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Violences en Egypte : L’expression d’un malaise collectif

Chérif Albert, Mardi, 05 mars 2013

Motivées par l’affaire des Ultras à Port-Saïd ou par un sentiment de marginalisation partagé par d’autres villes longeant le Canal de Suez, elles trouvent d’autres prétextes pour éclater au Caire, dans le Delta ou ailleurs. Bilan de la semaine, 7 morts et des centaines de blessés.

Violences
Une des nombreuses manifestations devant le siège du gouvernorat de Port-Saïd. (Photo : Ola Hamdi)

Six personnes dont 3 policiers ont été tuées et 586 autres ont été blessées lors de violences dans la nuit de dimanche à lundi à Port-Saïd, une ville affectée depuis 3 semaines par une grève générale.

Lundi, des milliers de personnes ont participé lundi aux funérailles des 3 victimes civiles de la nuit, lançant des slogans hostiles aux autorités et au président Mohamad Morsi. Un bâtiment des services de sécurité a été incendié tandis que des heurts se poursuivaient dans les rues avoisinantes. Un incendie s’est également déclaré au premier étage du siège du gouvernorat.

Des informations relayées par certains médias faisaient état d’échanges de tirs, dimanche, entre des soldats de l’armée et la police. Elles ont été niées par le porte-parole de l’armée, Ahmad Ali. « La présence de l’armée à l’intérieur du siège du gouvernorat avait pour objectif de sécuriser le bâtiment et d’essayer de mettre fin aux affrontements entre les manifestants et la police », a-t-il ajouté.

Tout en rappelant son engagement à protéger le peuple et ses biens « quels que soient les sacrifices », le ministère de la Défense, qui a qualifié de « regrettables » ces affrontements, a affirmé que les « nobles » habitants de Port- Saïd avaient leur place dans le « coeur et la conscience » des forces armées.

Les affrontements avaient éclaté dimanche, après la décision du ministère de l’Intérieur de transférer hors de la ville 39 prisonniers attendant leur verdict, prévu samedi, dans le procès concernant le meurtre en février 2012 de 74 personnes, majoritairement parmi les supporters du club cairote Ahli, lors d’un match de football opposant ce dernier au club de Port- Saïd Masri.

Les manifestants s’opposaient au transfert des détenus vers la prison de Wadi Al-Natroun au gouvernorat de Béheira, du côté opposé du Delta, une mesure destinée, selon le ministère de l’Intérieur, à éviter de nouvelles violences. En janvier, la condamnation de 21 de ces prisonniers à la peine capitale pour ce massacre avait provoqué des affrontements au cours desquels 40 personnes avaient été tuées.

Au Caire, les supporters Ultras d’Al-Ahli ont assiégé la Banque Centrale et bloqué la route de l’aéroport causant un délai du vol du secrétaire d’Etat américain qui terminait sa première visite en Egypte. Ils demandaient le jugement des responsables de la police impliqués dans le massacre l’an dernier de leurs camarades dans le stade de Port-Saïd.

« Détention illégale d’armes »

Des incidents se sont également produits au Caire lundi après des heurts nocturnes entre policiers et manifestants près de la place Tahrir, où un sit-in est observé depuis novembre.

Dimanche matin, la police a fait une descente sur la place procédant à l’arrestation de quelque 70 personnes accusées de « détention illégale d’armes, de vandalisme, de rassemblement illégal et de résistance aux autorités ».

« A Tahrir, la circulation a repris sans aucune agression contre les manifestations. Quelques douzaines ou quelques centaines de personnes n’ont pas le droit de perturber la vie des citoyens », a dit le premier ministre Hicham Qandil sur Twitter, tout en insistant sur « le droit du peuple égyptien à protester ».

Mais peu après le retrait de la police, les manifestants ont barré les routes menant à Tahrir entravant de nouveau la circulation.

La région du Delta du Nil a aussi été le théâtre de violences avec une campagne pour la désobéissance civile dans la province de Daqahliya. Des heurts pendant le week-end entre policiers et manifestants à Mansoura, la capitale de cette province, ont fait un mort et des dizaines de blessés. Les bureaux du Parti de l’Alliance populaire et du Courant populaire ont été saccagés par des policiers selon son fondateur l’ex-candidat à la présidentielle, Hamdine Sabbahi. Les affrontements ont commencé samedi lors des funérailles d’un habitant écrasé la veille par un véhicule des forces de la sécurité centrale.

Des appels à la désobéissance civile circulent également à Ismaïliya en solidarité avec Mansoura. Des centaines de manifestants se sont rassemblés devant le siège du gouvernorat, alors que des lycéens et des ouvriers ont organisés des marches à travers les rues de la ville.

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