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Défense nationale : Un pas en avant

May Al-Maghrabi et Ahmed Eleiba, Jeudi, 27 juillet 2017

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a inauguré la plus grande base militaire d'Afrique et du Moyen-Orient. Dédiée au président Mohamad Naguib, elle doit renforcer les capacités des forces armées face aux défis sécuritaires.

Défense nationale : Un pas en avant
Le président Sissi, accompagné de ses hôtes à bord d’une voiture ouverte, ont inspecté la base militaire.

A l’occasion de la commémoration du 65e anniversaire de la Révolution du 23 Juillet 1952, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a inauguré, samedi 22 juillet, la plus grande base militaire d’Afrique et du Moyen-Orient, située à Al-Hammam, à l’ouest de la cité portuaire de Marsa Matrouh, sur la côte méditerranéenne. Elle porte le nom de l’ancien président Mohamad Naguib, qui a renversé le roi Farouq en 1952 à la tête du groupe des Officiers Libres. « C’est en estime au rôle et à la mémoire du président Naguib et de la sublime Révolution de 1952 que cette base a été dédiée à son nom », a souligné le président Sissi.

Les images diffusées à la télévision publique montrent le président hissant le drapeau égyp­tien au-dessus de la nouvelle base militaire. Le premier ministre, Chérif Ismaïl, le ministre de la Défense, Sedqi Sobhi, ainsi qu’un certain nombre de leaders et d’ambassadeurs arabes, ont assisté à la cérémonie. Parmi eux : le prince héritier d’Abu-Dhabi, Mohammed Bin Zayed Al Nahyan, le prince héritier de Bahreïn, Salman Bin Hamad, le gouverneur de La Mecque, le prince Khaled Bin Fayçal, le ministre koweïtien de la Défense, Mohammed Bin Khaled Al Sabbah, ainsi que le maréchal libyen Khalifa Haftar, commandant suprême des forces armées libyennes. Ils ont tous assisté aux côtés du pré­sident Sissi à la cérémonie de graduation d’une promotion de 1 500 étudiants des facultés mili­taires. « Votre présence avec nous aujourd’hui est une preuve de notre union et de la coopé­ration entre nos pays pour relever les défis communs et faire face aux menaces qui pla­nent sur la région », a salué le président lors de son allocution.

Au cours de la cérémonie, un film docu­mentaire sur les exercices militaires conjoints entre l’Egypte et des pays arabes a été proje­té. A savoir, les exercices égypto-saoudiens Tonnerre du Nord, les exercices jordano-égyptiens, Al-Aqaba, les manoeuvres égypto-émiraties, les exercices égypto-koweïtiens et égypto-bahreïnis. Le président Sissi, accom­pagné de ses hôtes à bord d’une voiture ouverte, ont inspecté la base militaire et ont salué les troupes participant à la parade mili­taire. Par ailleurs, le président a inauguré, via vidéoconférence, trois nouveaux camps mili­taires dans différentes régions.

Lors de son allocution, le président s’est féli­cité de la nouvelle base militaire qui témoigne de la modernisation et du développement qu’a connus l’armée égyptienne. Evoquant les défis auxquels l’Egypte est confrontée, le président a précisé que l’Egypte mène la guerre sur deux fronts : la lutte contre le terrorisme et le déve­loppement économique et social. « L’ennemi mène une guerre cachée contre l’Egypte. L’ennemi n’a plus recours à l’affrontement direct, mais cherche à démoraliser le peuple. Des milliards ont été versés pour détruire l’Egypte. Or, je leur dis : vous n’êtes pas en mesure de vaincre l’Egypte, ni son peuple, ni nos confrères arabes », a martelé le président, avertissant les pays qui complotent contre l’Egypte. Faisant sans doute référence au Qatar, le président Sissi a mis en garde contre toute ingérence dans les affaires internes de l’Egypte. « L’Egypte est un grand pays de 100 millions d’habitants qui ne permettra jamais à qui­conque de s’ingérer dans ses affaires. Le peuple égyptien est le soutien des pays arabes en matière de développement et de paix, et n’a jamais été un soutien en matière de destruction, de meurtre et de complots », a dit le président. Le président a estimé que le terrorisme était un phénomène compliqué. Avec un ton plus ferme, il a évoqué l’importance de faire face aux pays qui soutiennent, financent et abritent les groupes terroristes. « Vous payerez le prix de ce que vous faites, il n’est pas question de le laisser passer. L’Egypte ne baissera pas les bras. Elle défendra la paix et combattra le terrorisme avec toute la force de son armée, sa police et ses intellec­tuels », s’est engagé le président. A la fin de son discours, il a tenu à remercier le peuple égyptien qui « supporte avec courage les répercussions de la réforme économique ».

