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Réda Hégazi : L’étudiant qui triche sera privé d’examen pendant deux ans

Ola Hamdi, Mardi, 30 mai 2017

La fuite d'examens du baccalauréat constitue chaque année un casse-tête pour le gouvernement. Réda Hégazi, président du secteur des examens du baccalauréat auprès du ministère de l’Education, fait le point sur les nouvelles mesures prises pour faire face à ce phénomène.

Réda Hégazi : L’étudiant qui triche sera privé d’examen pendant deux ans
Réda Hégazi

Al-Ahram Hebdo : Le ministère a annoncé une série de mesures destinées à éviter la fuite d’examens. En quoi consistent-elles exactement ?

Réda Hégazi : Le Conseil des ministres a formé un comité ministériel regroupant plusieurs ministères dans le but de sécuriser les examens du baccalauréat qui auront lieu du 4 juin au 24 juin. L’impression et le transfert des examens ont été confiés à une instance souveraine et un nouveau système de questions-réponses a été mis en place cette année. Les procédures de sécurisation des examens sont eux aussi différentes. Nous surveillons tous les sites Internet et les contrôlons, afin de remédier à toutes les failles qui ont facilité la fuite d’examens les années précédentes. Ce qui est arrivé l’année dernière était scandaleux et l’on ne permettra pas que ça se répète.

Les peines sur la fuite des sujets d’examen viennent d’être durcies. D’après vous, sont-elles dissuasives ?

— Le parlement devra approuver avant le début des examens d’importants amendements de la loi no 101 de l’année 2015 portant sur le durcissement des peines sur la triche. Les peines annoncées seront de 2 à 7 ans de prison et l’amende de 100 000 à 200 000 L.E. pour toute personne qui publie ou facilite la triche aux examens du baccalauréat. Ces amendements interdisent également le port de téléphones portables dans les salles d’examens.

Quelles peines risquent les étudiants tricheurs ?

— Il n’y aura pas de peines de prison ou d’amendes pour les étudiants. L’étudiant qui triche verra son examen annulé et sera privé d’examen pendant deux ans. Tout étudiant possédant un téléphone portable dans la salle d’examens sera lui aussi interdit d’examens pendant un an.

Des fouilles strictes seront appliquées à l’entrée des salles d’examen. Ne craignez-vous pas que cela ne retarde l’entrée des étudiants et ne diminue le temps imparti à l’examen ?

— Nous avons modifié les horaires des examens. Les élèves devront arriver à 8h au lieu de 9h afin d’avoir le temps d’effectuer des fouilles aux bâtons électroniques et de s’assurer qu’aucun étudiant n’a de téléphone portable. Je rassure les parents inquiets. Ces fouilles seront terminées avant l’heure du début de l’examen.

Comment les examens se passeront-ils pour les bacheliers qui ont des conditions particulières ?

— Le ministère a augmenté le nombre de centres d’examens spécialisés dans les hôpitaux et les prisons, afin que les étudiants malades ou emprisonnés puissent passer leurs examens. Car ces élèves ont le droit comme tous les autres de passer leur baccalauréat.

— Plusieurs avis remettent en question la capacité de ce nouveau dispositif à lutter efficacement contre la triche. Qu’en pensez-vous ?

— Il ne s’agit pas d’un nouveau système en soi, mais d’un changement de la forme des sujets d’examens qui garantiront des examens sans triche. Les sujets varieront entre des questions à choix multiples, des questions à compléter et des questions en vrai ou faux. Contrairement à l’ancien système, il n’y aura pas d’expression écrite. Seules quelques réponses à rédiger demanderont la rédaction de quelques lignes. Pour contrer les fraudes, le nouveau système prévoit que les questionnaires distribués dans une même salle d’examens seront différents. Cependant, la différence demeurera dans l’ordre des questions, pas dans le contenu du questionnaire. Il sera désormais très difficile pour les tricheurs de photographier les 20 pages que compose le nouveau feuillet d’examen et de les envoyer via la 3G comme auparavant.

— Après avoir passé l’examen du bac blanc, les étudiants ont formulé des remarques. Le ministère les a-t-il prises en compte ?

— Oui. Le but de ces examens blancs était d’entraîner les élèves aux nouveaux sujets et de découvrir les difficultés ou les problèmes à solutionner. Parmi les remarques des élèves, figurent le manque d’espace consacré aux réponses à rédiger et le manque de temps par rapport aux nombres importants de questions. Le ministère a donc décidé d’augmenter les espaces dédiés aux réponses et de réduire le nombre de questions, qui est passé de 60 à 45.

Existe-t-il d’autres mesures rassurantes pour les parents ?

— Nous avons créé un numéro WhatsApp (01005103349) pour recevoir les questions et les plaintes des parents et des élèves. Ce numéro nous permet de même de faire un lien avec la population, qui peut également signaler toute page de fraude électronique sur ce numéro. A cela, s’ajoute la hotline du ministère 19126, destinée également à recevoir les plaintes des parents. Mais je voudrais également demander à ces parents de garder leur calme et de ne pas transmettre leur stress à leurs enfants en ces périodes d’examens.

Chaque année, des erreurs ont lieu lors de la correction des examens et au moment d’attribuer les notes finales aux élèves. Quels dispositifs ont été mis en place pour y remédier ?

— Afin de remédier à ce problème, nous avons pris la décision que le correcteur de chaque matière doit être un enseignant de cette matière. Les questions et les réponses sont plus courtes cette année, ce qui va faciliter la correction. Et un comité appelé « comité de qualité », formé par des membres du Conseil national des examens et de l’évaluation éducative, va être créé pour contrôler la notation de toutes les copies d’examens.

Le système d’admission aux universités qui ne compte que sur la moyenne finale du baccalauréat restera-t-il le seul critère d’évaluation ?

— Varier les critères d’admission de l’étudiant est le but de la réforme du système des examens du baccalauréat. La copie d’examen doit couvrir les grandes lignes et les concepts importants du programme plutôt que de rentrer trop en détail dans chaque question. L’examen doit évaluer la compréhension réelle du programme par l’élève et non vérifier sa capacité à apprendre tout par coeur et sans comprendre. Mais, en effet, ses efforts ne seront pas suffisants pour réformer en profondeur le système d’admission en faculté, qui devrait être doublé, par exemple, d’un concours d’entrée indépendant.

Quand va réellement commencer la mise en place du nouveau système éducatif ?

— La réforme du système éducatif débutera dès l’année prochaine, pour la 1re et la 2e secondaire, dont nous allons diminuer les programmes afin de dédier plus d’heures à la recherche personnelle et à la constitution de petits exposés. L’objectif est de lutter contre le parcoeurisme et d’aider les élèves à construire une réflexion personnelle et nourrie. Des activités vont notamment être mises en place pour pousser les élèves à utiliser les bases des données comme Internet, les grandes encyclopédies du Web et les livres des bibliothèques.

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