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Corée du Nord: La péninsule sous haute tension

Maha Al-Cherbini avec agences, Mardi, 12 février 2013

Dans l’attente d’un troisième essai nucléaire, la communauté internationale se mobilise et tente d’éviter l’escalade tantôt par la menace tantôt par la diplomatie.

La Corée du Nord continue d’inquiéter la communauté internationale de par ses activités nucléaires. En représailles aux sanctions élargies votées fin janvier par le Conseil de sécurité de l’Onu après le tir d’une fusée nord-coréenne en décembre dernier, les dirigeants nord-coréens ont relevé le défi cette semaine, affirmant qu’ils vont procéder prochainement à un troisième essai nucléaire (après celui de 2006 et 2009). Un tir qui serait considéré par Washington et ses alliés comme un nouveau viol des sanctions internationales. Selon le ministère sud-coréen de la Défense, Pyongyang a achevé les préparatifs techniques de son tir. « La seule chose qui reste à faire, c’est la décision politique », a indiqué le porteparole du ministère, Kim Min-Seok, appelant le Nord à la retenue. « Nous sommes prêts pour une guerre contre les Etats-Unis. Dès que Kim Jong-Un en donnera l’ordre, nous éradiquerons la tanière du mal », ont défié les officiers de l’Armée populaire de Corée du Nord. Pour faire échec à la surveillance satellite de puissances étrangères qui tentent de deviner le calendrier du prochain essai, Pyongyang a recouvert cette semaine l’entrée d’un tunnel souterrain dans le nord-est du pays. Pourtant, la communauté internationale a tenté de détecter cette explosion avec tous les moyens scientifiques. Selon les experts, cet essai pourrait avoir lieu le 16 février, anniversaire de la naissance du défunt Kim Jong-Il, père du dirigeant actuel, ou au plus tard le 25 février, le jour de l’investiture de la présidente élue sudcoréenne, Park Geun-hye. Dimanche, un magazine nord-coréen a tenté de semer le doute, accusant Washington d’avoir tiré des conclusions trop rapides quant à l’imminence du troisième essai. De quoi ajouter à la confusion de la communauté internationale.

Fureur internationale

Face à cette menace qui risque de transformer la péninsule en une poudrière, la communauté internationale a semé à tout vent pour éviter l’escalade. Commençant par la diplomatie, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a affirmé : « Un nouvel essai nucléaire nordcoréen nuirait à la réconciliation entre Pyongyang et Séoul », alors qu’à Washington, le nouveau secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a, pour sa part, averti qu’un essai nucléaire nord-coréen ferait croître le risque de « conflit » dans la péninsule. Suivant toujours la voie diplomatique, des responsables sudcoréens ont affirmé samedi que la présidente sud-coréenne élue en décembre, Park Geunhye, était « très attachée » à l’amélioration des relations avec la Corée du Nord. « Mais, s’ils mènent un essai nucléaire, c’est peutêtre un moyen de lier les mains de la nouvelle présidente », a indiqué le ministère sud-coréen de la Défense. Tentant de faire plus de pression sur Pyongyang, le conseiller spécial sud-coréen pour le nucléaire s’est rendu à Pékin il y a quelques jours afin de convaincre la Chine, seul allié nord-coréen d’importance, de stopper les activités nucléaires nord-coréennes. Juste après cette visite, la presse officielle chinoise a évoqué cette semaine une possible « rupture » des relations entre Pékin et son allié nord-coréen, un propos en forme de dernier avertissement. « Si la Corée du Nord s’obstine à procéder à un troisième essai nucléaire, elle devra en payer le prix fort. L’aide qu’elle reçoit de la Chine devra être réduite », souligne le quotidien Global Times, journal du groupe du Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois. Passant à la menace, Séoul et Washington ont entrepris des manoeuvres navales conjointes pour mettre en garde Pyongyang. Ces manoeuvres militaires qui ont pris fin vendredi dernier en mer du Japon, au sud-est de la Corée du Sud, ont compris des opérations d’entraînement en mer et des entraînements à tirs réels antimissile, antiaérien et antinavire. Il s’agit d’une sévère mise en garde à l’encontre de Pyongyang. A l’issue de leurs manoeuvres, Washington et Séoul sont passés à la menace, affirmant qu’ils peuvent porter un coup préventif contre la Corée du Nord. « Si la Corée du Nord ne renonce pas à ses intentions, les Etats-Unis renforceront les moyens économiques de pression sur la Corée », a menacé la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland. « Pyongyang doit s’attendre à une réponse forte de l’Onu s’il procède à un nouveau tir », a menacé Séoul qui, depuis le 1er janvier, assume le rôle d’observateur non permanent au Conseil de sécurité des Nations-Unies pour une durée de deux ans. Séoul assure également la présidence tournante de ce conseil pour le mois de février. Selon Séoul, Pyongyang pourrait effectuer plusieurs essais nucléaires simultanés de façon à en optimiser les bénéfices avant une aggravation des sanctions. En lançant de tels défis nucléaires, Pyongyang joue avec le feu car son économie ruinée ne lui permet pas de telles manoeuvres avec la communauté internationale. Déjà, des milliers de Nord-Coréens ont succombé à la famine entre janvier et mai 2012, alors que l’Etat communiste dépense des sommes folles pour faire des tests nucléaires. N’oublions pas que la Corée du Nord fait déjà l’objet de sanctions internationales depuis ses essais nucléaires de 2006 et 2009, et ses dirigeants ont toujours accordé dans le domaine du ravitaillement la priorité à l’armée au détriment d’une population démunie.

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