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Personne n'y croit

Monday 18 mars 2013

Tout le monde sait que le discours sur la démocratie et les droits de l’homme n’est rien d’autre qu’une fleur artificielle, au détriment d’une fleur naturelle coupée des jardins de la liberté. Une fleur artificielle avec laquelle les administrations américaines consécutives décorent leurs politiques qui n’ont aucune relation avec ce discours. C’est la raison pour laquelle les personnes concernées par l’étude de la politique étrangère américaine ont écarté depuis longtemps de leurs études le volet relatif à la relation entre les intérêts et les principes. Ce volet constituait pourtant un pilier important dans les études du dossier de la politique étrangère avant qu’elles n’évoluent et s’axent davantage sur les études expérimentales et les recherches comparatives.

Il ne s’agit plus de se demander quelle est la place des principes dans la politique américaine étrangère, mais plutôt la nature des intérêts qui régissent cette politique. Les orientations de l’administration de Bush Père (janvier 2001-janvier 2005) semblaient d’abord s’intéresser à la valeur des principes dans la politique étrangère américaine. Cependant, il s’est rapidement avéré que le discours des nouveaux conservateurs autour de la démocratie et des droits de l’homme n’est que l’expression de leur vision des intérêts des Etats-Unis. Ils étaient convaincus que les terroristes qui les avaient attaqués chez eux le 11 septembre 2001 se sont amplifiés en conséquence du blocage politique dans les pays arabes et islamiques et qu’ils avaient frappé à l’extérieur lorsqu’ils étaient réprimés à l’intérieur. C’est pourquoi ils ont estimé qu’une ouverture démocratique dans ces pays pouvait créer une atmosphère moins productive du terrorisme et plus à même de l’assimiler à l’intérieur.

Cependant, les intérêts des Etats-Unis ont fait de cette orientation, qui semblait nouvelle pendant un certain temps, un simple discours politique.

En effet, la politique américaine est restée telle qu’elle était, liée aux intérêts. C’est ainsi qu’elle soutenait les régimes qui réalisaient ses intérêts malgré de nombreux discours qui critiquaient les politiques de ces mêmes régimes.

Il était impossible que le différend entre la politique effective et le discours officiel continue longtemps. C’est ainsi que le discours sur la démocratie et les droits de l’homme a repris son ampleur habituelle depuis le second mandat de l’administration de Bush Junior. Sans la présence d’organisations civiles américaines vraiment concernées par la démocratie, sans l’intérêt accordé par les médias à cette question, nous n’aurions pas entendu les belles paroles de John Kerry ou des autres piliers de l’administration d’Obama. Mais ce ne sont que des paroles auxquelles personne ne croit.

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