Base stratégique

Défense nationale : Un pas en avant2

Bâtie à l’emplacement d’une ancienne cité militaire construite en 1993, la base Mohamad Naguib a été créée pour protéger la zone située à l’ouest d’Alexandrie. Elle a été conçue pour accueillir 20 000 soldats et compte 1 155 instal­lations, dont des casernes, des champs de tirs, ainsi que 72 champs de bataille pour les entraî­nements militaires. Elle renferme aussi 451 porte-chars, des hélicoptères, des vedettes et des systèmes de défense antiaérienne. La base est dotée d’une unité de production pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, et compte 379 fed­dans d’arbres fruitiers et des terrains agricoles d’une superficie de 1 600 feddans. Un musée commémorant le président Naguib y a été établi, ainsi qu’une mosquée pouvant accueillir 2 000 fidèles, une salle de gym et une salle de confé­rence équipée des moyens technologiques les plus modernes et pouvant accueillir 1 600 per­sonnes. Une base complémentaire sera consa­crée aux exercices militaires conjoints avec les armées d’autres pays.

Le ministre de la Défense, Sedqi Sobhi, a qua­lifié cette base de « fierté » pour l’armée égyptienne. Il a expliqué qu’elle est destinée à renforcer la protection du territoire qui s’étend à l’ouest de la deuxième ville du pays, Alexandrie. Dans la zone placée sous le contrôle de cette base se trouvera la première centrale nucléaire d’Al-Dabaa, dont la construction est prévue prochainement avec la participation de la Russie. La zone abrite également des gisements de pétrole et un port. « L’armée égyptienne est et sera toujours une armée patriotique forte. Elle restera un bou­clier défendant l’Egypte et les pays arabes », a déclaré le ministre de la Défense. Par ailleurs, il a annoncé l’inauguration d’une autre base près de la ville de Sidi Barrani, à environ 95 km à l’est de la frontière avec la Libye. Elle aura pour vocation d’assurer la sécurité à la frontière et d’empêcher la péné­tration sur le sol égyptien de terroristes, de migrants clandestins ainsi que d’armes et de drogues.

Renforcer les capacités de l’armée

Selon l’expert militaire Nasr Salem, la base militaire Naguib s’inscrit dans le cadre du ren­forcement des capacités militaires de l’armée égyptienne en vue de faire face aux menaces. Elle témoigne des développements qui ont eu lieu au sein des forces armées et peut être consi­dérée comme un hommage rendu aux fils des forces armées.

« Il s’agit en premier lieu d’un message dis­suasif à tout pays ou groupe terroriste cherchant à déstabiliser le pays. C’est aussi un message visant à rassurer les pays arabes, affirmant que l’Egypte est capable de défendre la sécurité de toute la région à un moment où celle-ci est frap­pée par le terrorisme et les complots », estime Salem. Il ajoute que cette base sert à sécuriser le détroit de Bab Al-Mandeb qui sépare Djibouti du Yémen et qui est crucial pour la sécurité du Canal de Suez. « La présence de la base dans le Désert occidental permet aussi de sécuriser les frontières ouest d’où s’infiltrent les éléments terroristes et les armes. C’est donc un renforce­ment stratégique de la présence militaire égyp­tienne aux frontières », ajoute l’expert. Il rap­pelle que la frontière égypto-libyenne constitue, depuis le lynchage du président libyen Khadafi, une menace pour la sécurité intérieure de l’Egypte. Le 26 mai dernier, l’aviation égyp­tienne a mené six frappes contre des camps d’entraînements terroristes en Libye après une attaque meurtrière contre les coptes en Egypte. « Aujourd’hui, la présence de la nouvelle base militaire accroîtra la sécurisation des frontières ouest », affirme Salem. Depuis son accession au pouvoir en 2014, le président Sissi s’était enga­gé à oeuvrer pour la reconstruction de l’armée. D’importants contrats d’achat d’armes ont été conclus avec plusieurs pays dont les Etats-Unis, la France et la Russie. Une politique rendue nécessaire, selon Nasr, par l’ampleur des menaces qu’affronte le pays dont le terrorisme qui frappe le Sinaï, ainsi que les menaces aux frontières avec la Libye, le Soudan et le Yémen vu l’instabilité que connaît toute la région. La sécurisation des projets nationaux géants est aussi un enjeu d’une grande importance.

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