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Nouvelles rivalités sous la voûte

Chaïmaa Abdel-Hamid, Jeudi, 06 octobre 2016

Face à la domination de la coalition Fi Daem Misr (soutien à l'Egypte) au sein du parlement, des députés tentent de former une nouvelle plateforme en ce début de session. L'équilibre des forces n'en sera toutefois pas bouleversé.

Formée de 400 députés, la coalition Fi Daem Misr (soutien à l’Egypte) a été jusque-là la seule coalition sous la voûte. Une réalité en passe de changer cette nouvelle ses­sion. Ayant pour origine la liste électorale Fi Hob Misr qui a pu remporter l’ensemble des 120 sièges consacrés au scrutin de liste, cette même liste présidée par le général Sameh Seif Al-Yazal a pu rassembler autour d’elle un bon nombre de députés indépendants ainsi que quelques partis, notamment Al-Tagammoe (le rassemblement), Al-Moatamar (le congrès), l’Egypte moderne, la Réforme et la Renaissance et l’Avenir d’une nation. Cette coalition, dès sa formation, s’est déclarée pro-Sissi. Après la mort de son président Sameh Seif Al-Yazal, cette coalition vient d’élire pour cette deuxième session son nouveau président Mohamad El-Sweedy. La députée Marguerite Azer, cadre de Fi Daem Misr, affirme : « Si cette coalition a pu regrouper un grand nombre de députés, c’est qu’ils y ont trouvé une idéologie convenable qui les unit. Nous visons en tant que coalition d’assurer des législations qui serviraient à tous les citoyens toutes catégories confondues, et en même temps garantir la stabilité de l’Egypte ». Et d’ajouter : « Si nous sommes une majorité sous la coupole, cela ne veut pas dire forcé­ment que nous essayons de dominer le parle­ment comme le prétendent certains. Au contraire, nous accueillons toute nouvelle coalition, mais l’essentiel est que celle-ci ait un but constructif et non pas destructif ».

Jusque-là cette coalition a été la seule à pou­voir répondre aux conditions du règlement. Certains députés trouvaient même que l’article sur les coalitions a été « taillé sur mesure » au profit de Fi Daem Misr. L’article 96 du nou­veau règlement parlementaire exige, pour la formation d’une coalition parlementaire, un minimum de 25 % du nombre total de députés (soit 150) issus d’au moins 15 gouvernorats différents. Le règlement interdit également à un député de faire partie de plusieurs coalitions à la fois. Mais le député peut à tout moment se retirer d’une coalition.

Pour le rappeler, l’avantage de la formation d’une coalition réside dans le fait qu’elle dis­pose de représentants au sein du comité général du parlement. Ses députés bénéficient aussi d’un temps de parole plus long et se réunissent une fois par mois avec le président du parle­ment pour discuter de la pertinence des projets de loi préparés par les différentes commissions parlementaires.

Plusieurs tentatives

Face à Fi Daem Misr, il y a désormais le Bloc 25-30. Bien qu’il n’ait pas un statut officiel de coalition, car il ne répond pas aux conditions exigées par le règlement, le Bloc 25-30 a pu durant la première session faire entendre sa voix d’opposition sous la coupole. Ce bloc, formé pour le moment de 25 députés en grande partie des indépendants, regroupe des membres qui partagent les mêmes visions et idéologies visant à répondre aux revendications des deux révolutions (25 janvier et 30 juin), à savoir : Pain, liberté, justice sociale, dignité humaine, ainsi que protection de l’Etat civil en Egypte.

En effet, si la tendance générale de la pre­mière session a été l’approbation des proposi­tions du gouvernement, les membres du bloc, eux, ont attiré l’attention en enregistrant leurs refus à plusieurs reprises notamment à la loi de la fonction publique, au programme du gouver­nement et au budget de l’Etat. Ils s’étaient même retirés de la séance qui discutait la loi de la taxe sur la valeur ajoutée. Khaled Chaaban, député et membre de ce bloc, explique : « Notre bloc a des principes fixes basés en premier lieu sur la confiance que nous ont donnée nos élec­teurs. Même si nous n’avons pas suffisamment de voix pour influencer une décision soutenue, notamment par une grande coalition comme Fi Daem Misr, il n’est pas question pour nous de voter pour une loi qui ne réalise pas la justice sociale ou qui va contre l’intérêt du citoyen ». Selon certains analystes, même si ce bloc a peu de chance de créer sa propre coalition, il aura beaucoup plus d’espace durant la deuxième session de faire entendre sa voix vu que des lois touchant plus profondément le citoyen y seront discutées.

Une autre coalition pourrait aussi faire son apparition sous la coupole durant cette deu­xième session. Les députés du parti Al- Masréyine Al-Ahrar (les Egyptiens libres), qui possèdent à eux seuls 65 sièges au sein du parlement, planifient eux aussi de créer leur propre coalition incluant des indépendants. C’est ce qu’affirme Atef Makhalif, membre de ce parti, qui a dévoilé que des discussions sont actuellement en cours. « La question est tou­jours en étude, nous négocions avec certains députés indépendants pour pouvoir former notre propre plateforme qui aura pour but de défendre les droits des citoyens, de réaliser la justice sociale et de lutter contre la corruption dans les divers secteurs de l’Etat » précise Makhalif. Ce dernier reconnaît toutefois que « ce ne sera pas facile, notamment à cause de la présence de la coalition Fi Daem Misr, qui regroupe à elle seule autour de 400 députés, ainsi qu’en raison des conditions du règlement parlementaire qui exige un minimum de 150 membres, pour la formation d’une coalition ». C’est dire que c’est une mission presque impossible.

Pour le spécialiste des affaires parlementaires Yousry El-Azabawi, « la diversité des forces sous la coupole est sûrement un phénomène positif pour la scène politique que nous avons toujours espéré ». « Mais pour rester réaliste, il faut savoir que Fi Daem Misr restera la coa­lition majoritaire. Même si le parti des Egyptiens libres réussit à former sa propre plateforme, son idéologie ne diffère pas de celle de Fi Daem Misr. Tout compte fait, nous ne sentirons presque aucune différence ».

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