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Achraf Ghazali : Le module de gestion que nous suivons a réussi partout dans le monde

Gilane Magdi, Jeudi, 27 juillet 2017

Achraf Ghazali, directeur exécutif de la société NI Capital, conseiller gouvernemental et responsable du Programme d’introduction en Bourse (IPO) des entreprises publiques, revient en détails sur ce programme mis en place par le gouvernement.

Achraf Ghazali
Achraf Ghazali

Al-ahram hebdo : Pourriez-vous décrire l’identité de NI Capital et préciser quel est son objec­tif ?

Achraf Ghazali : NI Capital est une société gouvernementale, créée et finan­cée par la Banque d’investissement nationale et le ministère de la Planification depuis deux ans. Elle exerce trois activi­tés principales : la gestion des actifs, l’activité de promotion et de souscription en Bourse et la gestion stratégique des projets. Nous avons travaillé sur 10 pro­jets au cours des deux dernières années en termes d’étude et de commercialisa­tion. Notre objectif est de diriger les actifs publics avec la mentalité du secteur privé. Bien que nous soyons financés par le gouvernement, nous avons sélectionné nos cadres parmi les dirigeants les plus distingués du secteur privé qui ont une grande expérience et sont en contact avec les grandes banques d’investissement internationales.

— D’où est venue l’idée de créer ce type de sociétés ?

— L’idée est née de la volonté de créer une banque d’investissement gouvernementale qui s’occupe des projets locaux en vue de maximi­ser ses rendements économiques et de rétablir l’équilibre, pour l’instant inexistant, entre les secteurs public et privé. Le module de gestion que nous suivons a réussi partout dans le monde, et en particulier en Pologne à la fin des années 1990.

— Le gouvernement a annoncé un pro­gramme d’introduction en Bourse (IPO) d’une dizaine de sociétés gouvernementales. Quel est donc le rôle de votre société dans cette opération ?

— Notre mission est d’étudier et de sélec­tionner les sociétés gouvernementales quali­fiées pour les soumettre au processus d’émis­sion en Bourse. Dans ce but, le ministère de l’Investissement a décidé de considérer NI Capital en juillet 2016 comme son conseiller gouvernemental. Depuis, nous avons passé au crible entre 580 à 600 entreprises parmi les­quelles nous avons sélectionné une cinquan­taine pour la première phase. Nos critères d’évaluation étaient : la viabilité, la gestion des actifs, le degré de maturité de la gestion admi­nistrative de l’entreprise et ses potentiels pro­jets d’expansion. Personnellement, je n’étais pas optimiste, mais une fois le processus d’évaluation entamé, j’ai été heureux de voir qu’il y avait un bon nombre de sociétés qui répondaient rigoureusement à nos critères, parmi lesquelles les 10 que nous avons sélec­tionnées pour la première phase de l’émission en Bourse. Parmi elles se trouve par exemple le géant pétrolier Enppi, qui est en tête de liste. Les ministères de l’Investissement et de l’Eco­nomie ont approuvé nos choix après avoir consulté les grandes banques internationales. Quant aux autres entreprises, elles ont encore besoin d’une restructuration administrative ou financière partielle avant de passer au stade de l’IPO.

— Quels sont les noms de ces sociétés et dans quels secteurs évoluent-elles ?

— Je ne peux pas dévoiler en détail les noms des sociétés sélectionnées, mais elles sont liées en grande partie au secteur pétrolier (ingénie­rie, raffinerie et pétrochimique) et celui du transport. Concernant la Banque du Caire, NI Capital est très loin de ce secteur qui reste sous l’égide de la Banque Centrale d'Egypte (BCE). Bien que le processus de son émission en Bourse ait commencé très tôt, en décembre 2016, elle en est au même stade de prépa­ration qu'Enppi.

— Quel est l’objectif de ce pro­gramme gouvernemental ?

— L’objectif ultime de ce programme est de redynamiser la Bourse égyptienne en introduisant de nouveaux produits plu­tôt que de ne faire que de la vente. Au cours des 10 dernières années, le rapport de capitalisation boursière/PIB a chuté de 105 % en 2008 et se situe aujourd’hui entre 10 et 15 %. Cela signifie qu’il existe un nombre important de capitaux hors Bourse. Il est donc devenu important de renforcer la compétitivité du marché égyptien en injectant de nouvelles socié­tés attractives, comme ENP qui jouit d’une bonne position financière et d’une réputation internationale. Ces nouvelles entrées vont aiguiser l’appétit des inves­tisseurs nationaux et internationaux. Cette opération aura des répercussions positives sur la Bourse et, par consé­quent, sur la situation économique en général.

— Certaines rumeurs affirment que cette entrée en Bourse pourrait donner l’occasion au gouvernement de se débarrasser de ces sociétés via la vente, pour combler le déficit budgétaire. Qu’en pensez-vous ?

— Nous ne sommes pas dans une démarche de privatisation, ce qui revient à vendre la société publique à un investisseur stratégique. L’actuel programme gouvernemental est com­plètement différent. Il compte lancer 20 à 30 % du capital des sociétés publiques en Bourse tout en gardant le plus grand quota d’actions et le contrôle de la gestion. L’objectif étant d’ame­ner certaines sociétés à augmenter leurs capi­taux via la Bourse pour financer leurs projets d’expansion au lieu d’emprunter aux banques à des taux d’intérêts trop élevés. C’est le consor­tium que nous avons sélectionné qui prendra la décision, après une étude minutieuse, quelle part de l’entreprise sera émise et sous quelle forme. Ainsi, une part des actions sera proposée aux employés de la société afin de renforcer le niveau de productivité en son sein. Quant à la recette de l’émission des 10 sociétés, elle ne sera pas utilisée pour combler le déficit budgé­taire. Pour Enppi, c’est l’Organisme général du pétrole, détenant 97 % du capital, qui décidera, sachant qu’il est probable que ces bénéfices soient réinjectés dans d’autres projets pétroliers, au lieu de recourir à des emprunts ban­caires.

— Quand exactement com­mencera le programme d’en­trée en Bourse ?

— Il est très difficile de donner une date précise. Nous sommes actuellement dans la phase de préparation et de consultation avec le consortium sélectionné. D’habitude, l’émission des socié­tés privées est lancée dès l’appro­bation de la décision d’émission par son assemblée générale dans un délai de 6 à 18 mois. Par exemple, l’émission de Raya hol­ding a pris deux ans. Cette ques­tion est difficile pour les sociétés gouvernementales qui ont besoin d’obtenir de nombreuses approba­tions avant que la décision d’émis­sion prenne forme.

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