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Droits de l'Homme : L’Occident à l’écoute

Ola Hamdi, Lundi, 18 février 2013

Plusieurs ONG ont tenu une réunion avec des représentants de l’Union européenne et du Département d’Etat américain pour discuter de cette question sous le régime du président Morsi.

L occident
Des affrontements devant le palais présidentiel entre les partisans et les adversaires du chef de l'Etat.(photos: AP)


La situation actuelle des droits de l’homme en Egypte a été au centre d’intérêts cette semaine durant 2 réunions qu’ont tenues séparément 13 ONG de défense des droits de l’homme avec Stavro Lambrinidis, représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme, et Michael Posner, secrétaire d’Etat adjoint américain pour la démocratie et les droits de l’homme. Parmi les ONG participant aux 2 réunions figurent le Centre du Caire pour les études des droits de l’homme, l’Organisation égyptienne pour les droits de l’homme, le Centre Al-Andalus pour les études de la tolérance et la lutte contre la violence, l’Initiative égyptienne pour les droits personnels, le Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux, le groupe Egyptiens contre la discrimination religieuse et l’Organisation arabe pour la réforme pénale. Les politiques de l’Union européenne à l’égard des droits de l’homme, l’avenir des libertés publiques en Egypte, surtout celles d’expression, des médias et de culte en Egypte ont été les principaux sujets abordés avec le représentant de l’Union européenne. « La liberté religieuse était à la tête des questions examinées avec le responsable européen qui a discuté des violations contre les minorités religieuses, de la tension sectaire et du droit de construire des lieux de culte », dit Hafez Abou-Seada, directeur de l’Organisation égyptienne pour les droits de l’homme. Il ajoute que les organisations participantes ont par ailleurs abordé, durant leur rencontre avec le responsable américain Michael Posner, les récentes violences commises contre les militants politiques, la politique des Etats-Unis vis-à-vis de la violence et de la torture systématiques pratiquées par la police égyptienne contre les manifestants pacifiques et les forces de l’opposition, ainsi que la violence sexuelle dirigée contre des manifestantes.

« Nous avons aussi examiné les dossiers d’arrestation, de détention provisoire ainsi que le siège de la Cité des médias et de la Cour constitutionnelle par des partisans salafistes du président Morsi », cite Abou-Seada, qui trouve d’une importance majeure ce genre de réunions dans le cadre de la coopération avec d’autres pays pour le renforcement du rôle de la société civile. « Le projet de loi sur le droit de manifester a occupé une grande partie de la discussion, puisqu’il s’agit d’un projet qui multipliera sans doute la violence contre les manifestants sous prétexte de vouloir assurer la nature pacifique des manifestations. En plus, on est revenu sur les promesses faites par le président Mohamad Morsi à l’Union européenne en ce qui concerne la liberté d’expression et l’autorisation des associations civiles que le gouvernement essaye de limiter par une loi qui sera certainement adoptée par le Conseil consultatif », affirme Abou-Seada.

Atmosphère d’impunité totale

Pour Baheyeddine Hassan, directeur du Centre du Caire pour les études des droits de l’homme, les violations commises contre les manifestants et les figures de l’opposition durant les 7 mois du régime du président Morsi ont dépassé de loin celles commises sous le régime du président déchu, Hosni Moubarak. « J’ai présenté pendant la réunion le dossier des violations commises par le régime actuel et ses partisans, notamment les incidents devant le palais présidentiel d’Ittihadiya, les actes de torture et les violations commises contre les figures de l’opposition. J’ai souligné également cette atmosphère d’impunité totale dont bénéficient les agresseurs », indique Hassan. Pour lui, ces derniers incidents ont réussi à changer les points de vue de l’Occident envers la situation en Egypte. « Les Etats-Unis et l’Occident en général ne cherchent qu’à protéger leurs intérêts dans la région. Ce qu’ils attendent du régime se résume à la préservation des relations avec Israël, au respect des accords de Camp David, à la sécurisation de la navigation via le Canal de Suez et au refoulement de l’Iran. Des intérêts que le président Morsi a pu respecter à leurs yeux. C’est pour cette raison que le discours occidental se range de son côté. Mais les récentes violations contre les manifestants doivent amener l’Occident à changer sa position. Déjà, on constate un début de changement du discours occidental à l’égard du régime », explique Hassan. L’activiste ajoute que Michael Posner a parlé pour la première fois, durant sa visite au Caire, d’une « polarisation » de la société égyptienne.

« Posner a également critiqué la violence flagrante et a demandé une enquête sérieuse pour en punir les auteurs », dit-il. D’ailleurs, 3 organisations internationales des droits de l’homme ont demandé au gouvernement de retirer ces deux projets de loi sur les manifestations et les organisations non gouvernementales et d’adopter le projet de loi proposé par 56 ONG pour se conformer aux obligations d’Egypte sur le plan international. Il s’agit du réseau européo-méditerranéen des droits de l’homme, de la Fédération internationale des droits de l’homme et de l’Organisation mondiale contre la torture. Les organisations en question ont engagé le gouvernement à établir un véritable dialogue avec les organisations des droits humains et toutes les forces politiques en Egypte, en conformité avec le respect des droits de l’homme et de la démocratie.

Elles ont demandé d'arrêter les attaques menées contre les manifestants, de leur rendre leurs droits et d’élaborer un cadre légal qui facilite le processus de démocratisation de l’Egypte. Par ailleurs, elles ont exprimé dans un communiqué de presse leur préoccupation vis-à-vis des autorités égyptiennes qui, selon elles, utilisent « des lois répressives pour faire taire les dissidents et restreindre les libertés publiques en Egypte ». Baheyeddine Hassan assure que la situation est devenue plus dangereuse que jamais à cause du manque de confiance dans les organes judiciaires. « La justice a reçu le coup le plus dur dans son histoire sous le régime de Morsi, qui a transgressé ses verdicts et est intervenu dans son travail, tel que dans, pour ne citer que cellelà, l’affaire du procureur général qu’il a désigné lui-même sans aucun respect de la loi. Tout ceci concourt à produire de mauvais effets sur la situation des droits de l’homme, laquelle deviendra encore plus grave si le statu quo est maintenu .», conclut-il.

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