
— Quels sont les noms de ces sociétés et dans quels secteurs évoluent-elles ?
— Je ne peux pas dévoiler en détail les noms des sociétés sélectionnées, mais elles sont liées en grande partie au secteur pétrolier (ingénierie, raffinerie et pétrochimique) et celui du transport. Concernant la Banque du Caire, NI Capital est très loin de ce secteur qui reste sous l’égide de la Banque Centrale d'Egypte (BCE). Bien que le processus de son émission en Bourse ait commencé très tôt, en décembre 2016, elle en est au même stade de préparation qu'Enppi.
— Quel est l’objectif de ce programme gouvernemental ?
— L’objectif ultime de ce programme est de redynamiser la Bourse égyptienne en introduisant de nouveaux produits plutôt que de ne faire que de la vente. Au cours des 10 dernières années, le rapport de capitalisation boursière/PIB a chuté de 105 % en 2008 et se situe aujourd’hui entre 10 et 15 %. Cela signifie qu’il existe un nombre important de capitaux hors Bourse. Il est donc devenu important de renforcer la compétitivité du marché égyptien en injectant de nouvelles sociétés attractives, comme ENP qui jouit d’une bonne position financière et d’une réputation internationale. Ces nouvelles entrées vont aiguiser l’appétit des investisseurs nationaux et internationaux. Cette opération aura des répercussions positives sur la Bourse et, par conséquent, sur la situation économique en général.
— Certaines rumeurs affirment que cette entrée en Bourse pourrait donner l’occasion au gouvernement de se débarrasser de ces sociétés via la vente, pour combler le déficit budgétaire. Qu’en pensez-vous ?
— Nous ne sommes pas dans une démarche de privatisation, ce qui revient à vendre la société publique à un investisseur stratégique. L’actuel programme gouvernemental est complètement différent. Il compte lancer 20 à 30 % du capital des sociétés publiques en Bourse tout en gardant le plus grand quota d’actions et le contrôle de la gestion. L’objectif étant d’amener certaines sociétés à augmenter leurs capitaux via la Bourse pour financer leurs projets d’expansion au lieu d’emprunter aux banques à des taux d’intérêts trop élevés. C’est le consortium que nous avons sélectionné qui prendra la décision, après une étude minutieuse, quelle part de l’entreprise sera émise et sous quelle forme. Ainsi, une part des actions sera proposée aux employés de la société afin de renforcer le niveau de productivité en son sein. Quant à la recette de l’émission des 10 sociétés, elle ne sera pas utilisée pour combler le déficit budgétaire. Pour Enppi, c’est l’Organisme général du pétrole, détenant 97 % du capital, qui décidera, sachant qu’il est probable que ces bénéfices soient réinjectés dans d’autres projets pétroliers, au lieu de recourir à des emprunts bancaires.
— Quand exactement commencera le programme d’entrée en Bourse ?
— Il est très difficile de donner une date précise. Nous sommes actuellement dans la phase de préparation et de consultation avec le consortium sélectionné. D’habitude, l’émission des sociétés privées est lancée dès l’approbation de la décision d’émission par son assemblée générale dans un délai de 6 à 18 mois. Par exemple, l’émission de Raya holding a pris deux ans. Cette question est difficile pour les sociétés gouvernementales qui ont besoin d’obtenir de nombreuses approbations avant que la décision d’émission prenne forme.
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