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Clot bey, le père de la médecine moderne

Doaa Elhami, Mercredi, 19 juillet 2017

Clot bey, le précurseur de la médecine moderne en Egypte, a fait ses premières armes sur le sol égyptien. Portrait d'un jeune médecin hors du commun qui a révolutionné la médecine égyptienne.

Clot bey, le père de la médecine moderne
Les cours d'anatomie enseignés par Clot bey pour la première fois en Egypte.

Né à grenoble le 5 novembre 1793, Antoine Barthélemy Clot est le fils unique d’un sergentmajor de l’armée de la République et de Marie Bérard. Son père l’amène fréquemment dans les ateliers de réparation militaire. L’enfant, éveillé et particulièrement habile de ses mains, apprend rapidement à fabriquer de petits objets, dont une mandoline si bien faite qu’elle trouve acquéreur. Il soutient à Marseille, à l’âge de 26 ans, la thèse de son doctorat en médecine, et quatre ans plus tard, le jeune Antoine termine une autre en chirurgie, dont il est passionné. Clot est recommandé par le grand médecin et chirurgien André Léger François Cauvière au commerçant français Florent Tourneau, installé à Alexandrie et envoyé par Mohamad Ali, afin de recruter pour son armée des médecins de diverses spécialisations. Antoine emporte avec lui de nombreux livres de médecine et de chirurgie, se procure un squelette et achète une quantité considérable d’instruments de chirurgie.

Clot bey, le père de la médecine moderne
Clot bey a réalisé le plan de l'hôpital d'Abou-Zaabal, premier hôpital moderne en Egypte.

En Egypte, les activités du jeune Antoine Barthélemy sont nombreuses. Son séjour se divise en deux périodes, de 1825 à 1849, date de son renvoi par Abbass Helmi pacha du pays, et de 1856 à 1858, lorsqu’il est rappelé par Saïd pacha. Arrivé au Caire pour la première fois le 8 mars 1825, le jeune chirurgien met en place, en 15 jours, le Conseil de santé, chargé de superviser l’organisation générale du système de santé en Egypte.

Il installe aussi le Bureau central des hôpitaux, sous l’autorité du ministre de la Guerre. Ce centre assure la gestion, les besoins matériels et personnels et le financement des hôpitaux. Clot rejoint ensuite le camp militaire de Khanqa et son hôpital, situé au nord du Caire. Ce camp comprend entre 50 000 et 60 000 soldats. Quant à l’hôpital, qui tombe en ruine, il abrite entre 1 000 et 1 500 malades, dont l’état est déplorable et qui survivent dans de très mauvaises conditions. Clot commence à réorganiser les choses et à remettre de l’ordre en réhabilitant les locaux, recrutant des infirmiers qu’il place sous le contrôle des médecins arrivés avec lui et qui pratiquent la « médecine physiologique ». Enfin, il met en place des règles d’hygiène élémentaires et modifie radicalement l’alimentation des malades. En parallèle, Clot installe un réseau d’ambulance pour l’armée, afin de couvrir les besoins sanitaires de 4 000 hommes. Un autre hôpital est bâti à Abou-Zaabal, au nord-est de la capitale. Ce complexe est formé de deux constructions. La première renferme les salles des malades, les chambres des officiers hospitalisés, l’administration, le poste de garde et les différents magasins. Un jardin botanique sépare le premier bâtiment du second qui comprend les cuisines, la pharmacie, la salle de bain et l’amphithéâtre. Clot s’attelle à fonder une « école de médecine » dont la durée est de 5 ans.

Face à la peste et au choléra

Clot bey, le père de la médecine moderne
Clot bey a réalisé le plan de l'hôpital d'Abou-Zaabal, premier hôpital moderne en Egypte.

Après avoir résolu la barrière de la langue, le nouvel obstacle à l’enseignement de la médecine sont les cours d’anatomie. Disséquer des cadavres est indispensable pour le médecin-chef, mais complètement rejeté par les étudiants et les oulémas. Clot réussit à convaincre les oulémas d’exploiter les dépouilles des noirs. Les séances d’anatomie se passent en secret. Clot crée ensuite, en 1828, une école de pharmacie, une école vétérinaire, et enfin une école pour les sages-femmes en 1832. Il fonde également une école de médecine spécifique pour la marine à Alexandrie, annexée à l’hôpital général. Clot crée la vaccination antivariolique et réussit à stabiliser le choléra qui avait ravagé le pays. Mohamad Ali le félicite et lui donne le titre de bey. Il atteint le grade de « Mir allaï ». Il est aussi nommé chevalier de la Légion d’honneur.

Mais en 1834-1835, un autre fléau attaque le pays, la peste. Clot bey et ses collègues luttent contre cette nouvelle épidémie. Mohamad Ali lui accorde cette fois le grade de « Mir loua ». Clot bey publie plusieurs articles concernant ces deux épidémies. Il rejoint enfin Qasr Al-Aïni en 1837, suite à la guerre de Syrie.

L’hôpital de Khanqa est déserté, et celui d’Abou-Zaabal est rempli par des malades civiles. Quant aux militaires, ils partent pour Qasr Al-Aïni. Clot bey part en 1939 pour l’Italie avant de rejoindre Marseille où il épouse Charlotte Gavoty. Le nouveau couple retourne en Egypte où sont nés leurs trois enfants. Clot bey quitte l’Egypte sous le règne de Abbass Ier en 1849, et y retourne en 1856, suite à l’appel de Saïd pacha, qui le nomme premier médecin du vice-roi et inspecteur général du service de santé. Il s’emploie à nouveau, mais toujours avec la même passion, à reconstruire le système sanitaire du pays qui était complètement désorganisé. Cela lui prendra deux nouvelles années.

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