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UA : Un sommet comme les autres

Maha Salem avec agences, Jeudi, 21 juillet 2016

Le sommet des chefs d'Etat de l'Union Africaine (UA) a été largement consacré au Soudan du Sud, où plane l'ombre d'un nouveau conflit à grande échelle. D'autres questions délicates ont aussi été discutées.

Comme prévu, le 27e sommet des chefs d’Etat de l’Union Africaine (UA) s’est tenu dimanche et lundi derniers à Kigali, la capitale du Rwanda. Actualité oblige, le conflit au Soudan du Sud a occupé la part de lion dans les discussions. Ainsi, la première revendication lancée au Conseil de sécurité de l’Onu par les pays membres de l’UA était le déploiement d’une force régionale de protection au Soudan du Sud et l’ouverture d’une enquête sur la flambée de violence qui a frappé ce pays du 8 au 11 juillet dernier.

Cette force aurait pour but de séparer les parties en conflit, protéger les populations civiles et pacifier Juba, la capitale sud-soudanaise, dans le cadre d’un renforcement de la Mission des Nations-Unies au Soudan du Sud (Minuss).

En effet, des combats meurtriers ont récemment opposé les forces du président Salva Kiir et les ex-rebelles du vice-président, Riek Machar, dans la capitale sud-soudanaise. « Même si aujourd’hui le calme est revenu à Juba, la situation n’en demeure pas moins précaire. Je tiens du haut de cette tribune à rappeler au président Salva Kiir et à son vice-président Rieck Machar leur responsabilité dans cette tragédie que traverse leur jeune nation », a lancé Idriss Déby, président du Tchad, également président en exercice de l’UA.

Autre crise mise à la table des discussions, celle qui frappe le Burundi. Les chefs d’Etat africains avaient renoncé lors de leur dernier sommet en janvier 2015 à envoyer une force d’interposition de 5 000 hommes. Juste la moitié de cette force s’est rendue au Burundi, ce qui n’a pas empêché la crise de se renforcer. Or, cette fois-ci non plus, les dirigeants africains n’ont rien pu faire pour désamorcer la crise : les discussions sur le Burundi se sont déroulées en l’absence de représentants de ce pays, dont la délégation a quitté, sans explications, les réunions préparatoires du sommet qui se tenaient depuis plusieurs jours à Kigali. En effet, le gouvernement du président Pierre Nkurunziza refuse toujours de négocier avec l’opposition dans le cadre du dialogue interburundais. L’UA doit donc à présent trouver le moyen de peser sur la relance des pourparlers de sortie de crise interburundais. Une tâche difficile.

D’autres points chauds du continent ont été discutés à Kigali, comme les exactions des islamistes nigérians de Boko Haram et leurs terribles conséquences humanitaires, les récentes violences en Centrafrique ou dans l’est de la République démocratique du Congo.

Tensions

Loin des conflits, les dirigeants africains avaient sur la table d’autres questions délicates : ils sont divisés sur la succession de la présidente de la commission de l’UA, qui termine cette année un mandat de quatre ans et ne souhaite pas se représenter. L’incertitude pèse sur l’élection elle-même : plusieurs Etats membres jugent que les trois candidats à sa succession proposés par le Botswana, l’Ouganda et la Guinée équatoriale manquent d’envergure et demandent un report du scrutin. Il est fort probable que l’élection soit reportée au prochain sommet de janvier 2017, à Addis-Abeba, siège de l’UA. « Nous serons à l’aise quel que soit le schéma qui sera arrêté », a déclaré à l’AFP le président sénégalais, Macky Sall. Son pays fait partie de la Cédéao (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest), qui a écrit à la commission pour demander un report des élections. Les noms du Sénégalais Abdoulaye Bathily, représentant spécial de l’Onu pour l’Afrique centrale, et celui de l’ancien président tanzanien, Jakaya Kikwete, circulent comme de possibles alternatives. Cette situation révèle les tensions au sein de l’UA et le manque d’enthousiasme des Etats membres pour une organisation dont les décisions sont rarement appliquées.

En revanche, malgré les conflits et les divergences, l’Union africaine a lancé un « passeport africain » symbolique, prélude à la liberté de circulation pour tous les Africains sur l’ensemble du continent d’ici 2020. Autre événement important, c’est le retour du Maroc à l’UA. Avant le sommet, le roi Mohammed VI avait annoncé que le moment était arrivé pour que le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de l’Union africaine, qu’il avait quittée en 1984 pour protester contre l’admission de la République arabe sahraouie démocratique, proclamée par le Front Polisario. Il est le seul pays du continent à ne pas appartenir à l’UA. « Cela fait longtemps que nos amis nous demandent de revenir parmi eux, pour que le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle. Ce moment est donc arrivé », a déclaré le roi. Ces déclarations ont été bien accueillies par les dirigeants de l’Union africaine, et le Maroc était le bienvenu. Le retour du Maroc au sein de l’organisation panafricaine devait être validé par un vote au sein de la commission de l’UA.

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