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Le bac déchaîne les passions

May Al-Maghrabi, Mardi, 28 juin 2016

Plusieurs épreuves du baccalauréat ont été annulées dimanche dernier suite à de nouvelles fuites de sujets. Ce qui a provoqué la colère des étudiants et des parents.

Le bac déchaîne les passions

Plusieurs épreuves de baccalauréat ont été annulées ce dimanche et reportées à des dates ultérieures. C’est ce qui a été annoncé par le ministère de l’Education après une nouvelle fuite de sujets sur Internet. Il s’agit de l’épreuve de mathématiques appliquées, l’examen a lieu ce dimanche mais a été annulé. Il se tiendra à nouveau le 2 juillet. Quant aux épreuves de géologie, d’histoire et de mathématiques, elles ont été reportées au 4 juillet, a expliqué le ministère dans un communiqué. Elles devaient initialement avoir lieu ce mardi 27 juin. Le 29 juin, les étudiants du bac vont aussi refaire l’examen de la matière de religion, annulée depuis début juin.

560 000 élèves passent le baccalauréat cette année. Aussi bien les élèves que leurs parents vivent dans la crainte et l’inquiétude depuis l’annulation de l’examen de religion au premier jour des examens. « Les élèves sont soumis à une terrible tension. Ces annulations successives les découragent et les affectent psychologiquement ». C’est ce que disent la majorité des parents eux aussi déçus et confus. Selon eux, prolonger les examens du bac décourage les étudiants. Ils estiment aussi que « l’annulation des examens n’est pas la solution parce qu’il ne faut pas faire payer à des milliers d’étudiants et à leurs familles, après des mois d’études ardues et des milliers de livres dépensées pour les cours particuliers, le prix des fautes commises par une minorité ». Mais après la décision de dimanche dernier, la colère a pris de nouvelles dimensions. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi devant le ministère de l’Education nationale pour protester contre le report des examens, appelant à la démission du ministre.

Une forme de contestation

La session du baccalauréat de cette année a été marquée, non seulement, par la fraude via la 3G, mais par un nouveau phénomène qui s’est invité, celui de la fuite des sujets d’examens sur les réseaux sociaux et qui a fait scandale. Plusieurs étudiants et responsables du ministère de l’Education nationale ont été arrêtés et font l’objet d’enquête pour leur possible implication. Cette fois-ci, le Parquet général a indiqué que l’affaire sera confiée aux représentants de la sécurité de l’Etat, estimant qu’elle affecte « les plus hauts intérêts » du pays. Le ministre de l’Education, Al-Hélali Al-Cherbini, avait promis des sanctions sévères pouvant aller jusqu’à « une amende de 50 000 L.E. et une peine de prison allant d’un à trois ans ». Des mesures qui n’ont pas dissuadé les pages Facebook de publier les examens et leurs réponses. Les responsables de ces pages disent avoir fait cela en contestation au système « stérile » du baccalauréat, appelant à une réforme du système scolaire, la mise à niveau des programmes et le changement du système d’admission aux universités, uniquement basée sur le pourcentage obtenu au bac.

Un phénomène qui n’est pas propre à l’Egypte mais existe aussi en Algérie, en Tunisie, au Maroc et en France. Combattre la tricherie via les réseaux sociaux devient une tâche de plus en plus compliquée en ces temps marqués par l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, qui ont bouleversé les donnes des gouvernements à travers le monde.

De facto, le baccalauréat est devenu un enjeu existentiel pour les élèves et leurs parents, dont certains cherchent à tout prix à décrocher ce « sésame » menant à l’université, même avec le recours à des moyens illégaux. Des experts trouvent que la fuite des examens n’est qu’un miroir qui reflète la défaillance de tout un système d’enseignement. La solution réside, pour eux, en la réforme de ce système en général et celui du baccalauréat en particulier. Ce certificat pourra être l'un des critères d’admission aux universités et non pas le seul. Les concours et les examens des aptitudes sont également nécessaires pour que chacun des étudiants puisse rejoindre la faculté adéquate à ses capacités. Mais tant que c’est le résultat du baccalauréat qui décidera du sort de l’élève aux bureaux d’inscriptions universitaires, ce phénomène ne s’arrêtera pas et se développera sous de nouvelles formes.

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