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Kenya : Campagne sur la Toile

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 25 février 2013

Le pays s’apprête à élire son prochain chef d’Etat le 4 mars prochain. Les candidats rivalisent sur les réseaux sociaux pour 8attirer le plus grand nombre de sympathisants.

Réseaux sociaux, sites, débats en direct via Youtube, ce sont les moyens choisis par les candidats qui se présentent aux élections générales du 4 mars prochain, où 14,3 millions de Kényans se rendent aux urnes pour élire leur futur président et autres représentants majeurs. Ainsi, tous les candidats se sont pliés à l’exercice et les meilleurs dans ce domaine affichent des scores impressionnants pour une élection africaine. Sur Twitter, le premier ministre, Raila Odinga, l’ancienne ministre de la Justice, Martha Karua, avocate et militante des droits de l’homme, et le vice-premier ministre, Uhuru Kenyatta, comptent respectivement 111 060, 122 198 et 101 348 abonnés.

Sur Facebook, ils atteignent même des sommets. Hormis Raila Odinga (60 285), leur nombre de fans sur le réseau social atteint 237 396 personnes pour Martha Karua, la palme du candidat le plus « aimé » revenant à Uhuru Kenyatta et ses 383 179 fans. Objectif : atteindre les électeurs en les informant de leur actualité, mais également séduire la diaspora dont les dons financiers alimentent les budgets de campagne. Toute la journée, les candidats postent et tweetent pour annoncer un meeting, ou pour relancer une collecte de fonds.

Martha Karua a ainsi investi la Toile afin d’attirer les dons avec un site Internet et une initiative baptisée Simama Na Mama (donnez pour ma campagne) et son hashtag #SinamaNaMama sur Twitter. L’enjeu est de taille tant le Kenya se pose comme l’une des têtes de pont d’Internet et des réseaux sociaux en Afrique. Alors que le pays espère créer 50 000 emplois d’ici 2017 dans le secteur des technologies de l’information et de la communication ; la Commission kényane de la communication estime que 12 millions de personnes auraient aujourd’hui accès à Internet. Pour une population d’un peu plus de 40 millions d’habitants et, surtout, pour un corps électoral de 14,3 millions de citoyens officiellement inscrits sur les listes.

Si on estime à 2 millions le nombre d’utilisateurs kényans sur Facebook, il est plus difficile de quantifier leur présence sur Twitter. Néanmoins, on ne compte plus les hashtags liés à la prochaine élection présidentielle. Point d’orgue de cet engouement pour les réseaux sociaux, le débat qui a opposé les huit candidats. Un véritable succès. Les thèmes abordés avaient ainsi été choisis en consultation avec les internautes qui ont proposé près de 5 000 questions. Les poids lourds d’Internet n’ont d’ailleurs pas manqué de surfer sur la vague. Youtube a, en effet, créé une chaîne spéciale consacrée à l’élection. Débats en direct, dont la seconde édition s’est tenue le 23 février, fil Twitter relié aux hashtags les plus utilisés, dernières informations en provenance des candidats ... la plateforme vidéo a mis le paquet en s’appuyant sur ses expériences dans d’autres pays. Depuis avril 2011, le géant américain d’Internet a en effet expérimenté la couverture de plusieurs élections africaines.

« Nous avons travaillé sur le Nigeria, le Sénégal, le Cameroun et le Ghana », explique ainsi Markham Nolan, éditeur chez Storyful, partenaire de Google, sur son blog, « et nous avions vu chacun de ses pays utiliser les vidéos amateurs comme un moyen de contrôler le processus démocratique ». Un point de vue que partage Ory Okolloh, chargé des relations politiques chez Google pour l’Afrique subsaharienne. « Nous encourageons les électeurs à voir qu’ils ne sont pas simplement des observateurs mais qu’ils doivent participer et s’engager dans le processus politique de façon démocratique, à travers des outils comme Youtube, Google Maps et Google Plus », confie-t-il

Des millions de regards sont braqués sur le Kenya afin d’éviter que la situation, une nouvelle fois, ne dégénère au lendemain du scrutin. Il s’agit des premières élections à être organisées depuis les violences post-électorales de 2007/2008, lors desquelles, en l’espace de 7 semaines et en raison de la contestation des résultats, 1 133 personnes ont été victimes d’exécutions, 900 de violences sexuelles et 350 000 de déplacements forcés. De nombreuses personnes ont également été victimes de destruction de biens. Ces élections sont par ailleurs importantes parce qu’il s’agit aussi des premières organisées depuis l’adoption, en 2010, d’une nouvelle Constitution prohibant toutes élections injustes, non sécurisées, non transparentes ou mal organisées. Des législations offrant une opportunité historique d’ouvrir la voie vers une paix durable et une stabilité dans ce pays .

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