Vendredi, 29 mars 2024
Al-Ahram Hebdo > Monde Arabe >

Négociations sous pression

Maha Salem, Mardi, 25 septembre 2012

Les deux présidents se sont rencontrés dans l’espoir de mettre fin aux combats dans les zones frontalières. La communauté internationale fait son possible pour mettre un terme à un conflit vieux de près de 50 ans.

Négociations sous pression

Sous la pressioninternationale, les présidents des deux Soudan ont entamé dimanche dernier à Addis-Abeba des négociations directes pour mettre un terme aux tensions grandissantes depuis l’indépendance du Sud-Soudan. Organisées sous les auspices de l’Union Africaine (UA), les discussions entre les deux belligérants — le Soudanais Omar Al-Béchir et son homologue du Sud-Soudan Salva Kiir — doivent aboutir à un accord avant la fin de la semaine dans la capitale éthiopienne.

« Il y a toujours des différences, mais les équipes (de négociateurs) travaillent à rapprocher les écarts entre les deux présidents », a déclaré le porte-parole de la délégation sud-soudanaise, Atif Kirr.

Avis partagé par le porte-parole de la délégation soudanaise, Badr Al-Din Abdullah, qui a reconnu qu’il existait quelques différences, mais que tous les problèmes étaient sur la table. Pour la première fois, l’état d’esprit au sein des délégations participant à ces discussions semble positif. Khartoum et Juba, semblent apparemment désireuses de mettre un terme à un conflit qui a stoppé la production pétrolière des deux pays.

La communauté internationale presse les deux chefs d’Etat de trouver un accord global sur les questions laissées en suspens par l’accord de paix de 2005, accord qui a mis fin à des décennies de guerres civiles entre rebelles du sud et gouvernement de Khartoum et a débouché sur l’indépendance du Sud-Soudan, en juillet 2011.

L’Onu avait fixé une date butoir pour la tenue de négociations qui a expiré samedi 22 septembre. Les Nations-Unies exigent des deux présidents qu’ils résolvent les problèmes-clés apparus lors de la création du Sud-Soudan. Cette date butoir a été annoncée par l’Onu, alors qu’éclataient de violents incidents frontaliers en mars derniers, lorsque les troupes sud-soudanaises appuyées par des blindés ont brièvement pris le contrôle du champ pétrolifère de Heglig et que le Soudan a lancé des raids aériens en riposte.

Les délégations des deux pays font traîner en longueur les discussions. Le Sud-Soudan a hérité des trois quarts des ressources pétrolières du Soudan d’avant la partition, mais est resté dépendant des infrastructures du Nord pour acheminer le brut jusqu’à la mer Rouge.

Parmi les questions soulevées figure la question des régions frontalières contestées, particulièrement celle d’Abyei, ainsi que la constitution d’une zone tampon le long des 1 800 km de frontières. Cette zone devrait également permettre de couper les routes de soutien aux forces rebelles du Sud-Kordofan et du Nil Bleu. Khartoum accuse en effet Juba de soutenir ces groupes rebelles hostiles au Soudan. Un accord provisoire avait été dégagé en août pour relancer les exportations pétrolières du Sud. Mais le Soudan avait demandé qu’au préalable soit signé un accord de sécurité, sur lequel les deux camps n’avaient pas réussi à s’entendre après deux semaines de négociations.

Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a appelé les deux dirigeants à « prendre leurs responsabilités pour résoudre les différends subsistant entre eux, afin que le sommet d’Addis-Abeba se termine par un succès marquant la fin d’une ère de conflits ».

L’Onu menace de sanctions

La menace de sanctions du Conseil de sécurité de l’Onu qui se fait de plus en pressante et la rencontre en tête à tête entre les deux présidents, la première depuis les combats frontaliers ayant opposé les armées des deux pays entre mars et mai, laissent percevoir une issue. A cet égard, le médiateur de l’UA, l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, a fait la navette entre les délégations pour discuter des questions de sécurité, de la démarcation frontalière, de pétrole et de finance.

« Il semble y avoir un véritable désir de parvenir à une solution globale, même si les questions techniques et des détails vont certainement nécessiter d’autres réunions », a indiqué un diplomate occidental proche des discussions. « Nous n’allons plus nous battre, nous connaissons le prix de ces 50 années de guerre. Il est temps de reconstruire nos vies, de reconstruire notre pays », a déclaré le porte-parole sud-soudanais.

Cependant, les délégations sont méfiantes car plusieurs accords ont été signés dans le passé par les deux parties, notamment sur la zone démilitarisée à la frontière, mais n’ont jamais été appliqués et des pactes de non-agression ont été rompus par des conflits successifs. Mais Khartoum avait soulevé des espoirs en acceptant sous des conditions un accord déjà approuvé par Juba, qui prévoit la mise en place d’une zone démilitarisée le long de la frontière.

Les négociations restent cependant fragiles. Déjà, Juba a accusé l’armée soudanaise d’avoir parachuté, vendredi et samedi, des armes destinées à un groupe rebelle dirigé par le milicien David Yau Yau, dans l’est du Sud-Soudan. « Des avions Antonovont largué des armes et des munitions aux environs de Likuangole, devant tout le monde, y compris la Minus », a déclaré Philip Aguer, porte-parole de l’armée sud-soudanaise, en référence à la mission de l’Onu dans le pays. L’armée soudanaise a immédiatement démenti ces allégations. Le Soudan accuse à son tour son voisin du sud de soutenir le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM Nord), que les forces de Khartoum combattent près de la frontière. Juba affirme de son côté que le gouvernement d’Omar Al-Béchir soutient des milices rebelles sur le territoire du nouvel Etat. Une paix stable prendra du temps l

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique