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20 années de recherches sous-marines

Samar Zarée, Mardi, 08 novembre 2016

La ville d'Alexandrie fête cette semaine la fondation du département d'archéologie sous-marine créé en 1996. Retour sur la création de ce département qui relève du ministère des Antiquités, et passage en revue de ses plus belles découvertes.

20 années de recherches sous-marines

En 1910, un ingénieur français, Jacques Jondot, responsable des travaux d’expansion du port occidental de la ville d’Alexandrie, découvre que sous les eaux qui entourent le port se trouvent des constructions semblables aux quais de la ville. Les découvertes d’antiquités sous-marines se suivent alors et la création d’un département d’archéologie sous-marine relevant du ministère des Antiquités est devenue une nécessité. « La création d’un département spécial relevant du ministère des Antiquités qui soit responsable des activités sous-marines s’est concrétisée en 1996. Les travaux de fouilles sous-marines étaient devenus trop importants dans les eaux égyptiennes », souligne Mohamad Moustapha, directeur du département d’archéologie sous-marine. Les plages des quartiers d’Abou-Qir et les ports est et ouest de la ville d’Alexandrie renferment un très grand nombre d’antiquités sous-marines qui racontent l’histoire et les secrets de l’ancienne ville et qui n’ont toujours pas été explorés intégralement.

Les merveilles de Thonis

La ville d’Héraklion, encore nommée Thonis, située dans la baie d’Abou-Qir à l’est d’Alexandrie, est l’une des plus grandes découvertes sous-marines du XXIe siècle. « En 1996, quand nous plongions avec l’expédition de l’Institut européen, dirigé par l’archéologue français Frank Goddio, notre objectif était de trouver les navires de guerre de Napoléon coulés par Nelson, dans la région en 1798. Mais pendant ces recherches, nous avons fait l’incroyable découverte de la ville submergée d’Héraklion, plongée sous les eaux depuis plus de 1 500 ans, et dont le port, les rues et les infrastructures sont encore reconnaissables ». Cette ville s’est retrouvée sous les eaux à la suite d’une série de tremblements de terre importants qui avaient fait effondrer l’ancienne ville d’Alexandrie. Après des années de fouille, la mission a réussi à mettre au jour de réels trésors. Parmi eux, on compte une statue colossale de la déesse égyptienne Isis, une autre du dieu Hapi, ainsi que des centaines de petites statues de différents dieux et des dizaines de sarcophages en excellent état.

A la recherche de l’ancien phare

Un peu plus loin, « au pied de la citadelle mamelouke de Qaïtbay et de l’île de pharos, se trouve un musée à ciel ouvert englouti sous les eaux », déclare Ahmad Chokri, plongeur travaillant pour le département des antiquités sous-marines. « Nous avons découvert ici des dizaines de colonnes, d’obélisques et quelques pièces exceptionnelles, comme un énorme colosse en granit rouge provenant d’Assouan qui, entier, devrait mesurer treize mètres ; une couronne hathorique, un sphinx portant le cartouche de Ramsès II ; un obélisque dédié à Séti Ier; un très beau sphinx appartenant au pharaon Psammétique II de la 26e dynastie, un buste d’une femme de l’époque ptolémaïque ... et d’innombrables blocs pesant de 50 à 75 tonnes qui appartiennent probablement à un édifice monumental ». Jean-Yves Empereur, directeur du Centre des études alexandrines qui travaille sur l’ancien phare d’Alexandrie, est quasiment certain que ces blocs appartiennent à l’ancien phare. Celui-ci, considéré comme le plus haut bâtiment du monde (117 m), a guidé les marins du monde entier du IIIe siècle av. J.-C. jusqu’au XIVe siècle et avait été reconnu comme l’une des sept Merveilles du monde.

Une seule plongée dans le site du port-est de la ville suffit pour découvrir une partie du quartier royal de l’ancienne ville d’Alexandrie, comme la résidence de la femme la plus fascinante de l’histoire égyptienne, Cléopâtre. C’est là qu’elle a rencontré et séduit Jules César, et c’est dans ces avenues, aujourd’hui submergées, qu’elle s’est promenée au côté de Marc Antoine. Plus de dix ports et des centaines d’éléments architecturaux gravés d’hiéroglyphes ont été trouvés par les plongeurs dans le site. « Nous avons également découvert l’île de Kor, dans la région d’Al-Maamoura en 1999. Sur cette île rocheuse qui s’étend sous l’eau tout au long de la plage, les plongeurs ont découvert, pour la première fois, les restes d’une carrière de pierre, quatre bassins utilisés comme fermes piscicoles, et encore les restes d’une citerne datant de l’époque romaine », rappelle Chokri.

Plusieurs expéditions étrangères, surtout françaises, opèrent aujourd’hui encore avec et sous la direction du département d’archéologie sous-marine comme l’Institut européen dirigé par le Français Franck Goddio, le Centre des études alexandrines dirigé par Jean Yves Emperreur, ou encore l’Expédition grecque dirigée par Harry Zalas. Cependant, depuis les années 1999, le ministère des Antiquités à décidé de conserver les pièces de grandes tailles sous l’eau et de remonter uniquement les petites pièces qui sont actuellement exposées soit au Musée national, à la Bibliothèque d’Alexandrie, au Théâtre romain ou encore entreposées dans les dépôts du ministère des Antiquités.

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